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Agriculture. Le « modèle breton » en question

30/12/2015 – 06H30 Bretagne (Breizh-info.com) – Des livres faisant le procès de l’agriculture industrielle, il en sort périodiquement. Mais la « lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture » présente la particularité de consacrer un chapitre à un paysan breton que les écoles connaissent bien : André Pochon, l’inventeur de la méthode du même nom.

Journaliste à Charlie Hebdo, Fabrice Nicolino a souhaité effectuer un parallèle entre Pochon et Michel Debatisse, ancien président de la FNSEA et ancien ministre de l’agriculture, deux activités très complémentaires.

Tous les deux ont le même point de départ – la JAC (jeunesse agricole chrétienne) – seule l’arrivée diffère. Ecologiste pour le premier, productiviste pour le deuxième. N’oublions pas que le système développé par la FNSEA a eu pour conséquence première l’extermination de la paysannerie bretonne.

La méthode mise au point par André Pochon présente l’avantage de combiner petite surface et rentabilité. Les résultats obtenus dans sa ferme montrent qu’il est inutile d’agrandir les exploitations, de mécaniser à outrance, et de produire toujours plus. Bref, il existe une autre façon de gagner correctement sa vie dans une ferme.

L’une des grandes trouvailles de M. Pochon, explique Fabrice Nicolino, « consiste à planter ses prairies – dans la tradition, on n’y touchait pas – avec un assemblage d’herbe ray-grass et de trèfle blanc. Le trèfle blanc est dans ces conditions un incroyable fortifiant, qui permet d’entretenir des prairies abondantes sans recours aux engrais azotés ».

La « méthode Pochon » propose également d’élever les porcs sur paille. Pochon rappelle les vertus de la paille qui, mélangée aux excréments des animaux donne du fumier contrairement à l’élevage hors sol qui produit du lisier. Or, ce dernier possède des propriétés agronomiques bien inférieures et pose des problèmes d’épandage. Les fermes qui suivent cette méthode ont des résultats économiques égaux, voire supérieurs aux fermes dites « conventionnelles » bien qu’elles perçoivent moins d’aide de la politique agricole commune (PAC). Par ailleurs, ces systèmes ont des performances écologiques bien supérieures : elles consomment beaucoup moins de produits phytosanitaires et d’engrais azotés.

Donc,nul besoin de maïs ou de soja transgénique qui se trouvent à la base de l’élevage intensif. Certes, les importations massives de ce dernier font le bonheur des ports de Lorient et de Brest puisque des millions de tonnes y sont débarquées, mais il n’est pas certain que la Bretagne y trouve son compte.

Avec la monoculture céréalière et l’élevage industriel, on a fini par perdre de vue le plus important : plutôt que de chercher à augmenter le chiffre d’affaires, il est préférable d’améliorer le résultat. Car l’inconvénient des intrants (aliments, engrais) est d’avoir un coût – coopératives et industriels ne travaillant pas gratuitement.

André Pochon résume la question ainsi : « l’alimentation en protéines de nos animaux dépend à 75% de l’importation du soja. Le monde agricole est responsable à 40% des gaz à effet de serre. Et pour compléter ce sinistre tableau, le vide des campagnes aggrave le chômage. Il y a donc urgence à sortir du modèle productiviste. »

Le hasard veut que André Pochon habite dans la circonscription de Marc Le Fur (LR), député de Loudéac et patron de la liste de droite aux élections régionales. La proximité aidant, M. Le Fur aurait pu songer à demander à M. Pochon de l’aider à rédiger son programme agricole.

Avec Pochon, on aurait eu droit à des idées originales, loin des recettes éculées de la FNSEA/ Mais cela aurait évidemment déplu aux agriculteurs productivistes qui constituent une partie de l’électorat de M. Le Fur. Si ce dernier gagne les élections, il ne lui viendra pas davantage à l’esprit d’embaucher Pochon comme conseiller agricole.

Pourtant, en trouver un bon s’impose car, en cas de victoire, Marc Le Fur prévoit de suivre « en direct » les dossiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire tant que durera la crise que traverse ces secteurs d’activité.

Mais interdiction de remettre en question le « modèle agricole breton ». Marc le Fur reprend donc le discours de la FNSEA : « inconscients du poids qu’ils faisaient peser sur nos éleveurs, les gouvernements successifs n’ont pas sur les protéger de l’excès de normes et des aberrations du droit du travail ».

Jean-Yves Le Drian n’entend pas se démarquer davantage de l’agriculture industrielle – celle qui fabrique les algues vertes sur les côtes bretonnes. Afin que nul n’en ignore, il a placé en quatrième position, sur sa liste des Côtes d’Armor, Olivier Allain, agriculteur à Corlay, mais surtout président de la chambre d’agriculture des Côtes d’Armor . Un homme du Système …

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine. 

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2 réponses à “Agriculture. Le « modèle breton » en question”

  1. Pikesse dit :

    Pochon est sacrément courageux…
    #agriculture

  2. Marie Martin dit :

    De quoi va t-il vivre le pauvre Xavier Beulin, Président de la FNSEA, Sofiprotéol, … l’escroc qui ruine les paysans et favorise l’agro-industrie en Bretagne et ailleurs.

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