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Sans Mario Draghi aux manettes, l’Italie va t’elle sombrer ? 

Comme on pouvait s’y attendre, avec la démission jeudi dernier de Mario Draghi, le désormais ex-Président du Conseil des ministres italien, les pires annonces de cataclysmes sont arrivées.

Sans Mario Draghi à la tête de la nation de Dante, ce serait la porte ouverte aux populistes et le retour du fascisme, une crise de la dette qui fera sombrer la zone euro, l’attaque assurée des marchés qui anéantira l’Italie. Et tous les médias de grand chemin de titrer à l’unisson quel indispensable et efficace Premier Mario Draghi fut, renvoyant dans les oubliettes leur fonction première de contre-pouvoir. Et puis tant pis si la gestion de la crise du Covid-19 a été désastreuse, tant pis pour l’inflation (+2,6%) qui a subi la plus forte hausse des dernières dix années, tant pis pour la baisse drastique de création d’entreprises (-8,6% sur le premier trimestre 2022) et surtout pour l’augmentation de 43,6 % de fermeture d’entreprises en 2021. Si, en ces dix-sept mois de “gestion” – puisqu’en Occident il ne s’agit plus de guider les nations, mais de les gérer – le gouvernement de Mario Draghi a fait précipiter le pays encore plus dans le marasme, vous n’en trouverez guère mention dans ces mêmes médias.

Mario Draghi, l’énième pro de la finance au pouvoir 

L’homme, professeur d’économie, banquier, ex-cadre de la controversée banque Goldman Sachs, membre du groupe Bilderberg, ex-gouverneur de la Banque d’Italie, avait inauguré en 1991 sa fonction de directeur général du Trésor en lançant une vaste politique de privatisation massive des industries phares de l’économie italienne, tels les fournisseurs d’énergie et de télécommunications. En 2011, alors qu’il s’apprêtait à prendre ses fonctions à la Présidence de la BCE, il adressait au gouvernement de Silvio Berlusconi une lettre secrète ressemblant fort à un diktat, préconisant une accentuation des réformes libérales, notamment par l’assouplissement de la législation sur les licenciements, des privatisations, et la baisse des salaires des fonctionnaires. 

Fort de ce curriculum – si l’on peut dire – c’est lui qui, dix ans plus tard, est chargé par le Président de la République Sergio Mattarella de former une coalition d’union nationale – outrepassant une nouvelle fois la volonté populaire – pour sortir de la crise de gouvernement qui s’était ouverte et surmonter l’urgence sanitaire et économique. Il entre en fonction en février 2021.

La démission 

Privé de majorité claire ayant perdu le soutien du Mouvement 5 étoile, – le M5S, parti né antisystème normalisé une fois au pouvoir, – qui ne vote pas la confiance au Parlement, Mario Draghi dépose le 14 juillet dernier, sa démission auprès du Président de la République qui, dans un premier temps, la refuse. Mais quelques jours plus tard, c’est au Sénat qu’il perd de nouveau la confiance et le chef de l’État ne peut que prendre acte de sa démission le chargeant toutefois de rester en poste pour régler les affaires courantes. S’il jouit encore d’une faible majorité, Mario Draghi a estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour gouverner. Des désaccords avec la tête du M5S sur les politiques envers les classes les plus modestes et la transition écologique jugées trop faibles, l’envoi d’armes à l’Ukraine et la construction d’un incinérateur pour tenter de mettre fin à la crise des déchets que traverse la capitale, auront eu raison de la coalition. 

Le Parlement est dissout et les élections, qui devaient avoir lieu à la fin de l’année, sont anticipées au 25 septembre. 

Des perspectives… pas vraiment révolutionnaires 

S’il est vrai que le retour aux urnes pourrait sanctifier la montée en puissance d’une coalition de droite, – alliant Fratelli d’Italia, le parti de la conservatrice Giorgia Meloni que les sondages placent en tête des personnalités politiques les plus populaires de la péninsule, à la Lega de Matteo Salvini et la droite libérale de Silvio Berlusconi,- considérer que le vainqueur des élections pourra gouverner est un leurre. 

Car la grande réalisation du gouvernement Draghi est la mise en place du PNRR, le Plan National de Relance et de Résilience, qui permet à l’Italie de pouvoir prétendre aux ressources du Plan de Relance Européen 2020, le « Next Generation EU », visant à pallier les conséquences économiques et sociales de la pandémie de Covid-19,une structure – bureaucratique, donc échappant au processus électoral – capable de lui survivre et de conditionner les décisions de toutes les majorités possibles d’ici au moins à 2026, quand la dernière tranche sera versée. Un pilote automatique blindé à double tour”, comme l’explique Filippo Burla du quotidien Il Primato Nazionale. Et de continuer : “La mission a été accomplie avec un certain succès et maintenant l’affairiste peut se retirer. Juste à temps pour quitter le navire avant l’arrivée d’un iceberg qui ressemble à un fantomatique “bouclier antispread“, ce Transmission protection instrument récemment lancé par l’Eurotower qui promet de nous mettre encore plus sous tutelle.” 

Donc, une structure dictant comment dépenser les fonds alloués par l’Union Européenne. Ce qui pourrait sembler presque légitime si ces fonds alloués ne provenaient pas à l’origine des caisses italiennes.  Avec ou sans élections, force est de constater que la dérive des démocraties occidentales vers la simple administration technique se confirme une fois de plus.

Audrey D’Aguanno 

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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6 réponses à “Sans Mario Draghi aux manettes, l’Italie va t’elle sombrer ? ”

  1. georges goodman dit :

    Une vraie tête de FdP ce mec

  2. Pschitt dit :

    De quoi Draghi est-il le nom ? D’une coalition politique extraordinaire dans un pays comme l’Italie. Le problème n’est pas que Draghi parte, c’est que cette coalition ait disparu.

  3. FEDYCKI GHISLAINE RENEE dit :

    pas lu encore mais MARIO abandonne le navire ????
    au revoir Boris au revoir Mario et oui ça commence a prendre conscience que LA TERRE TOURNE TOUJOURS et qu’un clou chasse l’autre mais hélas on allons nous allez ???
    UN MOT QUE JE DETESTE ECONOMIE on ne sais pas plus se projeter dans l’avenir on ne pense que RENTABILITE
    OUI NOUS AVONS EU DES TEMPS DURS ET DIFFICILES AU TRAVAIL MAIS
    LA CIGALE ET LA FOURMI
    LE LABOUREUR ET SES ENFANTS
    PERETTE ET LE POT AU LAITN
    NOTRE BON LAFONTAINE AU SECOURS !!! SAINT AUGUSTIN SAINT FRANCOIS DE SALES AIDEZ NOUS
    c’est sans doute les gênes de ma grand mère Yvonne VOUS N’aurez pas ma liberté de penser !!!

  4. BOURGIN dit :

    “Populistes” mon c.. !. Et comment pourrait-on nommer ceux que l’on appelle “progressistes” ? Qui est progressiste (dès lors que tout le monde est pour le “progrès” si on lui laissait les moyens de “progresser”) ? En quoi il l’est ? Tout ce que font ceux qui s’autoproclament “progressistes” c’est d’empêcher les “conservateurs” de penser à leur manière (et non suivre “bêtement” comme un troupeau bêlant et artificiellement engraissé la “bien-pensante” et la “bien agissante”) , de vivre à leur manière, d’évoluer (“dans le progrès” et non “dans la régression”) à leur manière.

  5. Yvette Prétet dit :

    Les Italiens en ONT MARRE de ces musulmans qui les envahissent et les prochaines législatives vont ramener ”l’extrême droite” au pouvoir!

  6. patphil dit :

    les populistes au pouvoir, c’est l’inflation, la hausse des prix, etc. tiens je ne savais pas qu’ils étaient au pouvoir !

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