Selon une étude publiée en novembre 2025 par l’Insee, les ruptures conjugales restent un phénomène stable en Bretagne mais profondément inégalitaire dans ses conséquences. Entre 2014 et 2020, 24 800 couples se sont séparés chaque année, soit 3 % des 775 000 couples de sexe différent vivant dans la région, une proportion identique à celle observée au niveau national . Derrière ce chiffre se dessine toutefois un paysage conjugal contrasté. Les unions libres représentent plus des deux tiers des séparations alors qu’elles ne concernent que 17 % des couples. À l’inverse, les couples mariés ou pacsés — 83 % des unions — se séparent beaucoup moins, environ 1 % par an.
Une chute brutale du niveau de vie, amplifiée chez les femmes
Le premier impact visible de la rupture est financier. L’étude indique que le niveau de vie médian chute en moyenne de 11,9 % l’année même de la séparation, passant de 21 200 à 18 700 euros par an en Bretagne. La baisse est plus forte lorsque la rupture concerne un mariage ou un Pacs, et moindre pour les unions libres. Mais l’écart le plus marquant concerne le sexe. Les femmes voient leur niveau de vie reculer de 15,4 %, contre 8,2 % pour les hommes. Cette différence s’explique en partie par des revenus d’activité en amont plus modestes, des carrières féminines plus souvent réduites ou interrompues, et la charge des enfants, qui pèse très majoritairement sur elles, puisque bien souvent, lorsqu’il y a conflit juridique…ce sont elles aussi qui bénéficient de conditions nettement plus favorables concernant les enfants que les pères.
L’étude rappelle que huit femmes sur dix conservent la garde d’au moins un enfant après une séparation, contre six hommes sur dix. Cette responsabilité entraîne mécaniquement davantage de dépenses et limite les possibilités d’ajustement professionnel, même lorsque des aides existent. Ainsi, le niveau de vie baisse de 12,2 % pour les parents ayant des enfants à charge, contre 6,2 % pour ceux qui n’en ont plus. Le phénomène touche donc d’abord les mères, souvent contraintes d’assumer seules une recomposition financière et familiale complexe.
Un risque de pauvreté nettement plus élevé pour les femmes
Le choc se traduit également par une forte poussée de la pauvreté. L’année précédant la rupture, 10 % des ex-conjoints étaient déjà sous le seuil de pauvreté. L’année de la séparation, cette proportion grimpe à 19 % en Bretagne. Mais l’écart entre hommes et femmes est spectaculaire : 22 % des femmes vivent sous le seuil de pauvreté l’année de la rupture, contre 16 % des hommes, selon les données reproduites dans le graphique de la page 2 du document. L’Insee souligne que 16 % des femmes « entrent » dans la pauvreté au moment de la séparation, contre 10 % des hommes. La rupture agit donc comme un accélérateur puissant de précarité, en premier lieu pour les femmes.
Deux ans après, les hommes ont retrouvé leur niveau de vie. Les femmes, non.
L’étude suit ensuite les trajectoires économiques deux ans après la rupture. Là encore, l’écart est massif. Les hommes ont quasiment retrouvé leur niveau de vie initial : leur perte résiduelle n’est plus que de 1,5 %. Les femmes, en revanche, restent durablement pénalisées, avec un niveau de vie encore inférieur de 9,4 % à celui qui précédait la séparation, d’après la courbe présentée en page 2. Les plus touchées sont celles qui étaient mariées ou pacsées : deux ans après la rupture, leur niveau de vie demeure inférieur de 17,7 %, quand les femmes vivant auparavant en union libre affichent une baisse de 4,5 %. Cette différence traduit la profondeur des déséquilibres structurels dans les couples contractualisés, où les femmes contribuent moins aux revenus et assument plus souvent la charge parentale.
Le niveau de vie remonte ensuite grâce à plusieurs facteurs possibles : reprise d’activité, augmentation du temps de travail, pensions alimentaires, redistribution sociale ou recomposition conjugale. Mais là encore, la parité n’existe pas. Deux ans après la rupture, 30 % des hommes vivent à nouveau en couple, contre 25 % des femmes, une situation qui contribue mécaniquement à accélérer la reprise économique des premiers.
Une étude qui met en lumière un déséquilibre durable
En s’appuyant sur un échantillon démographique robuste, l’analyse de l’Insee met en évidence un constat clair : en Bretagne, comme en France, la séparation pénalise financièrement l’ensemble des ex-conjoints, mais elle frappe plus durement et plus durablement les femmes. Elles cumulent revenus plus faibles, charges parentales plus lourdes, difficultés accrues de réinsertion et probabilités moindres de recomposition conjugale. Deux ans après la rupture, l’écart reste profond, et la situation financière des femmes demeure largement amputée.
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