Les drapeaux sont en train d’être interdits dans les nouveaux lotissements d’Irlande du Nord en raison d’un texte juridique de plus en plus souvent inséré en petits caractères dans les contrats des propriétaires. Les promoteurs privés incluent de plus en plus souvent dans les actes de transfert une clause qui empêche les acheteurs de déployer des drapeaux ou d’installer des mâts de drapeaux, ont déclaré des experts immobiliers au journal Belfast Live. Une tradition communautaire contre laquelle luttent désormais les promoteurs immobiliers.
Les propriétaires peuvent faire l’objet de poursuites judiciaires s’ils enfreignent la clause restrictive, qui les avertit “de ne pas apposer sur l’extérieur des locaux ou d’afficher sur les locaux tout drapeau ou mât de drapeau”. Un agent immobilier a déclaré que les promoteurs immobiliers “veulent obtenir les meilleurs prix pour leurs maisons” en s’assurant qu’elles sont “sans drapeau”.
Les drapeaux et les emblèmes restent très affichés dans les quartiers populaires des différentes communes, mais controversés au sein des communautés divisées d’Irlande du Nord, les politiciens du Parlement nord Irlandais se débattant depuis de nombreuses années sans parvenir à trouver un consensus. Un rapport du Stormont, longtemps retardé, d’un montant de 800 000 livres, visant à aborder les divisions culturelles, a été publié en décembre dernier, mais il n’a pas permis de trouver un accord sur le traitement de nombreuses questions relatives aux drapeaux.
Lauren Burns, avocate spécialisée dans l’immobilier et partenaire de Wilson Nesbitt, a déclaré que la clause relative aux drapeaux est l’une des nombreuses clauses restrictives qui peuvent être incluses dans les actes de transfert. “Le promoteur veut que le projet ait un certain aspect et c’est l’une des clauses restrictives qu’il insère pour s’assurer qu’il continue à avoir un aspect spécifique”, a-t-elle expliqué. D’autres clauses peuvent inclure des restrictions sur la couleur de la peinture de la maison et sur l’endroit où il est permis d’installer une antenne parabolique. Ces clauses sont toutes destinées au promoteur afin de préserver l’apparence du lotissement et à ne pas entrainer sa catégorisation dans telle ou telle communauté.
Toutefois, à la question de savoir si les drapeaux revendiquant une appartenance communautaire faisaient baisser les prix de l’immobilier, aucune étude sérieuse ne le démontre. Plus de deux décennies après la fin des Troubles, le fait que des promoteurs immobiliers veuillent mettre le nez dans les questions culturelles et politiques semble particulièrement symbolique. Cela fait également suite aux nombreuses peintures murales guerrières effacées, ou modifiées (comme à l’entrée du bastion loyaliste de Sandy Row) par les autorités en relation avec les communautés locales dans le but d’un affaissement des tensions communautaires.
Illustrations : DR
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine