Dans les communes du Finistère, il y a, comme dans beaucoup de communes, un problème visuel : les tags. Et à Concarneau, on a trouvé la solution. Non, pas en interpellant les auteurs, ni en s’interrogeant sur les motivations ou les profils des vandales. Encore moins en renforçant la présence de la police municipale ou nationale. Non. À Concarneau, on a mieux : on interdit la peinture.
Vous avez bien lu. À compter du 25 novembre 2025, il est désormais interdit de détenir, entre 22h et 5h du matin, des bombes de peinture aérosol, des feutres indélébiles, des solvants, des vernis, et autres ustensiles pouvant laisser une trace sur un mur. L’ennemi n’est pas le tagueur. C’est la bombe. L’arme du crime. Logique.
À ce rythme-là, on imagine déjà les prochaines trouvailles réglementaires : pour lutter contre les cambriolages, interdiction de transporter un tournevis après 21h. Pour en finir avec les rodéos urbains, saisie préventive des casques de scooter. Et pour stopper la violence islamiste… peut-être interdire les barbes longues ou les valises ?
Le citoyen lambda, suspect par défaut
L’arrêté concarnois frappe donc tout le monde – sauf, bien sûr, les professionnels dûment justifiés : peintres, agents techniques, street-artistes agréés par la mairie. Les autres ? Présumés coupables. Si vous êtes lycéen, bricoleur amateur, ou simplement distrait, gare à vous : un feutre dans la poche pourrait vous valoir un contrôle, voire une amende.
Car la municipalité est formelle : les tags, « ça se fait la nuit », selon l’adjointe au maire. Et comme « ce ne sont pas des heures pour aller au travail », ceux qui circulent avec du matériel suspect à ces heures-là sont forcément mal intentionnés. CQFD.
On frôle le génie administratif. Pourquoi s’attaquer à ceux qui taguent, quand on peut réglementer ceux qui pourraient, potentiellement, un jour, avoir l’idée de le faire ? La mairie de Concarneau innove. Elle pratique la prévention préventive. Ou la lutte contre le crime… par élimination du matériel.
Des tags à la pelle, mais des décisions à côté de la plaque
Il est vrai que la commune est recouverte de graffitis : jusqu’à 3 000 recensés au printemps dernier. De quoi rendre fous les commerçants et les riverains. Mais plutôt que d’agir efficacement, on multiplie les mesurettes absurdes, comme cette interdiction de matériel. Pendant ce temps, les véritables tagueurs, bien connus des services, continuent leurs œuvres sans grand risque.
On nettoie donc le mardi et le jeudi, à coups de conventions et de partenariats avec une entreprise à but d’emploi. On repeint, on nettoie, on efface. Et on recommence. Surtout, on évite de parler d’insécurité, de laxisme, de profils communautaires ou politiques des fauteurs de troubles. À Concarneau comme ailleurs, tout est bon pour ne pas nommer les causes.
Le plus tragique dans cette affaire, ce n’est pas seulement l’arrêté grotesque. C’est qu’il symbolise une tendance bien française à répondre aux symptômes par des interdictions absurdes. Comme si lorsque l’on décide de bannir les couteaux pour endiguer la violence dans les cités. Ou de filtrer les entrées des marchés de Noël avec du béton pour faire face au djihadisme.
Plutôt que de cibler les délinquants, on restreint les libertés du citoyen honnête. Plutôt que de nommer les causes, on réglemente les conséquences. Plutôt que de gouverner, on communique. Et à Concarneau, on repeint.
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