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Tilly-Sabco à Guerlesquin.”Ils n’ont connu que cela”

18/07/2014 – 07H00 Guerlesquin (Breizh-info.com) – Depuis le début de la semaine, les salariés de Tilly-Sabco ainsi que les différents acteurs économiques dépendants de l’usine de Guerlesquin manifestent leur inquiétude et leur colère face aux menaces annoncées de cessation d’activité de l’entreprise. La question se pose désormais des solutions possibles et des perspectives pour le site de Guerlesquin qui emploie 335 personnes. Spécialisé dans les poulets surgelés halal destinés  au Moyen-Orient, les difficultés du groupe sont liées à la suppression, en 2013, des aides européennes à l’exportation (les restitutions), qui soutenaient la filière à hauteur de 55 millions d’euros par an.

Les responsables de Tilly-Sabco demandent, pour que l’entreprise perdure, des aides financières de l’Etat et/ou de l’Union Européenne afin de relancer la machine. Mais ces aides constituant “une atteinte à la liberté économique et au droit de la concurrence”,  ne sont plus admises aujourd’hui. Elles s’apparenteraient d’ailleurs à une simple “mise sous perfusion”. Deux autres options – la liquidation judiciaire et la fusion avec Doux – existent également.

Brandissant la menace du licenciement de 335 personnes, actuellement pour la plupart en chômage technique faute d’approvisionnement en poussins, les représentants de Tilly-Sabco et des syndicats de la filière ovine ont réussi à unir avec eux les salariés, inquiets pour leur avenir, l’usine permettant à de nombreuses familles de vivre dans le secteur.  Si pour le moment il n y a eu que des manifestations pacifiques ou le blocage d’un échangeur sur la RN12 à l’initiative des salariés, le mouvement pourrait donc rapidement se durcir.

A Guerlesquin, l’arrêt de l’activité de l’usine ne manquerait pas de provoquer un séisme économique, mais certains pensent déjà à la suite des événements afin de ne pas laisser mourir leur secteur géographique.
“Que l’usine ferme, finalement, ça ne serait peut-être pas un mal. Aujourd’hui, tout repose sur elle, plus personne – ni même les salariés – ne s’interroge sur les conditions de travail, les conditions d’abattage, et sur la qualité des aliments proposés par l’usine” déclare Patrick, habitant d’une commune voisine et militant écologiste. “Il est peut être temps que les pouvoirs publics et que les acteurs locaux en profitent pour faire de Guerlesquin et du secteur une vraie porte d’entrée vers le Parc Régional d’Armorique, avec des commerces, des entreprises respectueuses de la terre et d’une certaine éthique, entreprises dans lesquelles pourraient être reclassés les salariés de Tilly-Sabco”.

Certains anciens de la commune rappellent  que lorsque Jacques Tilly était maire de Guerlesquin et qu’il avait fondé l’usine de poulets, les salariés se voyaient proposer des maisons à proximité de l’usine, maisons qui leur étaient immédiatement retirées dès lors que ces derniers voulaient quitter l’usine.
“En réalité, si aujourd’hui les gens sont si attachés à Tilly-Sabco, c’est parce qu’ils n’ont connu que cela. C’est comme si vous enleviez la télévision a quelqu’un qui l’avait regardé toute sa vie. Vous savez, la révolte des salariés de Tilly-Sabco, c’est un peu comme ces jeunes filles qu’on séquestre pendant des années et qui défendent leurs bourreaux ensuite” tient à souligner Jeanne, qui a travaillé pendant des années au ramassage des poulets. “Aujourd’hui, je soutiens les salariés qui menacent d’être jetés d’une usine pour laquelle ils ont tout donné. Néanmoins, ça n’est pas l’usine qu’il faut sauver, c’est leurs emplois, ce qui est différent” ,tempère-t-elle.

Un avis qui peut surprendre, mais qui semble ici partagé au moins par une partie, les années “Tilly” du nom du fondateur de l’usine n’ayant pas laissé que de bons souvenirs dans la commune.

Vestige de l’âge d’or d’un certain modèle agro-alimentaire breton, la fermeture de l’usine Tilly-Sabco serait t-elle le point de départ d’un nouveau modèle de production raisonné et plus respectueux des hommes, des animaux et de la terre ?

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2014, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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