Longtemps considérés comme le domaine privilégié de l’apprentissage, les métiers de l’automobile attirent désormais de plus en plus de jeunes passés par la voie scolaire classique. Face à la demande croissante de main-d’œuvre dans la réparation, la mécanique ou la carrosserie, les lycées professionnels s’imposent comme des acteurs clés de la formation. Selon une récente enquête de l’ANFA (Association nationale pour la formation automobile), le taux d’insertion des jeunes formés sous statut scolaire a progressé de 20 % entre 2020 et 2023.
Menée auprès de 749 élèves de onze lycées professionnels en CAP et Bac Pro automobile, cette étude de suivi sur quatre ans permet de mieux cerner le profil et les motivations de ces futurs professionnels. Et les résultats battent en brèche l’idée d’une orientation par défaut : la grande majorité d’entre eux ont choisi cette voie par passion.
Des parcours scolaires et familiaux variés
Près de 76 % des élèves de première année viennent directement du collège, souvent après une classe de troisième générale. Un quart d’entre eux s’est réorienté, notamment parmi les jeunes filles, dont seulement 58 % arrivent directement du collège.
Si 69 % ont obtenu le brevet des collèges, l’écart reste marqué entre établissements privés (84 %) et publics (68 %).
Sur le plan familial, 62 % vivent dans un foyer avec leurs deux parents, et un élève sur deux a un proche travaillant déjà dans le commerce ou la réparation automobile. Ce lien familial joue d’ailleurs un rôle décisif dans leur orientation.
Contrairement à certaines idées reçues, les lycéens en formation automobile ne subissent pas leur orientation. Neuf sur dix affirment avoir pris part activement à leur choix, et 56 % citent la passion comme motivation première.
Le rôle de la famille reste important, mais d’autres influences émergent : les stages de 3ᵉ, qui confortent 62 % des élèves dans leur choix, les rencontres avec des professionnels, et même les influenceurs automobiles, dont l’impact est reconnu par un élève sur huit.
Près de la moitié des jeunes interrogés pratiquent la mécanique de loisir, tandis que la possession du Brevet de sécurité routière (BSR) entretient leur attrait pour la filière.
Entre enthousiasme et risques de décrochage
Globalement, 72 % des élèves se disent satisfaits de leur orientation, même si plus d’un quart aurait préféré suivre la même formation en apprentissage.
L’étude met cependant en évidence une minorité plus fragile, souvent issue de milieux moins liés à l’automobile, avec un niveau scolaire plus faible et une vision moins claire de leur avenir. Ces jeunes, plus nombreux dans les lycées publics et dans les spécialités carrosserie, présentent un risque accru de décrochage.
À l’inverse, la majorité se projette clairement : 42 % envisagent de créer leur entreprise et 41 % une carrière salariée. Le goût de l’indépendance et de la technique se combine à une ambition notable : un tiers vise un BTS, un quartsouhaite poursuivre au-delà. Seuls 13 % se déclarent indécis quant à leur avenir.
Fait notable, un quart des lycéennes interrogées évoque une possible orientation vers l’armée, contre seulement 9 % chez les garçons.
Entre rêve mécanique et réalité du terrain
Pour Jocelyn Gombault, responsable de projets à l’Observatoire des métiers des services de l’automobile, cette enquête confirme que la passion reste un formidable moteur, mais aussi un défi : « Le stage de 3e apparaît comme un levier essentiel pour consolider les choix d’orientation. La mécanique de loisir et la présence d’un référent familial dans le secteur renforcent la motivation. Mais cette vision idéalisée du métier se confronte parfois à la réalité des tâches de base ou des activités électroniques, moins séduisantes pour les jeunes. »
Les prochaines étapes de ce suivi de cohorte, prévues jusqu’en 2027, permettront d’observer l’évolution de la motivation et de l’insertion professionnelle de ces élèves, dans un secteur qui reste l’un des piliers de l’économie française, mais qui peine toujours à recruter.
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