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La vente de l’atelier du sculpteur breton Jean Fréour remporte un vif succès

Le 30 juillet avait lieu à Batz sur Mer la vente aux enchères exceptionnelle de plus de deux cent sculptures de Jean Fréour décédé en 2010 à l’âge de 91 ans. Celui-ci avait fait partie du mouvement artistique breton des Seiz Breur en 1944, il en fut le dernier membre. Il avait sculpté toutes sortes de matériaux, le schiste, le marbre, le granit, l’onyx, la pierre bleue de Nozay ou des bois venus d’Afrique, comme l’izombé. Il avait aussi réalisé  des statues en bronze. On peut voir en Loire Atlantique des sculptures de Fréour dans de nombreuses communes. La plus célèbre est celle d’Anne de Bretagne devant le château des Ducs à Nantes .

Ces dernières années plusieurs expositions lui ont été consacrées, en particulier au Croisic. Sculpteur figuratif, le corps de la femme, l’art sacré et la Bretagne furent ses principales sources d’inspiration.

Internationalement reconnu, Fréour, dont l’atelier était dans sa demeure de Batz, était un homme discret qui refusait tout travail journalistique .En 1972, FR3 lui avait pourtant consacré un  intéressant reportage.

L’artiste avait souhaité gardé de nombreuses pièces auprès de lui dans son atelier resté intact jusqu’à ces jours derniers. Ce sont ces sculptures que ses héritiers mettent en vente aujourd’hui  par l’intermédiaire de l’étude Adjug’art de Me Cosqueric à Brest.

Une belle bousculade

Alléchée par les estimations très faibles du catalogue produit par Me Cosquéric, une foule très nombreuse, constituée majoritairement d’habitants de Batz sur Mer, de Loire Atlantique et des autres départements bretons, se pressait dès 13 heures à la porte de la salle des fêtes où avait lieu la vente. Comme rien n’avait été organisé pour la canaliser cela commença par une belle bousculade. La salle n’était pas à la dimension de cette masse, sièges et allées étaient occupés empêchant tout passage.

Le commissaire-priseur, voyant qu’il ne pourrait commencer la vente dans des conditions normales de sécurité, demanda à des  personnes qui avaient patienté une heure devant la porte de se lever pour faire de la place en leur enlevant leur siège. Des personnes âgées, se retrouvèrent debout alors que des personnalités locales, arrivées au dernier moment, étaient confortablement assises aux premiers rangs.

 Après une demi heure de palabres, la vente débuta avec un fort retard. Me Cosquéric prit tout son temps étant lui-même au téléphone. Au bout d’une heure seuls 26 lots sur 226 étaient attribués !  Finalement, une accélération en fin de vente lui permit de clôturer  peu avant 22h. De nombreuses personnes avaient du partir avant, se privant de la possibilité d’acheter le lot escompté.

 Ce retard s’explique par l’immense écart entre la mise à prix des lots sur la base d’estimations très basses et du prix final qui atteignit souvent 5, 10 ou parfois même 20 fois le montant de celles-ci !

Quel que soit le matériau utilisé, les œuvres atteignirent un prix record y compris les plâtres d’atelier , ainsi une « vierge à l’enfant » et un « saint homme » furent adjugés à 1500 € pour une estimation de 120 et « le marquis de la Rouerie » étude pour un monument de Fougères s’envola à 3 700 € au lieu de 250 !

Mais ce sont surtout les bronzes de grande qualité qui établirent des records, comme le « jeune éphèbe » acquis à 13 500 € ou « L’aurore » fonte à la cire perdue de Valsuani  pour 17 200 €.

C’est « Anne de Bretagne » la sculpture en bois et copie de la statue nantaise qui établit un record : 24 000€ pour une évaluation de 1000€ ! Mais les marbres aussi ne furent pas en retrait. Ainsi le « Mystère » une sculpture en marbre de Fiésole estimée 700 € devait s’envoler à 21 000 €. Signalons aussi le record établi pour une petite sculpture  en albâtre (22 cm) mystérieuse et fort érotique qui atteint  le prix de 9 300 euros pour une estimation de 500 euros.

À noter que le Musée des marais salants et la Mairie de Batz se portèrent acquéreurs de plusieurs lot -qu’ils en soient félicités- comme une sculpture sur bois « La flèche, femme élancée », et un un grand fusain sur papier « homme de Batz », prouvant que Jean Fréour était aussi un remarquable dessinateur.

Beaucoup de musées se sont aussi intéressés à cette vente regroupant des pièces qu’il n’avait jamais voulu vendre et qui  représentaient pour lui l’essentiel de son œuvre.

Si, lors de la vente, peu de  sculptures sont restées accessibles, pour quelques centaines d’euros, aux amateurs modestes, Jean Fréour l’artiste ermite, attaché à sa terre, à son peuple et à sa foi – il aurait eu 100 ans cette année, est désormais une valeur reconnue et partagée.

François Cravic

Crédit photo : DR et Evstafiev/Wikimedia (cc)
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