20/05/2017 – 08H00 Rennes (Breizh-info.com) – Le mutualisme a du bon. C’est ce que doivent penser Jean-Pierre Denis, président du groupe Crédit mutuel Arkéa (dont le leader est le Crédit mutuel de Bretagne), et Ronan Le Moal, le directeur général. En 2015, ils avaient provoqué un tollé en obtenant une augmentation de leur rémunération d’un peu plus de 30%. En 2016, malgré les excellents résultats obtenus par Arkéa, ils n’ont été récompensés que par une hausse de 1,55%.
En effet, l’an passé, le groupe a réalisé un PNBA (produit net de bancassurance, équivalent du chiffre d’affaires) de 1,85 milliards d’euros, en progression de 4,1% par rapport à 2015. Le résultat net (bénéfice) s’établit à 336 millions d’euros, en hausse de 13,5% (Ouest-France, Bretagne, 07/03/2017).
On peut regretter qu’au cours de la conférence de presse où les deux dirigeants se sont félicités de cette « année exceptionnelle », ils aient oublié d’évoquer leur rémunération. Lors des assemblées générales des caisses locales, ce petit détail a également été escamoté. Dommage, car les sociétaires auraient été fiers d’apprendre qu’au titre de 2016, Jean-Pierre Denis recevra 1 599 931 euros, tandis que Ronan Le Moal percevra 1 284 960 euros. Les deux banquiers ne sont pas à plaindre : en huit ans, leurs émoluments ont quadruplé ! Pour les professionnels, ce niveau de rémunération est élevé pour une banque de 9 000 salariés (Le Canard enchaîné, 12/04/2017).
La bagarre avec la Confédération nationale du crédit mutuel (dirigée par le groupe CM 11-CIC, c’est-à-dire par les fédérations de l’Est) se poursuit allègrement. Fort logiquement, les Bretons ne veulent pas être avalés par ce machin, ce qui signifierait la perte de leur autonomie de décision. Denis et Le Moal consacrent donc une bonne partie de leur temps et de leur énergie à ce bras de fer. Ils y ont un intérêt financier évident. « Le 7 avril, le conseil d’administration d’Arkéa a approuvé à l’unanimité le versement envisagé pour les numéros 1 et 2 de la banque, avec un critère pour le moins surprenant : 12% de leur rémunération variable sont indexés sur « l’émancipation et la totale indépendance » de la banque envers la Confédération nationale du Crédit mutuel (CNCM) » (Le Canard enchaîné, 12/04/17).
Voilà qui est beaucoup plus parlant que les explications de Jean-Pierre Denis pour qui il n’est pas question de céder « à une quelconque forme de remise en cause de notre autonomie de la décision. » D’autant moins, rappelle le président, que « le cap a été clairement fixé » par les administrateurs des caisses locales souveraines (Ouest-France, Bretagne, 07/03/2017). Il ne reste plus qu’à informer ces derniers – les administrateurs des caisses locales souveraines – des rémunérations plantureuses que s’accordent les deux dirigeants. Car, évidemment, ils ne sont pas au courant.
Puisque nous sommes dans un organisme mutualiste, il serait intéressant de savoir le pourquoi et le comment des 1 599 931 euros versés au président. On croyait que l’activité de président était bénévole et désintéressée… La loi Sapin 2 permet-elle aux sociétaires, lors des assemblées générales, de s’opposer à ces rémunérations que certains jugeront pour le moins excessives ?
B. Morvan
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2 réponses à “Crédit mutuel de Bretagne. La rémunération des dirigeants n’est pas très « mutualiste »”
Très instructif , à quand un article comme celui-ci dans le Télégramme et dans Ouest France ??
Une belle blague le mutualisme dans le monde d’aujourd’hui de la banque et de la finance… Si au début c’était basé sur de vrais valeurs et une organisation plus vertueuse, ce n’est devenu qu’une étiquette marketing très rentable.