Cinquante fois plus puissant que l’héroïne, cent fois plus puissant que la morphine et des conséquences hautement mortelles, le Fentanyl, est responsable de près de 70 % des décès par overdose sur le sol américain, selon l’agence gouvernementale anti-drogue (DEA). Pour tenter d’endiguer cette crise majeure aux États-Unis, le directeur du FBI s’est rendu à sa source, en Chine. Une belle leçon de diplomatie.
Crise des opioïdes
Première cause de mortalité chez les personnes âgées de 18 à 45 ans, la crise des opioïdes représente un problème de santé publique majeur pour Washington. Le Fentanyl, une de ces « drogues de zombies », est à lui seul responsable de 100 000 décès pour la seule année 2024.
Cette crise a également des implications géopolitiques, est représente un facteur de tension important dans les relations sino-américaines : la Chine, qui avait interdit la production de Fentanyl en 2019 sous la pression de Donald Trump, reste un acteur de premier plan en tant que fournisseur principal des ingrédients chimiques utilisés pour synthétiser la drogue.
Réunion en catimini
Kash Patel, le nouveau directeur du FBI nommé par Donald Trump, a effectué un voyage à Pékin il y a deux semaines afin de discuter de l’interdiction en Chine des ingrédients chimiques utilisés pour la fabrication du Fentanyl. Un déplacement qui n’avait fait l’objet d’aucune annonce officielle, tant du côté américain que chinois, étant donné la possibilité d’un échec dû à la tension persistante entre les deux nations. Le 12 novembre dernier, lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, il déclarait : « Le président Trump a fermé le pipeline de la fabrication de Fentanyl« .
« C’était la première fois en plus de dix ans qu’un directeur du FBI se rendait en Chine et était reçu par son homologue pour aborder directement cette question. De plus, grâce à l’intervention directe du président Trump auprès du président Xi, le gouvernement chinois s’est pleinement engagé à soutenir ma mission sur le terrain à Pékin à un niveau jamais vu auparavant. » Kash Patel
Patel a ajouté que Pékin a désormais « entièrement désigné et répertorié les treize ingrédients précurseurs utilisés pour fabriquer le fentanyl » et a accepté un contrôle accru et immédiat de sept filiales de chimie productrices d’ingrédients liés à la production de cette drogue létale. Les modalités du nouvel accord seront élaborées au sein d’un groupe de travail bilatéral.
« Ces substances sont désormais interdites et ne seront plus utilisées par les organisations narcotrafiquantes mexicaines pour fabriquer cette drogue.»
La majorité des précurseurs chimiques proviennent de laboratoires chinois, mais sont ensuite envoyés et transformés au Mexique, pour être introduits clandestinement aux États-Unis.
Une leçon de diplomatie
Mais en quoi cela nous concerne-t-il ?
Au-delà de la pénétration de cette drogue sur notre territoire – un citoyen égyptien a récemment été interpellé à Milan pour trafic de stupéfiants, dont du Fentanyl -, c’est une véritable leçon de diplomatie dont les Européens feraient bien de s’inspirer. Car l’accord de collaboration n’a été obtenu que par la menace de tarifs douaniers massifs.
Nos dirigeants européens qui se contentent de subir le monde, sont, eux, incapables de s’imposer face à qui que ce soit. Et si le spectacle déplorable d’une France (7ème puissance mondiale) impotente face à l’Algérie (67ème puissance mondiale) en dit long, c’est toute l’Europe de l’Ouest qui est continuellement humiliée par des pays africains qui refusent, par exemple, de reprendre leurs ressortissants. Des nations européennes incapables de protéger leurs intérêts propres au sein même d’une institution qu’ils ont eux-même forgé (ex. ALE, Mercosur), soumis à une Amérique qui lui impose à peu près tout ce qu’elle veut (ex. OTAN, gaz russe, de schiste etc…)
Mais des leviers pour négocier, faire pression et peser sur la scène internationale afin de défendre nos intérêts existent. Il serait temps de s’en servir… ce qui ne pourra arriver qu’avec un changement de classe politique.
Audrey D’Aguanno
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