Des milliers de viticulteurs occitans ont manifesté ce samedi 15 novembre dans les rues de Béziers. Car ceux-ci sont confrontés à la concurrence étrangère, à des prix tirés vers le bas par la grande distribution et à des normes environnementales et bureaucratiques devenues paralysantes. Entre 4000 et 7000 manifestants ont été recensés et la grogne monte partout dans le Midi viticole. Dans leurs interventions, les leaders de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs ont dénoncé la libre concurrence qui, une fois encore, est en train de tuer la viticulture des pays d’Oc.
Le préfet de l’Hérault a annoncé une rencontre avec le ministre de l’agriculture le 24 novembre prochain. Mais comment trouver des solutions pérennes alors que le secteur viticole traverse des crises successives et multiformes depuis 5 ans ?
La production de vin de l’année 2025 est annoncée comme historiquement basse, ce qui devrait entraîner la faillite de nombres de petits vignerons. Et dans le Midi, cette crise rappelle une autre période de l’Histoire où le monde de la Vigne s’était révolté pour ne pas mourir.
La révolte des gueux
Car en 1907, le Languedoc aura connu l’un des plus grands mouvements sociaux de son histoire : la Révolte des Vignerons, aussi appelé « révolte des gueux du Midi ».
Le vin de table du Languedoc ne se vendent alors plus. L’ignorance de Paris de ce cépage, les campagnes anti-alcooliques, une sur-production en 1904 et 1905, la chaptalisation et la concurrence des vins étrangers, notamment espagnols, italiens et algériens, achèvent de tuer une filière entière qui n’avait pas pris le virage de la qualité.
Les petits vignerons se révoltent, le gouvernement parisien envoie la troupe : 22 régiments d’infanterie et 12 régiments de cavalerie occupent tout le Midi, soit 25 000 fantassins et 8 000 cavaliers. Le coeur de l’Occitanie Rouge a alors un air de colonie intérieure sous occupation militaire étrangère. Les manifestations s’enchaînent, les sous-préfectures sont occupées, 600 conseils municipaux démissionnent, des barricades sont dressées, la troupe tire sur la foule à la mitraillette : 2 morts à Narbonne, le 19 juin; 5 morts le lendemain. Le même soir, des hommes de troupe d’origine occitane du 17è régiment d’infanterie de ligne se mutinent et refusent de tirer sur leurs frères. Le Midi est alors au bord de l’insurrection générale.
Grâce à la rouerie de Clémenceau qui fera semblant de corrompre un leader paysan et au talent d’orateur de Jean Jaurès, les choses se calmeront petit à petit, le parlement votant des lois pour empêcher les abus et la fraude, le gouvernement achetant la paix sociale à coup d’exonérations d’impôts. Sans oublier une répression sourde et subtile qui découragera les plus téméraires.
A coeur du pays d’Oc, le souvenir de la révolte de 1907 est cependant encore vivace. Car la révolte fut occitane (beaucoup de banderoles et de slogans étaient en langue d’oc) et elle visa le « franchimand », le symbole des Français du Nord, de Paris, jugé déconnecté des réalités du Midi et pétris d’arrogance.
Le CAV, bras armé de la révolte
Depuis 1907, les Viticulteurs se sont soulevés à de multiples reprises, faisant même parler la poudre avec le CAV (Comité d’Action Viticole) ou CRAV (Comité Révolutionnaire/Régional d’Action Viticole) responsable de plusieurs attentats. En 1976, une fusillade entre des CRS et des viticulteurs lors d’un N-ième poussée de fièvre fera même deux morts.
LA dernière action des guérilleros occitans remonte au 18 janvier 2024 quand la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) de Carcassonne sera soufflée par un attentat. Attentat signé par la branche « Action » du CAV.
Partout en France, la mondialisation, l’immigration, le Libre-Echange et l’ouverture des frontières sont en train de tuer les territoires.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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