Le syndrome de Diogène demeure largement méconnu. Il s’agit d’un trouble du comportement méconnu, souvent confondu avec la simple négligence. Il se caractérise par une accumulation excessive d’objets et de déchets dans l’habitat, une hygiène corporelle très déficiente, un isolement social marqué, et une absence de plainte ou de remise en question de cette situation.
Ce trouble, non répertorié dans le DSM-5 mais bien identifié dans la pratique clinique, concerne principalement les personnes âgées vivant seules, bien qu’il puisse toucher tous les milieux sociaux. Il est souvent associé à d’autres pathologies psychiatriques ou neurologiques telles que la schizophrénie, la dépression ou la maladie d’Alzheimer.
Dans un article publié le 9 juillet dernier sur le site passeportsanté.net, le psychologue Samuel Mergui explique que les objets amassés forment « un cocon protecteur » dont les malades refusent d’être séparés ; un désencombrement forcé peut, selon lui, « provoquer un effondrement psychique, voire un décès ». Les causes évoquées incluent des traumatismes, des carences affectives précoces ou une réponse pathologique au vieillissement, comme le souligne la gériatre américaine Allison N. Clark.
Des interventions de nettoyage lourdes et coûteuses
Dans les faits, le syndrome se traduit par des situations extrêmes. France 3 Nouvelle-Aquitaine a suivi, au mois d’avril dernier, une équipe de débarras à Bellac (Haute-Vienne), où « 40 m³ de déchets » ont été retirés d’un appartement abandonné. « Ils se mettent à entasser et à garder la totalité de leurs déchets », explique Paul-Édouard de Bletterie, gérant d’une entreprise spécialisée.
L’intervention, facturée environ 2 500 euros, a mobilisé quatre salariés pendant neuf heures. Les déchets ont été acheminés vers une déchetterie spécialisée à Saint-Junien, où le responsable Charles Desaulière confie : « Il y a quand même des problèmes de salubrité pour nous, les personnes qui trions derrière », tout en précisant que les équipes « essaient de sortir les matières valorisables : l’aluminium, le papier, quelques cartons quand il y en a ».
Selon Paul-Édouard de Bletterie, « en moyenne, on en voit deux ou trois par semaine », un phénomène « plus fréquent qu’on ne l’imagine », notamment dans un Limousin vieillissant.
Des drames domestiques découverts après coup
Les bailleurs ne sont pas épargnés. Le Figaro Immobilier rapportait le 4 septembre le cas de Loïc Allain, marchand de biens à Laval (Mayenne), confronté à un locataire atteint du syndrome. « Au départ, on était sur un simple contentieux d’impayés, mais quand l’huissier m’a envoyé les photos, c’était le choc », raconte-t-il. Dans son studio de 15 m², le propriétaire découvre « des canettes de bière entassées, des vêtements au sol, des documents administratifs qui traînent, des taches sur les murs et le sol… et une odeur qui reste collée aux narines ».
La remise en état du logement a coûté 2 400 euros, auxquels se sont ajoutés 5 000 euros de loyers impayés et de frais judiciaires, soit 7 400 euros de pertes. « Ce logement était extrêmement sale, mais les dégradations étaient simplement d’ordre hygiénique », précise le propriétaire, conscient d’avoir évité le pire. Selon des entreprises locales, une intervention complète de désencombrement et de désinfection peut atteindre 3 000 à 4 000 euros.
Pathologie de l’isolement et du refus d’autrui, le syndrome de Diogène révèle une détresse sociale souvent invisible : celle d’une France vieillissante où la solitude, le repli et le manque de suivi médical peuvent transformer un foyer en prison d’immondices.
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