Un nouveau point d’interrogation, énorme, a été ouvert cette semaine par la revue britannique Nature. Il est dérivé du compte-rendu de deux observations de campements archaïques dans le nord-est de la Sibérie, au lieu dit Yana Rhinoceros Horn Site connu depuis 2001.
La datation des habitats régionaux y a été d’un coup bouleversée. Jusqu’alors, les paléontologues s’entendaient autour d’une occupation remontant à quelque 10 000 ans. Mais des fouilles récentes ont mis en évidence des dents d’adolescent datables de 30 000 ans, ce qui correspond à un triplement de l’ancienneté de l’occupation.
Jusque- là, pas de quoi s’alarmer. Sauf que… Sauf que l’analyse génétique montre que la population propriétaire de ces dents est, pour l’heure, totalement inconnue. Ni cro-magnon, ni néandertal, ni surtout denisova par ailleurs présente dans la région sibérienne étendue… Alors qui ?
Jusqu’ici, les découvertes de groupes ethniques génétiquement nouveaux montraient des histoires avec croisements et des échanges de matériaux géniques avec des populations déjà connues. Avec les dents de Yana RHS aux origines inconnues, voilà qu’une mystérieuse ethnie se cache derrière le rideau avec une question lancinante : qu’est-ce qu’une population vieille de 30 000 ans, débarquant de nulle part, occupant les lieux bien identifiés et n’échangeant rien avec personne durant cette longue période ?
Jean-François Gautier
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