On connaît déjà le résultat des prochaines élections municipales à Nantes : Johanna Rolland (PS) l’emportera et les insoumis seront réduits à un rôle modeste de conseillers municipaux d’opposition ; ils pourront contester…
« Les troupes mélenchonistes vont aussi s’efforcer de faire perdre les maires de gauche à Rennes et à Nantes » (Le Canard enchaîné, 27 août 2025). Dans les deux cas, c’est raté ! A Nantes, mardi 16 octobre, les écologistes militants et sympathisants ont voté en faveur d’une liste d’union avec le PS dès le premier tour des élections municipales de mars 2026. Il ne restait plus qu’à annoncer le mariage… Ce que Johanna Rolland (PS), maire de Nantes, et Marie Vitoux (Les Ecologistes), adjointe au maire et cheffe de file des écolos, se sont empressées de faire. Dès le lendemain, elles annoncent la bonne nouvelle et dévoilent quelques éléments de leur programme. Ce sont des femmes sérieuses qui ne parlent ni de la sécurité ni de l’emploi… La drogue, les coups de feu, le chômage, elles laissent ça aux autres… La sécurité et le boulot ne les passionnent guère…
Bien entendu, elles s’opposent au projet de construction d’un centre de rétention administrative (CRA) à Nantes, porté par l’Etat. Marie Vitoux promet de faire de Nantes « une ville refuge, c’est-à-dire une ville qui assume l’accueil inconditionnel des exilés, quelle que soit leur situation administrative ». Pour Johanna Rolland, Nantes revendique d’être « une ville non-raciste », comme elle ambitionne d’être la première ville non-sexiste. Marie Vitoux a également des idées quant aux affaires nationales, en particulier la prochaine élection présidentielle : « Si l’extrême droite devait malheureusement prendre le pouvoir en 2027, Nantes devra plus que jamais être une terre de résistance. » (Presse Océan, jeudi 16 octobre 2025). « Se rassembler ne veut pas dire qu’on est d’accord sur tout. Sur la videosurveillance, par exemple, la divergence est toujours là », s’empresse de compléter Marie Vitoux (Ouest-France, Nantes, jeudi 16 octobre 2025). L’objectif des deux associées est facile à comprendre : siphonner les électeurs LFI en leur tenant un petit discours à la sauce Mélenchon.
Une bonne idée : les commissariats de quartier
Effectivement, à Nantes, le désaccord est total entre les socialistes et les écologistes quant à la vidéoprotection. Fin 2024, 330 caméras étaient installées dans onze quartiers de la ville. « L’objectif pour 2025, c’est 80 caméras supplémentaires », annonce alors Bassem Asseh (PS), premier adjoint en charge de la sécurité (Presse Océan, mardi 11 février 2025). Evidemment ce renforcement du maillage des caméras sur l’espace public met en colère le groupe écologiste et citoyen. Son coprésident Simon Citeau fait part « de sa colère » devant cette nouvelle « décision unilatérale » de ses partenaires socialistes. « Il faut être clair : chaque fait de violences, de trafic, de vol et d’incivilité est un fait de trop mais ne justifie en aucun cas une hausse automatique des moyens de contrôle dont l’efficacité n’est pas prouvée ». Ses arguments se défendent : « Ce ne sont pas les caméras de vidéosurveillance qui vont contribuer à enrayer la montée des trafics de drogue, enjeu majeur à Nantes. On va dépasser les 10 M€ d’argent public dédié aux caméras de surveillance. Un investissement auquel s’ajoute un budget de fonctionnement annuel qui se chiffre aussi en million d’euros. Les écologistes préfèrent les commissariats de quartier. C’est, en plus, une demande des habitants. Pour nous, le droit à la sécurité passe par une présence sur le terrain, et des moyens d’enquête. » (Presse Océan, mardi 11 février 2025)
« Les écologistes ont choisi de reconduire la majorité socialiste », réagit William Aucant (LFI), chef de file des insoumis pour ces élections municipales (Presse Océan, jeudi 16 octobre 2025). Pendant longtemps, il a cru possible une alliance avec les écolos… Mais ces derniers, gens réalistes, ont choisi le camp susceptible non seulement de remporter le plus facilement ces élections municipales, mais encore de leur fournir le maximum de places. Le poids électoral actuel de LFI a certainement pesé dans la balance : d’après Frédéric Dabi, directeur général Opinion de l’Ifop, le socle électoral de Jean-Luc Mélenchon « pèse environ 12 % » (Ouest-France, 11-12 octobre 2025). Les écolos ont évidemment vite compris qu’il n’y avait rien à gagner avec William Aucant et ses copains…
Les insoumis n’ont plus le vent en poupe
Rappelons les résultats du premier tour des élections municipales du 15 mars 2020. La liste « Nantes en confiance » (Johanna Rolland) arrive en tête (22 713 voix, 31,36 %), tandis que celle conduite par Julie Laernoes (« Nantes ensemble ») se contente de la troisième place (14 181 voix, 19,58 %). Quant à celle soutenue par LFI « Nantes en commun » (Margot Medkour), elle se classe cinquième (6 479 voix, 8,95 %). Au second tour (28 juin), Johanna Rolland (PS) et Julie Laernoes (EELV) fusionnent, ce qui permet à leur liste « Ensemble Nantes en confiance » de l’emporter facilement (34 107 voix, 59,67 %). Certes, en 2026, les insoumis peuvent espérer mobiliser les abstentionnistes à leur profit ; ils furent nombreux en 2020 : 116 978 (61,33 %) au premier tour et 131 792 (69,04 %) au second. La poussée de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2022 (en tête à Nantes avec 33,03 %) et l’élection de deux candidats insoumis – grâce à l’effet Nouveau Front populaire – aux élections législatives de 2024 (Andy Kerbrat à Nantes centre et Ségolène Amiot à Nantes-Saint-Herblain) ne doivent pas faire illusion. Non seulement les élections municipales et les élections législatives ne correspondent à la même logique – deux combats différents aussi bien par les enjeux que par les personnalités sur le ring -, mais encore les élections européennes de juin 2024 ont montré une chute des insoumis à Nantes : la liste conduite par Manon Aubry n’arrive qu’en seconde position (15,42 %), derrière celle dirigée par Raphaël Glucksmann (23,77 %). On peut ajouter qu’aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon ne fait plus figure de locomotive capable de créer une dynamique ; c’est ce que montre le baromètre politique de La Tribune Dimanche. A la question « Si cette personnalité politique devenait président(e) de la République en 2027, seriez-vous satisfait (e) ou mécontent (e) ? », seulement 12 % des personnes interrogées soutiennent Mélenchon, alors que 70 % lui sont défavorables (Sondage Ipsos BVA, La Tribune Dimanche, 12 octobre 2025). Pour toutes ces raisons, Johanna Rolland peut espérer commencer un troisième mandat en mars 2026.
Que vont devenir les piliers socialistes de la municipalité, Bassem Asseh, premier adjoint, ou bien Pascal Bolo, adjoint aux finances ? Seront-ils sacrifiés sur l’autel de l’union ? Car l’accord Rolland-Vitoux a forcément un prix et les écolos se trouvent en position de force pour présenter leurs exigences : des places éligibles, des postes d’adjoint et de vice-président à Nantes Métropole, des présidences dans différents organismes… A coup sûr, ils en veulent “plus“ qu’en 2020. Peut-être le job de premier adjoint… N’oublions pas que les professionnels de la politique ont besoin d’indemnités pour vivre…
Bernard Morvan
Illustration : DR
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