Avec le durcissement des conditions de découvert bancaire et une inflation qui continue de rogner les budgets, les demandes d’acompte sur salaire explosent à l’approche des fêtes. Un symptôme de plus d’un pays où une part croissante de la population vit désormais “à flux tendu”, au bord du rouge.
Un recours en pleine ascension : +66 % de demandes en un an
À l’automne 2025, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les salariés sollicitent beaucoup plus souvent un acompte sur leur rémunération déjà gagnée : cinq demandes en moyenne par mois, contre trois l’an passé. Une hausse vertigineuse qui traduit une réalité simple : les fins de mois commencent désormais au milieu du mois.
L’outil devient une béquille de plus en plus utilisée pour éviter un passage à découvert… un passage devenu plus difficile depuis le 20 novembre, date à laquelle les banques ont durci l’accès au découvert autorisé. Solvabilité renforcée, contrôles supplémentaires : la marge de manœuvre se réduit.
Pour Arbia Smiti, fondatrice de Rosaly, l’acompte constitue « une alternative immédiate au découvert », permettant d’accéder à son propre salaire sans subir frais bancaires et pénalités. Mais derrière cette solution technique, c’est toute la fragilité des budgets qui apparaît.
Les ménages face au mur : près d’un Français sur deux dans le rouge
Selon l’enquête menée par Rosaly, près de la moitié des Français basculent au moins une fois dans l’année en négatif. Et pour certains, c’est quasi mensuel. Entre inflation alimentaire, loyers en hausse et charges contraintes qui explosent, les marges disparaissent.
Les chiffres sont rudes :
- 52 % disent ne jamais être à découvert,
- 14 % y tombent 1 à 2 fois par an,
- 15 % entre 3 et 5 fois,
- 19 % presque tous les mois.
Autrement dit, pour une part importante des ménages, la vie quotidienne ressemble à un numéro d’équilibriste.
*Méthodologie : Enquête réalisée entre le 30 octobre et le 5 novembre 2025 auprès de 2 101 personnes de plus de 18 ans. Sondage effectué en ligne à partir du panel de répondants BuzzPress (27 700 personnes en France). Sondage électronique envoyé par email et publié en ligne sur les réseaux sociaux Facebook et LinkedIn. Les réponses ont ensuite été compilées et pondérées en fonction de quotas préétablis visant à assurer la représentativité de l’échantillon et afin d’obtenir une représentativité de la population visée. Toutes les pondérations s’appuient sur des données administratives et sur les données collectées par l’INSEE.
Quand les banques resserrent la vis, les Français se débrouillent
Face au refus d’un découvert, les Français se tournent d’abord… vers leurs proches. L’emprunt “à la famille ou aux amis” reste la première béquille : 41 % y ont recours.
Juste derrière, l’acompte sur salaire s’impose comme réflexe professionnel majeur.
Bien loin devant les autres outils :
- avance sur salaire : 8 %,
- crédit conso : 18 %,
- paiement fractionné : 5 %,
- et pour 24 %… aucun recours, au risque d’un incident bancaire.
Un quart de la population préfère affronter les frais et les pénalités plutôt que de signer un nouveau crédit. Un signe de lassitude, et peut-être de désespoir.
Le montant moyen des acomptes demandés — environ 500 € — reste stable.
Ce qui change, c’est le nombre de demandes.
La multiplication des acomptes ne révèle pas un besoin ponctuel, mais une incapacité structurelle à tenir un budget d’un mois complet. Cette évolution est révélatrice d’une tendance lourde :
la moindre dépense imprévue fait basculer les familles. Les cadeaux de Noël, les factures hivernales, les charges de logement… tout cela suffit à projeter les ménages vers des solutions de court terme.
Ce que montre l’étude, ce n’est pas seulement un phénomène technique.
C’est une radiographie d’un pays où les salaires stagnent, les charges augmentent, les banques se protègent, les ménages encaissent et l’État promet, chaque année, que “le pouvoir d’achat repartira”.
Dans cette France-là, les acomptes sur salaire ne sont plus un dépannage : ils deviennent un amortisseur systémique, le signe qu’une grande partie de la population vit désormais dans le brouillard financier.
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