L’élection de José Antonio Kast à la présidence de la République du Chili, le 14 décembre 2025, marque un tournant politique majeur dans l’histoire récente du pays. Avec près de 58 % des suffrages au second tour face à la candidate de gauche Jeannette Jara, le leader du Parti républicain s’impose nettement, porté par un discours centré sur la sécurité, l’autorité de l’État, la lutte contre l’immigration illégale et le rejet de l’agenda sociétal progressiste promu ces dernières années.
Avocat de formation, ancien député et figure centrale de la droite conservatrice chilienne, José Antonio Kast accède à la magistrature suprême après deux tentatives infructueuses. Il prendra officiellement ses fonctions le 11 mars 2026.
Un parcours familial et religieux structurant
Né à Santiago en 1966, José Antonio Kast est le benjamin d’une fratrie de dix enfants, issue d’une famille d’origine allemande profondément enracinée dans la foi catholique. Il est formé au Colegio Alemán de Santiago avant d’étudier le droit à la Pontificia Universidad Católica de Chile, l’un des principaux pôles intellectuels du catholicisme chilien.
Dès ses années universitaires, il s’engage dans le mouvement grémialiste, courant conservateur d’inspiration catholique, où il rencontre Jaime Guzmán, fondateur de l’Union démocrate indépendante (UDI) et figure centrale du catholicisme politique chilien. Cette rencontre joue un rôle déterminant dans sa trajectoire idéologique et politique.
Marié depuis 1991 à María Pía Adriasola, José Antonio Kast est père de neuf enfants. Membre du mouvement catholique de Schönstatt, il se définit comme catholique pratiquant et assume une cohérence revendiquée entre foi, vie familiale et engagement public. Une formule résume cette hiérarchie de valeurs, régulièrement reprise par ses partisans : « Je suis d’abord catholique, ensuite homme politique, et avant tout père de famille. »
Des positions sociétales assumées
Sur les questions de société, José Antonio Kast défend des positions clairement identifiées. Il s’oppose à l’avortement, y compris en cas de viol, rejette la pilule du lendemain, le mariage entre personnes de même sexe et le divorce. S’il a choisi de ne pas faire de ces sujets l’axe central de sa campagne afin d’élargir sa base électorale, il ne les a jamais reniés.
Son engagement pro-vie s’inscrit explicitement dans la doctrine morale de l’Église catholique, qui considère la défense de la vie humaine dès la conception comme un principe fondamental. Kast a également présidé la Political Network for Values, un réseau ibéro-américain promouvant la défense de la famille et de la vie dans le champ politique.
Le thème central de sa campagne fut la sécurité intérieure. Dans un contexte de hausse des homicides et de forte progression de l’immigration irrégulière, José Antonio Kast a proposé un plan de « gouvernement d’urgence » visant à rétablir l’ordre public.
Parmi ses mesures phares figurent le renforcement du contrôle des frontières nord, la construction d’infrastructures de surveillance (murs, tranchées, drones), l’implication renforcée des forces armées et policières, ainsi que l’expulsion annoncée de plusieurs centaines de milliers de migrants en situation irrégulière.
Ce discours sécuritaire a rencontré un large écho dans une partie de l’électorat, notamment dans les régions confrontées à la criminalité et aux tensions migratoires, et a contribué à rallier une grande partie de la droite traditionnelle derrière sa candidature au second tour.
Une relation assumée à l’héritage pinochetiste
José Antonio Kast ne dissimule pas son regard positif sur certains aspects du régime d’Augusto Pinochet, notamment sur le plan économique et sécuritaire. Il a affirmé par le passé que l’ancien chef de l’État aurait voté pour lui, une déclaration qui continue de nourrir de vives controverses au Chili.
Issu d’une famille proche du pouvoir durant la dictature, son frère aîné Miguel Kast fut ministre du Travail puis président de la Banque centrale sous Pinochet. Cette filiation politique alimente les critiques de ses opposants, qui voient en lui l’héritier direct du pinochetisme, tandis que ses soutiens parlent d’une continuité assumée face à ce qu’ils perçoivent comme le désordre et l’idéologie de la gauche contemporaine.
Le mouvement de Schönstatt, entre spiritualité et controverses
L’appartenance de José Antonio Kast et de plusieurs membres de sa famille au mouvement catholique de Schönstatt a également suscité l’attention médiatique. Fondé en Allemagne en 1914 et implanté au Chili depuis 1947, ce mouvement met l’accent sur la vie familiale, la dévotion mariale et l’éducation, notamment à travers un réseau d’établissements scolaires souvent fréquentés par les élites.
Comme d’autres mouvements catholiques, Schönstatt a été marqué par des scandales d’abus impliquant certains prêtres, y compris des figures importantes du mouvement. Ces affaires, bien que distinctes du parcours politique de Kast, sont régulièrement invoquées par ses détracteurs pour critiquer son environnement idéologique et religieux.
L’élection de José Antonio Kast ouvre une nouvelle séquence politique au Chili, marquée par une polarisation assumée entre deux visions du pays. Pour ses partisans, elle représente un retour à l’autorité, à la sécurité et à des repères moraux clairs, ainsi qu’une réaffirmation du rôle structurant du christianisme dans la vie publique. Pour ses opposants, elle incarne un recul sociétal et un héritage politique controversé.
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.