Sur l’île de Sein, en juin 1940, malgré son jeune âge, le jeune Fanch est bien décidé à traverser la Manche, comme ceux de son village, pour continuer le combat en Angleterre.
Sur l’île de Sein, à l’occasion du catéchisme, le curé de l’île de Sein raconte un épisode historique. Il y a bien longtemps, le gouverneur royal de Bretagne demanda l’évacuation de cette une île qui n’avait aucun intérêt à ses yeux. Les Sénans refusèrent. Ils répondirent qu’ils devaient y demeurer par fidélité à leur terre.
Mais en juin 1940, la guerre est aux portes de Brest. Rennes et Brest sont déjà tombées aux mains de la Wehrmacht. L’île de Sein continue à vivre normalement. L’appel du 18 juin lancé de Londres, quatre jours plus tôt, par le général de Gaulle, est rediffusé sur le poste radio de l’hôtel de l’Océan. Habitués aux tempêtes, les Sénans, pêcheurs pour la plupart, se concertent. Leur devise est « Plutôt la mort que la souillure ». Refusant de plier sous le joug de l’occupant, ils décident de rejoindre les Forces françaises libres.
Fanch, âgé d’une quinzaine d’années, aide sa mère qui s’occupe seule de la maison et des terres depuis que son mari est mort en mer. Souhaitant devenir marin comme son père, il aime rendre service aux pêcheurs en apportant des poissons au curé. Mais il semble également décidé à défendre son pays, comme les hommes plus âgés.
Tous vont se rendre en Angleterre sur leurs petits bateaux de pêche. Leurs proches ne reverront les survivants que cinq ans plus tard.
Ce huitième tome de la série « Les compagnons de la libération » est ainsi consacré à l’île de Sein. Spécialisé dans la bande dessinée historique (François-Ferdinand, Verdun, Les taxis de la Marne…), déjà auteur pour cette série des volumes consacrés à Leclerc, Jean Moulin et Philippe Kieffer, le scénariste Jean Yves le Naour imagine des personnages certes fictifs, mais inspirés des Sénans de l’époque. Louis Fouquet, dernier des marins libres de Sein, est mort en 2018, à 92 ans. Cet album a ainsi pour héros un adolescent de 15 ans qui, malgré les réticences de sa mère, se joint aux pêcheurs qui répondent à l’appel du Général de Gaulle. Pour continuer la lutte contre l’occupant allemand, presque tous les hommes de l’île de Sein en âge de combattre s’embarquent pour l’Angleterre. 128 Sénans rejoignent les forces françaises libres à Londres, représentant alors un quart des français. Cette mobilisation exceptionnelle est saluée par le Général De Gaulle qui énonce cette phrase restée célèbre : « L’île de Sein c’est un quart de la France ». En 1946, Sein est faite « Compagnon de la Libération » des mains du général de Gaulle. C’est l’une des cinq communes à obtenir ce titre avec Nantes, Grenoble, Paris et Vassieux-en-Vercors. Le scénariste montre bien la volonté des Sénans de ne pas se soumettre.
Dessinateur des séries historiques Les Chemins de Malefosse, Le fou du Roy, Ninon Secrète, Le Lys Noir, Brice Goepfert décrit avec justesse les émotions de ces courageux marins. Son trait réaliste restitue l’île de Sein à cette époque, ses bâtiments, les costumes traditionnels, le phare Ar-Men… On remarque que l’église paroissiale Saint-Collodan n’a pas encore son clocher, édifié en 1963. Mais bien sûr, les deux menhirs, appelés « les causeurs », y figurent. Le dessinateur explique que le plus difficile a été de dessiner les bateaux réels de ces marins (comme l’Ar Zénith), les clichés étant rares et souvent flous. On reste surpris qu’il se soit trompé en dessinant non pas l’ancien phare, construit en 1839 et détruit en 1944, mais le grand phare de l’île de Sein édifié en 1950, même s’ils se ressemblent fortement. La mise en couleurs de Fabien Blanchot est réussie.
Kristol Séhec
Les Compagnons de la Libération – L’île de Sein, 14,50 €, 46 pages. Un cahier historique figure en fin d’album. Grand Angle.
Illustrations : DR
[cc] BREIZH-INFO.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Une réponse à “Les Compagnons de l’île de Sein (bande dessinée)”
les hommes de 40 avaient la vérité et l’honneur collée au corps, aujourd’hui ?