Ah, quelle farce. Chaque jour qui passe, les réseaux sociaux nous offrent le spectacle pathétique d’une guerre de tranchées entre groupies du RN et ultras de Reconquête, incapables de penser autrement que par les voix ou agissements de leurs chefs/élus respectifs. On s’insulte, on s’excommunie, on brandit des captures d’écran comme autant de trophées de chasse numérique. Pendant ce temps-là, la Bretagne, la France, l’Europe continuent de se déliter, l’immigration de prospérer, et l’État de se soumettre à toutes les idéologies mondialisées. Mais les “patriotes”, eux, préfèrent se déchirer dans un concours de pureté stérile.
Des bulles qui tournent en rond
Les partisans de Zemmour accusent les électeurs du RN de trahison, de compromission, de mollesse. Ceux de Marine et Bardella répliquent en expliquant que Reconquête les “plombe électoralement”. Les uns se prennent pour des stratèges, les autres pour des résistants. En réalité, ils ne sont que les otages d’une société de bulles : bulles médiatiques, bulles virtuelles, bulles narcissiques. Chacun vit enfermé dans son aquarium numérique, persuadé de représenter le “vrai peuple” alors qu’il ne fait que s’adresser à son reflet.
C’est la victoire du marketing sur les idées. Les uns se rassurent en jouant aux gaullistes de province, terroir et saucisson, les autres se grisent d’une radicalité de plateau télé. Mais au fond, ces guerres de boutique ne servent qu’à gonfler les egos de leurs chefs respectifs, qui se nourrissent de cette rivalité pour exister.
Les angles morts des uns et des autres
Les pro-RN hurlent que Reconquête leur “vole des points”. Jamais ils ne se demandent pourquoi tant d’électeurs sont lassés par les ambiguïtés sociétales d’un parti qui flirte parfois avec la gauche progressiste sur des sujets décisifs. À force de se travestir en parti de gouvernement respectable, à force de n’être qu’un RPR des années 90 et de refuser d’appeler à descendre dans la rue, le RN finit par singer ses adversaires.
À l’inverse, les pro-Zemmour ne comprennent pas que nombre de Français, fatigués, précarisés, veulent avant tout être rassurés. Peu leur importe la hauteur des discours ou la radicalité des propositions : ils se tournent vers Marine Le Pen et Bardella parce qu’ils apparaissent comme plus “proches du peuple”. Illusion ? Sans doute. Mais les illusions font partie du réel, et les ignorer, c’est se condamner à ne jamais gagner.
Le panier de crabes
Ces querelles intestines ne sont pas seulement ridicules, elles sont révélatrices : la politique est un tas de lisier où chacun patauge avec un rictus de haine. On se déteste, on se jalouse, on se fantasme en gladiateur d’Internet, alors qu’au fond, on partage les mêmes constats sociaux, les mêmes angoisses démographiques, la même colère contre la dépossession de notre pays.
Et comble du cynisme : ceux qui s’invectivent comme des chiens enragés sur les réseaux ignorent que dans la réalité, nombre de cadres du RN et de Reconquête sont copains comme cochons. On se vouvoie à l’antenne et on s’engueule pour le spectacle, puis on se tape dans le dos hors caméra. La guerre des supporters n’est qu’un théâtre d’ombres pour amuser la galerie.
Voilà le fond du problème : les vrais perdants, ce sont les militants, les sympathisants, les fans. Comme des hooligans sans stade, ils gueulent, ils insultent, ils s’écharpent… mais ils ne construisent rien. Ils vivent par procuration, attendant que leur chef providentiel conquière le pouvoir à leur place. Ils se passionnent pour des joutes virtuelles, plutôt que d’agir concrètement, de s’organiser localement, de prendre leur destin en main.
Ils ne voient pas que ce qui les divise n’est rien face à ce qui devrait les unir : la défense d’un peuple, d’une civilisation, d’une identité. Mais la politique moderne est devenue un spectacle, et comme tout spectacle, elle a besoin de son lot de supporters décérébrés pour exister.
Réveillez-vous
Alors oui, il est temps de secouer le cocotier. Droite nationale, droite identitaire, droite radicale : arrêtez de jouer aux hooligans du néant. Cessez d’être les groupies hystériques de leaders qui ne voient en vous qu’une masse de clics et de voix interchangeables.
Le véritable combat n’est pas sur Twitter ni sur TikTok. Il est dans la rue, dans les associations, dans les familles, dans les villages et les quartiers où se joue l’avenir. Le choix est simple : continuer à se haïr au nom de querelles d’appareil, ou bâtir une force populaire réelle, qui dépasse les boutiques partisanes et les petites vanités.
Parce que sinon vous finirez tous par ressembler à ce que vous prétendez combattre : des spectateurs passifs, consommateurs d’illusions, prisonniers de la société du spectacle. Et dans ce cas-là, vous ne mériterez même plus de parler de “patrie”..Qui aura disparu depuis bien longtemps…
Julien Dir
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
15 réponses à “Partisans du RN contre Fans de Reconquête : les hooligans du néant [L’agora]”
Très juste.
Merci Julien Dir pour votre analyse à laquelle j’adhère totalement.
Donc la question est : « comment nous les citoyens adhérents ou simplement sympathisants devons nous faire pour qu’ils (
RN, Reconquête, UPR, Patriotes, MCP etc.. ) pour faire en sorte qu’ils se regroupent sous un étendart commun ?
Mon idée serait qu’ils se regroupent sous la forme d’une confédération dont le seul objectif serait de gagner l’élection présidentielle à venir ( 2027 au plus tard). Parallèlement ils se mettraient d’accord sur la répartition des circonscriptions en sorte que chacun soit représenté en fonction de leur nombre d’adhérents. Pour ce qui concerne le candidat unique à la présidentielle le tirage au sort éviterait les palabres.
Votre avis. Merci
Demat an holl ; désolé mais je trouve ce cirque et ce sectarisme pathétiques et voués hélas à l’échec d’avance en voulant l’union des droites molles ; ce qui compte aujourd’hui avant tout c’est de sortir de cette Union Européenne délétère en se regroupant entre vrais patriotes souverainistes qu’ils soient de droite ou de gauche et non pas avec ce RN ou Reconquête qui vont encore nous trahir en ne voulant pas le Frexit. Après le frexit, oui pour le retour du clivage droite gauche. Mais il faudra remettre la France à l’endroit financièrement( allez voir la dernière vidéo d’hier de Marc TOUATI où tout est dit pendant trente minutes). Kenavo
Tout ce beau monde est hélas complice sur la seule attitude mortelle : rester dans l’UE en faisant semblant de croire qu’on pourra la changer de l’intérieur. Après cela la guerre des égo est effectivement dérisoire.
Hélas , encore l’impossible entente entre les deux membres d’une même famille au profit d’un troisième larron.
Tellement juste mais est-ce que les politiques lisent votre analyse ? ???
Si vrai. Le système des partis est une salop….
De Gaulle en était convaincu.
Nous n’avons qu’un parti: la France!
Je ne pense pas qu’il soit juste de parler de « victoire du marketing sur les idées ». C’est l’inverse : le marketing cherche la voie la plus rentable, fût-elle infidèle au concept d’origine. On pourrait peut-être dire que le RN sacrifie au marketing en privilégiant le social (dont il n’avait que faire autrefois), alors que Reconquête demeure centré sur l’identité.
Cela dit, vous avez raison, un coup de gueule de ce genre doit être utile de temps en temps.
Qu’ils vous entendent ! Très bon article à transmettre !!
La création et l’existence de Reconquête sont la conclusion d’un objectif: pomper les voix du RN. Zemmour est à Marine ce que Gluksmann va être à Mélenchon. Le projet, affaiblir les « extrêmes » pour favoriser Edouard Philippe. Au second tour Gluksmann rejoindra Edouard Philippe et Zemmour aura vendu un nouveau bouquin.
Tous pareils à droite, pas d’accord sur une politique commune, on se tire dans les pattes, tout le monde veut être l’élu. Pour 2027 on s’achemine sur un deuxième tour RN/Macronistes, et là, même pas en rêve, Marine est grillée, Bardella trop jeune et inexpérimenté, de toute façon avec tous les revirements du parti le RN se fond dans la masse, il n’arrivera jamais au pouvoir malgré quelques personnes de talent, Reconquête pas mieux, Asselineau n’en parlons pas, Philippot prêche avec peu de résultats, LR les éternels traîtres. A moins que, sur un malentendu, les socialistes arrivent au pouvoir, Et la majorité des Français qui s’en fiche royalement. Tout cela ne donne pas envie d’aller voter, subir la politique de la Commission Européenne, a engraisser un tas de parasites, sans libertés ni droits, ou attendre l’hypothétique révolution qui nous mènera à la vie d’un village Gaullois, défendant son lopin de terre.
Petit oubli du rédacteur : encore ce matin Louis Aliot répétait sur europe 1 que le R.N. n’était pas à droite, mais « à droite et à gauche ». Non seulement le R.N. par son sectarisme absolutiste (refus de l’union des droites, refus d’appeler à signer la motion du vicomte de Villiers, etc.) risque de se ramasser aux présidentielles, mais il risque surtout de passer à côté des municipales, là où commence la résistance au Machin.
Pitoyable, alors qu’une large majorité de Français est à droite, souhaite un changement radical et que les deux sont en fait d’accord sur l’essentiel. La droite la plus bête du monde ferait bien de s’inspirer de la droite italienne.
Vous êtes « marrant » . Pourquoi croyez-vous qu’ils se « battent » tous ces corrompus ? La soupe est bonne, d’autant que c’est le peuple qui paie !
Combien de ces gens se battent pour la France ???
Et Julien Dir, dont j’apprécie les articles, il lutte comment ? A travers ses articles ? Mais est-ce que cela fait bouger les lignes ? Très peu, convenons-en. La question de fond n’est pas évidente à résoudre; comment remuer un troupeau dont le seul horizon est le supermarché, la télé et le resto ? Ce n’est pas par là que viendra le changement ! Reste les quelques petits % de gens réveillés qui voient le problème, mais dont la vie est encore assez facile pour ne pas avoir envie de perdre ce qu’ils ont tout en pressentant qu’ils risquent de tout sacrifier et d’obérer gravement l’avenir de leurs enfants. Alors, la solution concrète, on fait quoi ?