Le 1er décembre 2019, trois lyonnais déjà défavorablement connus des services de police avaient été arrêtés dans le quartier « sensible » de la Bottière à l’est de Nantes pour trafic de drogue. Deux cent grammes de cocaïne et 15.000 € en liquide avaient été retrouvés chez eux. L’un des coursiers livreurs de ce réseau demandait ce 11 février sa remise en liberté, à Rennes.
Le micro-réseau comprenait un grossiste, un homme qui gérait le centre d’appel 24/24 et deux coursiers qui livraient, en Uber, pour une trentaine de ventes quotidiennes, livrées de 13h30 à 2 heures du matin dans le centre-ville. Le grossiste avait été interpellé à son tour mi-janvier. Dans l’attente du jugement, les divers protagonistes sont en détention provisoire.
L’un des coursiers, en situation irrégulière, demandait sa libération ce 11 février. Le gain moyen du réseau, chaque jour, était de 2200 € pour une trentaine de ventes de 0.5 à 5 grammes [de 40 à 400€ à la revente] ; sur les deux mois où a porté l’enquête, l’ampleur du trafic a été estimée par les services enquêteurs à près de 150.000 € de gains. Nets d’impôts évidemment. Une trentaine de clients réguliers ont été identifiés par les forces de l’ordre, et convoqués.
Si les profits journaliers étaient importants, pas de quoi donner des conditions de vie digne au coursier, qui dormait à même le sol sur un matelas, pas de ressources propres et pas de perspective de régularisation. Ce qui n’empêche pas la chambre de l’instruction de Rennes, ce 11 février, de refuser sa demande de remise en liberté.
« L’emploi de clandestins nord-africains est courant dans le deal de drogue sur Nantes, on en voit de plus en plus qui charbonnent [dealent] même dans les quartiers, d’ailleurs souvent ils logent chez des compatriotes mieux insérés ou en situation régulière dans ces mêmes quartiers, ou d’autres », commente un policier nantais. « Les dealers ne sont pas idiots, ils préfèrent que d’autres portent les risques, et ils savent que c’est une main d’œuvre docile, d’autant que beaucoup d’entre eux consomment de la drogue ».
Louis Moulin
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