Malgré la venue du Premier ministre Jean Castex, du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, l’enquête ne semble pas avancer à grands pas sur l’incendie – probablement criminel – qui a touché ce samedi matin la cathédrale de Nantes. Des pertes irréparables ont cependant été subies par le monument, notamment le grand Orgue 17e-18e, un tableau d’Hippolyte Flandrin (Saint Clair rendant la vue à un aveugle, 1836) et des vitraux 15e rescapés du grand incendie de 1972 et des bombardements.
Les musicophiles de tous les pays sont en deuil : le dernier grand orgue pré-révolutionnaire d’une cathédrale française est parti en cendres, avec des millions d’argent public envolés en fumée. Le grand orgue était en effet l’œuvre des facteurs Girardet (1621) et Clicquot (1784) avant d’être restauré et relevé en 1956 par Beuchet. Seuls en restent quelques fragments calcinés, au-dessus d’une tribune 17e qui menace ruine. Des débris sont tombés jusque devant les portes.
The last major pre-Revolution organ constructed in France now completely destroyed. pic.twitter.com/2SbswB9JSY
— Peter Anthony (@FrPeterAnthony) July 18, 2020
En revanche l’orgue de chœur est intact, mais il a eu chaud. Deux autres foyers ont en effet été allumés de part et d’autre de l’autel, et des stalles ont brûlé. Les lancettes, qui subsistaient de la verrière de la fontaine de Vie, offerte par Anne de Bretagne en 1499 et intégrées à la vitre située en façade, ont aussi été détruites – ladite vitre a éclaté sous la chaleur des flammes. Au chapitre des destructions, des ornements de pierre fragilisés par les flammes – un pinacle a déjà été déposé.
incendie à la cathédrale de Nantes : perte manifeste des lancettes qui subsistaient de la grande verrière de la Fontaine de vie offerte en 1499 par Anne de Bretagne, introduite par sainte Anne à gauche, face à Marguerite de Foix introduite par sainte Marie-Madeleine https://t.co/Xx7MO7rKuB pic.twitter.com/tCiMePn7w1
— Elliot Adam (@madatoille) July 18, 2020
S’il n’y a pas de trace d’effraction au niveau des accès extérieurs, selon un bénévole de la cathédrale, la sortie de secours de la Cathédrale aurait été actionnée cette nuit. D’autres riverains font état d’un déclenchement intempestif du carillon cette nuit vers quatre heures du matin – une information qui ne nous a cependant pas été confirmée par les plus proches voisins de la cathédrale, qui dormaient à poings fermés et n’ont rien entendu.
« Se faire enfermer dans la Cathédrale n’est pas impossible », relève un autre ex-bénévole de la Cathédrale. « Lorsqu’on ferme, on n’inspecte jamais tout, par exemple les confessionnaux ou les recoins des chapelles ». Préposé au fleurissement, un autre paroissien constate qu’il y a « beaucoup de vols et de vandalismes, même si on n’en parle jamais. Par exemple on fleurissait les autels le vendredi, et le samedi il arrivait qu’il n’y ait plus rien déjà ».
La thèse accidentelle n’est cependant pas encore écartée – un expert devrait venir de Paris inspecter l’installation électrique, par laquelle le feu semble s’être propagé. Comme dans beaucoup de monuments religieux ou historiques, l’installation électrique a été faite en plusieurs tranches, au gré des travaux et de l’histoire, et représente dans certaines églises un vrai capharnaüm.
Cependant, sur les réseaux sociaux, la thèse d’un court-circuit à trois endroits différents éloignés de plusieurs dizaines de mètres qui aurait incendié la Cathédrale de Nantes semble susciter autant de scepticisme que celle, un temps officielle, du mégot qui aurait mis le feu à la cathédrale Notre-Dame de Paris. L’hypothèse d’un court-circuit parti de l’orgue en bois a en effet été avancée par les pompiers… mais comment expliquer les départs de feu près de l’autel à l’autre bout de la cathédrale ?
? Alors que #notredamedeparis a eu le droit au coup de la cigarette, la #Cathedrale de #Nantes aura le droit au court circuit !
Décidément, on est pas à court d’idée !#nantescathedral #pompiers
— Anthony Huck (@UPR_huck) July 18, 2020
D’autant que la liste des églises catholiques qui brûlent ne cesse de s’allonger… dans l’indifférence totale des médias mainstream , des hommes et femmes politiques et du gouvernement.
Le #catholicisme visé en plein coeur dans un pays qui était autrefois la “fille aînée de l’#Eglise“.
Le #catholicisme âme de la #France.
Il est temps de remettre l’#Eglise au milieu du village. #Nantes #nantescathedral
===> @AcademiaChristi pic.twitter.com/Y7qSoy9me0— Guyl le Parigow (@GuylParigow) July 18, 2020
Louis-Benoît Greffe
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