Nick Fuentes. Dans le monde post-média, la machine à démolir tourne à vide

Je lisais ce matin, dans la pénombre grise qui s’attarde sur la pointe de Lechiagat, les colonnes du Figaro consacrées à Nick Fuentes. Je n’y cherchais pas une analyse, seulement une confirmation. Je l’ai trouvée dans la forme même de l’article, où l’on ne rencontre jamais l’homme, seulement l’archétype redonnant vie à l’épouvantail préféré des rédactions parisiennes. Il y a quelque chose d’ancien, presque suranné, dans ces ritournelles. Comme si la grande presse, figée dans ses automatismes, rejouait encore la partition des années 1980, persuadée que l’excommunication médiatique conserve sa vertu d’autrefois.

Or le monde a changé, et c’est bien ce que les articles du Figaro et de Le Monde révèlent malgré eux. Ils croient parler de Fuentes, ils parlent de leur propre impuissance.

Le procédé est si répétitif que la lecture en devient mécanique. Dans Le Figaro, la philosophe mise en avant, à qui l’on confie la tâche d’éclairer ce phénomène, se contente d’ânonner le triptyque habituel, suprémacisme-haine-radicalisation, comme si l’épithète tenait lieu de pensée. Le journal ne cite pas un seul fait politique, pas une seule ligne de programme, pas même la sociologie réelle des jeunes Américains attirés par ces mouvements. Sa grille de lecture est fermée avant d’avoir été ouverte, comme si l’on craignait que la description du réel puisse constituer une forme de contamination.

Dans Le Monde, la même mécanique se déploie, plus lourde encore, avec cette rhétorique médicale qui a pris le contrôle des correspondances : « métastases », « poison », « mouvance néonazie », « déchirements internes » . À la lire, l’Amérique serait un organisme infecté, dont Fuentes serait l’agent pathogène. À aucun moment le grand quotidien du soir ne s’intéresse aux motifs du basculement, à l’échec du conservatisme classique, au désespoir économique des jeunes Américains ou à la brutalisation du débat public née des universités, ces fabriques de ressentiment où les étudiants blancs sont sommés d’expier un péché sans nom.

Je me souviens de ce que pensait Spengler, que je relis souvent dans le calme des après-midi bretons : lorsque les élites cessent de comprendre les forces vives d’un peuple, elles se réfugient dans des abstractions morales. Exactement ce que nous voyons ici. La presse française observe une réalité qui lui échappe et, faute de s’y confronter, elle condamne.

Il n’est pas anodin que ces mêmes médias ignorent depuis plus de dix ans durant, l’existence même de TV Libertés. Aucun article, pas une ligne, pas même un entrefilet, ni dans Libération, ni dans Le Figaro, ni dans L’Express, ni dans Le Nouvel Observateur. À les croire, la première chaîne alternative de France n’existerait pas. Et pourtant, elle prospère. Elle vit, croît, se finance par ses donateurs, compte un million d’abonnés sur YouTube, informe des centaines de milliers de Français chaque jour sans jamais avoir reçu la bénédiction médiatique.

Je mesure ici l’ironie de la situation. La presse croit encore posséder le pouvoir qu’elle a déjà perdu. Elle se figure que l’on peut étouffer un phénomène en le taisant ou, lorsqu’il devient trop visible, en le couvrant d’opprobre. Elle ne voit pas que les réseaux sociaux ont brisé l’ancien monopole, et que même l’excommunication la plus virulente fonctionne désormais comme une publicité involontaire.

Car, dans le monde post-média, la machine à démolir tourne à vide.

Nick Fuentes ne doit rien à ces journaux. Son explosion d’audience n’a pas été portée par The New York Times, ni par The Washington Post, mais par un autre interdit, Tucker Carlson, banni des plateaux officiels, accueilli sur X, et libre d’interviewer qui il entend. Carlson a fait plus pour la visibilité de Fuentes que tous les journalistes américains réunis. Les articles français citent ce fait avec horreur, comme un scandale. C’est au contraire un signe de l’époque : la dissidence se reproduit hors sol, sans matrice institutionnelle, comme une plante sauvage qui trouve toujours un interstice de lumière.

Donald Trump, de son côté, observe le phénomène avec la distance amusée d’un vieux fauve. Les articles croient l’embarrasser, mais les électeurs de Trump ne lisent pas la presse main-stream. Et lorsqu’ils la lisent, ils n’y croient pas. L’ère de l’autorité médiatique est close, et nul effort rhétorique n’y changera quoi que ce soit.

Je me demande alors si ce grand affolement, que l’on perçoit dans chaque ligne de ces articles, ne dit pas quelque chose de plus profond. Un monde se retire. Un autre émerge, liquide, désordonné, imprévisible. La presse, qui fut naguère un clergé, n’est plus qu’un vestige. Elle ne forme plus, n’éduque plus, ne structure plus. Elle s’indigne, elle menace, elle pathologise, elle moralise, mais elle ne convainc plus.

Ce n’est pas seulement la figure de Fuentes qu’elle manque, c’est l’époque entière.

Et c’est pourquoi l’on ferait mieux de lire Breizh-Info ou regarder TV Libertés. On y trouve de la description, non de la catéchèse. De l’information, non de la dénonciation automatique. Une observation du réel, brute, parfois inconfortable, mais sans ce réflexe pavlovien qui fait aujourd’hui le style unique de Le Monde et, hélas, trop souvent du Figaro.

Je laisse à l’intellectuel allemand Ernst Niekisch, si peu lu en France, le dernier mot. Il disait que « les forces nouvelles surgissent toujours dans les marges, et les marges finissent toujours par déplacer le centre ». C’est exactement ce qui se produit sous nos yeux. La presse le voit, le redoute, le déplore, mais ne peut l’empêcher.

Pour une raison simple : elle n’a plus les clés de la porte.

Balbino Katz
Chroniqueur des vents et des marées
[email protected]

Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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