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Déstabilisation de l’Iran : l’offensive américaine

D’un côté, les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et Israël… de l’autre une nation qui trouve son origine dans plus de 2000 ans d’Histoire : l’Iran. L’antagonisme entre Washington, ses alliés et Téhéran prend de plus en plus des allures de guerre larvée depuis l’arrivée aux affaires de Donald Trump.

Une sorte de guerre par correspondance tantôt en Syrie, tantôt au Yémen ou en Palestine.

Il y a un an déjà le président étasunien retirait son pays de l’accord sur le nucléaire iranien dans lequel s’était engagé son prédécesseur Barack Obama. Depuis, pas une semaine ne passe sans déclarations en forme de provocation… des menaces… mais aussi le déploiement de toujours plus de forces armées dans la région.

Parmi les mesures prises récemment pour déstabiliser Téhéran, deux sont particulièrement marquantes : la première consistant à empêcher l’Iran de financer le Hezbollah au Liban, la seconde : la classification des pasdarans, les gardiens de la révolution comme organisation terroriste.

En asphyxiant Téhéran et en menaçant quiconque entretiendrait des relations économiques avec le pays, Washington a poussé le pays à réduire de moitié ses transferts d’argent en direction du Hezbollah. Conséquence, les salaires de ses membres ont été amputés… une manœuvre visant clairement à affaiblir cette organisation militaro-politique. Un affaiblissement financier du Hezbollah n’est pas sans conséquence. En effet outre son aspect militaire, le Hezbollah, parti de Dieu littéralement, a un rôle social central au Liban finançant notamment des centres médicaux et fournissant des services aux populations les plus démunies. En plus de la diète imposée via l’Iran, Washington a coupé d’autres sources de revenus de l’organisation comme les transferts bancaires issus des diamantaires libanais d’Anvers ou de la diaspora chiite d’Afrique. Des bailleurs de fonds du Hezbollah sont mêmes chassés un peu partout dans le monde avec des arrestations de personnes jusqu’au Paraguay.

Et la traque va même plus loin, comme le rapporte le journaliste George Malbrunot, une banque a été contrainte de fermer les comptes d’un avocat chrétien car ce dernier aurait perçu des honoraires pour avoir défendu des militants du Hezbollah… au détriment des droits de la défense les plus élémentaires.

Mais si les temps sont dure pour le Hezbollah, les liens de l’organisations se sont resserrés à la faveur de la guerre contre Daesh et aucun signe d’effondrement n’est pour le moment perceptible. Le but premier de Washington, à défaut d’anéantir le groupe serait de limiter son action au Yémen ou en Syrie.

Le bras de fer entre le Hezbollah considéré comme un allié indéfectible de Téhéran et les Etats-Unis risque en tout cas s’inscrire dans la durée…

Autre attaque, pas indirecte cette fois : la classification des pasdarans comme organisation terroriste.

Pour rappel les pasdarans, les gardiens de la révolution islamique en Iran sont une force indépendante visant à préserver les acquis de la révolution par divers moyen, militaire notamment. Pour l’expert iranien Hamze Safavi, cette mesure absurde est contreproductive pour les Etats-Unis et pourrait même renforcer les pasdarans.

En effet en s’attaquant à ces forces qui n’ont aucune caractéristique terroriste et qui revêtent un caractère symbolique fort pour les iraniens, les Etats-Unis ont réussi à souder la quasi-totalité des députés de la Nation Perse, toutes tendances confondues… le mardi 9 avril au lendemain de l’annonce étasunienne, en signe de soutien les élus sont presque tous venus au parlement en tenue militaire verte, parmi eux, des députés réformateurs habituellement ouvertement opposés aux Gardiens de la Révolution.

En qualifiant les pasdarans de terroriste, Washington a même réussi le coup de force de rapprocher le président modéré Hassan Rohani des Gardiens de la révolution ! Les pasdarans, au nombre de 130 000 et divisés en 4 forces : terrestre, maritime, aérienne et extérieure, ont, outre leur rôle à proprement parlé militaire, ont une place incontournable dans la vie politique et économique du pays.

Très populaires auprès du peuple, ils furent les premières forces étrangères mobilisées pour aider l’ancien ennemi irakien à combattre l’Etat Islamique.

En plus de souder la classe politique, l’annonce américaine vient un peu plus entacher l’image de ses dirigeants accusés d’avoir favorisés l’avènement de Daech. Finalement, cette classification terroriste renforce la révolution islamique et prouve comme le défendent les Gardiens de la Révolution que la politique de main tendue en direction de l’occident est pour le moment vouée à l’échec… comme cela a été le cas avec l’accord sur le nucléaire.

En outre, l’imprévisibilité de l’actuel président américain encourage une plus grande présence sécuritaire régional… un avis auquel s’est résigné le gouvernement pourtant initialement très ouvert sur l’occident.

Ainsi Washington entend frapper les intérêts iraniens dans la région en s’attaquant au Hezbollah et les intérêts intérieurs du pays en s’attaquant aux Gardiens de la Révolution… ces mesures, parfois contre productives contribuent à souder les iraniens et plus généralement les chiites et pourrait, à long termes se trouver très préjudiciables pour les Etats-Unis.

L’Europe, qui a mis en place un timide système de troc baptisé Instex qui vise à poursuivre ses échanges avec l’Iran en contournant les sanctions de Washington, s’avère une nouvelle fois spectateur du jeu international. Incapable de tenir tête aux Etats-Unis dans le dossier du nucléaire, Bruxelles tout comme les Etats européens pris séparément n’ont ni le pouvoir ni la volonté de contrevenir aux directives venues de Washington.

Alors que Donald Trump se montre de plus en plus menaçant à l’égard de certains de ses partenaires comme la Chine, que la Russie est toujours sous le coup de sanctions économiques, l’avenir de l’Iran pourrait bien, résolument ne pas se trouver du côté de l’Occident.

Via tvlibertes.

Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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