Monde multipolaire. Une vingtaine de pays souhaitent désormais rejoindre les BRICS

Bien que le monde occidental tente de se persuader que la Russie est isolée sur le plan international après avoir lancé une opération militaire spéciale en Ukraine il y a plus d’un an, le nombre de pays exprimant leur intérêt à rejoindre les BRICS continue d’augmenter. Selon le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, une vingtaine de pays souhaitent rejoindre les BRICS. Parmi eux figurent l’Algérie, l’Argentine, l’Égypte, l’Iran, le Mexique, l’Arabie saoudite, la Turquie et un certain nombre de pays africains.

« Il convient de mentionner qu’au cours des deux dernières années, y compris pendant la première année de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine, le nombre de pays souhaitant rejoindre les BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai a considérablement augmenté. À l’heure actuelle, ils sont une vingtaine », a déclaré M. Lavrov lors d’une réunion avec les chefs de bureau régionaux du ministère russe des affaires étrangères.

Le ministre russe des affaires étrangères a également déclaré que Moscou a réussi à déjouer les plans de l’Occident visant à isoler la Russie en augmentant la coopération avec la plupart des autres pays du monde.

« Les tentatives de l’Occident d’imposer sa volonté à tous les autres, d’imposer ses prétendues règles sur lesquelles il veut établir et maintenir un ordre pro-occidental sont totalement futiles et absolument sans espoir« , a-t-il ajouté.

Il convient de rappeler que M. Lavrov s’est rendu en Afrique du Sud le 23 janvier à une réunion qui a permis de « renforcer les relations déjà bonnes » entre les deux pays dans un  contexte marqué par les tentatives de Washington de contenir l’influence russe en Afrique, notamment en ce qui concerne la politique relative à la guerre en Ukraine.

L’Afrique du Sud est l’un des pays les plus influents du continent et a rapidement rejeté les pressions américaines concernant ses relations avec la Russie. Mme Pandor a même critiqué l’utilisation par Washington de « tactiques d’intimidation« . Elle a cité le Countering Malign Russian Activities in Africa Act, qui a été examiné par le Congrès américain l’année dernière, comme un exemple de « tactiques d’intimidation ». Ce projet de loi n’a pas vu le jour, notamment en raison des objections de la Communauté de développement de l’Afrique australe, composée de 16 membres et dirigée par l’Afrique du Sud, mais sa simple menace d’existence a suffi à renforcer les soupçons déjà existants à l’encontre des États-Unis sur le continent.

D’ordinaire, on pourrait supposer que la Russie et l’Afrique du Sud ont peu de choses en commun, mais leur appartenance commune aux BRICS les place dans un partenariat où ils ont des intérêts mutuels à défendre leur propre souveraineté contre la pression occidentale.

Les BRICS décideront cette année de l’admission ou non de nouveaux États membres dans le bloc, qui verra sûrement un changement de nom puisque le nom actuel est une abréviation des États membres actuels – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Il est probable qu’un mécanisme d’admission de nouveaux membres sera mis en place, d’autant plus qu’il existe un grand intérêt pour une force politico-économique alternative à l’unipolarité américaine, dont la propre influence décline sur la scène mondiale.

Les membres des BRICS se caractérisent par le fait d’être des pays en développement et/ou industrialisés dotés d’économies importantes et émergentes, en plus de représenter plus de la moitié de la population mondiale. Les cinq membres du bloc ont un produit intérieur brut combiné équivalent à 13 600 milliards de dollars et leurs réserves de change totales s’élèvent à 4 000 milliards de dollars.

Compte tenu de l’utilisation excessive des sanctions comme arme économique par l’Occident, les BRICS sont en train de créer leurs propres institutions financières pour défier la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Cela présente un intérêt considérable pour les pays sanctionnés, d’où les demandes d’adhésion de l’Iran et de la Turquie.

Il est évident que la richesse et le pouvoir des membres des BRICS augmentent, et en admettant de nouveaux membres, le prestige et l’influence du bloc ne feront que croître et serviront de force économique aux pays qui cherchent à s’affranchir de l’hégémonie occidentale. Pour faire avancer ce processus, la Nouvelle banque de développement a été créée par les BRICS pour faire contrepoids au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale. Plusieurs pays extérieurs aux BRICS y participent déjà, comme le Bangladesh et les Émirats arabes unis, et d’autres pays, comme l’Égypte et l’Uruguay, devraient bientôt s’y joindre.

Il convient également de noter que des pays ayant des rivalités régionales, tels que l’Iran et l’Arabie saoudite, et la Turquie et l’Égypte, ont tous manifesté leur intérêt pour l’adhésion aux BRICS sans qu’il y ait de contradiction. Cela suggère que ces pays trouvent peut-être que les BRICS sont un moyen de régler leurs différends et de poursuivre plutôt des intérêts communs pour offrir au monde une alternative à l’hégémonie occidentale.

Crédit photo : DR

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10 réponses à “Monde multipolaire. Une vingtaine de pays souhaitent désormais rejoindre les BRICS”

  1. Gaï de ROPRAZ dit :

    Les premières incursions Russes (Soviétiques à l’époque) en Afrique datent de 30 a 40 ans en arrière. En ces temps-là, les USA étaient intéressés par certains marchés Africains, mais ils se plaçaient derrière les Français qui avaient le vent en poupe et la langue vernaculaire, pour après, suivant leur habitude légendaire, essayer de fourguer leurs produits en lieu et place des européens. C’est ainsi qu’Airbus a perdu une grande part de son marché en Afrique au profit des avioneurs US. Aujourd’hui la France n’est plus reconnue comme « Pays Amie ». Au contraire on lui reproche son despotisme, et de toute manière il y a -et il y aura toujours- la rancoeur du colonialisme. La France n’ayant plus le vent en poupe, les USA perdent du terrain d’autant plus que l’Anglais machouillé est mal accepté. C’est pourquoi la Chine et l’URSS de l’époque, aujourd’hui la Russie, se sont infiltrés. Les Chnois ont pris place sur le petit commerce en général, les Russes sur la technologie, et surtout l’aérien et le militaire. Constat flagrant : La France, malgré les belles Paroles de Macron n’a pas sut negocier ce virage, et de fait est totalement larguée. Et à mon sens, pour longtemps.

  2. Pschitt dit :

    Bien que le monde poutinien tente de se persuader que la Russie est encensée sur le plan international après avoir lancé une opération militaire spéciale en Ukraine, les BRICS ne sont pas un instrument du pouvoir russe. Si un pays domine cette institution, c’est la Chine, siège de ses seules activités concrètes (financières), de loin sa composante la plus importante sur le plan économique et son premier contributeur.
    Il est tout naturel que M. Lavrov tente de tirer la couverture à lui. Sans aucun doute, il a tenté d’enrôler tous les pays du BRICS. Mais il n’a trouvé que l’Afrique du Sud pour le recevoir avec les honneurs. Je lis fidèlement les articles de Breizh Info consacrés à ce pays — et vous imaginez bien à quel point je suis impressionné par ce succès diplomatique de M. Lavrov.

  3. Arturus Rex dit :

    Ligne 2 : « opération militaire spéciale » au lieu de guerre d’agression ; ligne 3 : « selon M. Lavrov » : Breizh Info a choisi son camp et ses sources, c’est assez navrant…

    • broutart jeanpierre dit :

      vous dites n importe quoi.Tout le monde est au courant que c est suite au coup d état de obama en 2014 avec l aide de la cia et nuland que le nationalisme et les nazis ce sont retrouvé au pouvoir.les faux accord de minsk ,l otan a la frontiere,l isolement de la russie la tentative de coup d etat en georgie etc.La russie avait proposée 15 milliards de ppret et un rabais sur le gaz pour continuer les affaire et ne pas entrer dans l ue.pour obama ca passait pas.
      C est une operation de defence.pas une agression.vous les avez poussé au limites .ben voila.

    • NOEL dit :

      Navrant de quoi , vous êtes libre de choisir le vôtre , laissez les autres choisir le leur , la liberté et la démocratie c’est çà .

  4. Stag dit :

    A partir du moment ou les BRICS donnent de l’urticaire aux atlantistes et autres caniches des US, c’est excellent. Le dieu dollar a du plomb dans l’aile et c’est vrai que cela comporte des risques avec l’hystérie américaine. Le système monétaire nouveau des BRICS sera peut être un levier pour faire rembourser les dettes des US. N’oublions pas que les américains avaient réagi devant la demande chinoise d’honorer les bons du trésor en évoquant un « casus belli », en d’autres termes: Si tu me demandes de rembourser mes dettes, je te fais la peau !…

  5. mouchet dit :

    Excellent article économique réaliste sur la situation mondiale monétaire. Sur le fond du réel conflit ukrainien qui cache les dettes irremboursables de l’occident ou atlantistes des USA, déclarant la guerre à la Russie fourmi avec la Chine en toile de fond qui demandent des comptes de remboursements. Bref dettes de plus de 280’000 milliards irremboursables de l’occident avec ses aléas sociaux qui refusent les compte des faillites de l’occident. Comme toujours le tout ressemblant à la chute de l’Empire romain qui vivait de dettes en expression esclaves. L’Humanité n’a pas changé, l’occident vit de dettes exprimées en suprématie de monnaies papier sur imprimées comme les assignats de Napoléon. L’actuel se sont les esclaves travailleurs payés une misère qui alimentent le train de vie de l’occident en énergies et produits manufacturés. Nous en profitons tous et il est difficile de concevoir une baisse de consommation à bon prix d’où la désinformation permanente de nos gouvernants de nos TV qui sont sur un siège éjectable.

    • Pschitt dit :

      Vous avez raison : l’humanité n’a pas changé. Depuis des millénaires, les pouvoirs publics s’endettent au-delà de leurs capacités de remboursement. Mais si les dettes peuvent faire tomber des gouvernements, elles n’anéantissent pas des civilisations. Celles-ci tombent pour des raisons humaines et non financières.
      En général, les conséquences des crises de la dette pèsent principalement sur les prêteurs et non les emprunteurs. Les « emprunts russes », que les Soviets ont refusé de rembourser après 1917, ont ruiné de nombreuses familles françaises.
      Sur l’Empire romain, vous faites erreur : sa chute n’a rien à voir avec la dette publique… tout simplement parce qu’il n’était pas endetté (vous trouverez aisément des travaux historiques).
      Vous vous trompez aussi à propos des « assignats napoléoniens ». Les assignats appartiennent à la République, non à l’Empire. Créés en 1789, ils ont disparu en 1797. Napoléon était hostile à la monnaie papier, l’Empire était très peu endetté et couvrait ses dépenses militaires par l’augmentation des impôts directs… et par des contributions imposées aux territoires conquis.

  6. patphil dit :

    les usa prennent en pleine face le retour du boumerang, ils ont voulu la guerre en ukraine (y’a bon pour la complexe militaro-industriel) enfin les caves se rebiffent

  7. Bechir LASSOUED dit :

    On assiste à l’avènement d’un monde multipolaire, annonciateur de la chute de l’empire américain, reposant jusque là sur « la planche à billets » autorisée par les accords de « Brette Woods ».L’oncle Sam avait , par ces accords, en effet, remplacé l’étalon or par le $, comme monnaie de référence ou monnaie refuge. Kaddafi , a creusé sa propre tombe, en voulant créer une monnaie africaine indépendante du $. La situation actuelle parait irréversible, malgré toutes les manoeuvres et manipulations morbides,directement ou indirectement guerrières, par Ukrainiens interposés, des USA… Dans les décennies à venir, il faut espérer un réveil de la vieille Europe qui devrait cesser d’elle même sa vassalisation par rapport à l’OTAN , et une meilleure considération de ses intérêts économiques propres.

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