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Bernard Germain, Pierre Cassen : « La défense de l’identité nationale, la préférence nationale sont des questions totalement liées à la justice sociale » [Interview]

Ils étaient trotskystes. L’un (Pierre CASSEN) à la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), l’autre (Bernard GERMAIN) à l’Organisation Communiste Internationaliste (OCI). Ils sont aujourd’hui dans le camp du “mal”, le camp national et identitaire.. Ils ont donc transgressé tous les interdits de la gauche et des bien pensants pour parcourir ce chemin qui les a conduits de la gauche à la droite.

C’est parce qu’ils ont accepté de s’ouvrir aux arguments du camp d’en face, parce qu’ils ont refusé de rejeter par principe les opinions des autres, qu’ils ont pu étudier de manière critique les arguments et contre arguments du débat. Aujourd’hui, une multitude de gens s’autocensure, s’interdise de réfléchir et de confronter les points de vue. Terrorisés de se voir affubler des qualificatifs de raciste ou extrême droite.

Ce faisant, ils acceptent de s’enfermer dans une prison idéologique d’où sont bannis toute réflexion critique et tout véritable débat. Ces gens sont en fait des victimes du totalitarisme intellectuel ambiant. Si seulement ils osaient étudier les problèmes sans se contenter de réciter la messe des bien pensants, ils vivraient sans doute une évolution de leurs certitudes vers une véritable opinion.

C’est ce parcours, cet engagement, cette (ces) transgressions qu’ils racontent aujourd’hui dans un livre paru aux éditions Synthèse nationale (livre à commander ici). Au travers de nombreux sujets Pierre CASSEN et Bernard GERMAIN exposent leurs opinions, expliquent pourquoi il ont changé et interpellent les membres du « camp du bien » en les invitant à répondre à de nombreuses questions.

Un livre très intéressant. Un témoignage important sur ce qui fait basculer – comme c’est d’ailleurs fréquemment le cas – des militants de gauche et d’extrême gauche, sincères mais déçus par les manipulations et les impasses idéologiques récentes de leur camp – vers d’autres cieux.

Nous avons interrogé Bernard Germain, qui a répondu, avec l’accord de Pierre Cassen.

Breizh-info.com : Tout d’abord, pourquoi avoir décidé de co-écrire ce livre, maintenant ? Qu’avez vous souhaité y raconter ?

Bernard Germain  : Devant l’étonnement de certains de nos amis politiques s’agissant de notre parcours, nous avons voulu répondre à leur interrogation de fond : comment peut-on passer de l’extrême gauche au patriotisme ? Commencer à l’OCI ou LCR , continuer au PS ou PCF pour finir à Reconquête.

En même temps, ce livre s’adresse aussi à tous les gens de gauche qui “oseront ” transgresser les tabous, notamment celui-ci : “on ne parle pas à l’extrême droite, on la combat”. Dès lors qu’ils acceptent cela, ces gens de gauche s’enferment dans une prison idéologique.

Ils ne réfléchissent plus, il ne prennent aucun recul, ils n’ont aucune analyse critique. Ils tombent ainsi dans un monde binaire : d’un côté le bien, de l’autre le mal. Et si on discute avec un représentant du mal, c’est qu’on a commencé à vendre son âme au diable.

Donc le réflexe immédiat c’est de diaboliser l’autre, (extrême droite, fasciste, …etc) et de répéter la messe des bien pensants comme un mantra. C’est beaucoup plus simple et rassurant que d’oser une analyse critique des faits et des idées et d’accepter un débat avec le camp d’en face.

Pour ceux qui osent transgresser, un terrible problème les attend. S’ils se rendent compte qu’ils se sont trompé ou ont été trompés depuis des années ou même toute leur vie, que vont-ils faire ? Se taire pour ne pas perdre leurs amis ou ne pas être mis à l’index ? ou avoir le courage d’en tirer les leçons ?

Des générations de militants ont connu ce problème du temps du stalinisme. Je me souviens de cet article des Lettres Françaises “J’ai mal de me taire”. Mais son auteur a continué de se taire face à tous les crimes du stalinisme.

L’époque a changé, mais le problème politique reste de même nature. En rédigeant ce livre, notre objectif était triple : mettre nos idées au clair, permettre aux gens de gauche de réfléchir et peut-être d’entamer le même voyage, donner des arguments aux gens de droite pour dialoguer avec ceux de gauche.

Breizh-info.com : Vous venez tous les deux de l’extrême gauche, du trotskisme. Même si vous expliquez votre itinéraire politique dans le livre, quel a été votre “point de bascule” ?

Bernard Germain : Je crois pouvoir répondre que même si cela n’a été provoqué par les mêmes évènements, c’est le même problème qui nous a fait “basculer” : le fait de nous heurter à la réalité et d’accepter face à cette réalité de cesser de réagir en fonction de ce que le “bien” nous commandait de dire ou de faire.

Un exemple permettra de me faire comprendre. La Loi Taubira qui condamne l’esclavage (rien à redire sur le principe) mais qui “oublie” la traite arabo-musulmane qui dura 13 siècles et fit plus de 20 millions de morts. Ce que Tidiane N’Diaye a décrit dans son livre “Le génocide voilé”.

Lorsque la presse demanda à Taubira pourquoi elle fit cet oubli elle répondit “Pour ne pas culpabiliser les jeunes arabes de banlieue pour des faits commis par leurs ascendants, et pour lesquels ils ne sont pas responsables”. Fabuleuse réponse en vérité qui éclaire tout ce que je viens de dire.

Ainsi, on peut culpabiliser les petits blancs pour 3 siècles d’esclavage et alors que c’est la France qui a aboli l’esclavage, mais on ne doit pas le faire pour les jeunes arabes de banlieue pour 13 siècles d’esclavage et 20 millions de morts.

Tous les problèmes sont sur la tables avec cette Loi Taubira sur l’esclavage. J’observe simplement qu’à gauche personne n’accepte de voir le problème. Au nom du bien, il faut ne pas voir le mensonge historique ni l’opération politique. Il faut taire qu’apprendre cela aux enfants dans les écoles c’est les tromper et leur mentir.

Mais lorsque vous dites cela aux gens de gauche, au lieu de reconnaître que ce sont des faits indiscutables et les condamner, ils disent que c’est une horrible attaque de “l’extrême droite”. Tout est là. Et tout est dit.

C’est avec ce genre de problème que la bascule s’est faite pour Pierre et moi. Nous avons refusé de continuer à nous mentir et à mentir aux autres. Nous avons dit : nous voyons la réalité et nous en tirons toutes les leçons.

Breizh-info.com : Plutôt que de parler d’une forme “d’excommunication” que vous avez vécue, comme d’autres à différentes époques, n’est-ce pas finalement parce que vous n’avez pas changé sur le fond des choses et de vos idées que vous ne vous êtes plus reconnu dans l’extrême gauche telle que vous la viviez quotidiennement ?

Bernard Germain : Je ne pense pas que les choses s’expliquent ainsi. J’ai quitté l’extrême gauche sur un problème de dysfonctionnement du parti. En fait à cause de l’absence de démocratie interne. Pierre a rompu du fait des discours politiques de la LCR, parce qu’ils ne répondaient pas à ce qu’il attendait et pensait nécessaire.

Ce n’est qu’ensuite, que lui et moi, chacun avec son parcours, nous avons privilégié l’engagement pour la défense de la justice sociale à travers notre engagement syndical, lui à la CGT et moi à FO, plutôt que l’engagement politique qui nous avait déçus.

Quant à l’extrême gauche de l’époque elle a quasiment disparu. La gauche est devenue l’extrême gauche en relation avec le tournant Terra Nova de 2011 et le développement du wokisme qui provoquèrent l’abandon de la classe ouvrière au profit des immigrés et des minorités notamment sexuelles.

Il n’y a plus de gauche telle que nous l’avons connue durant notre jeunesse. La gauche aujourd’hui se résume à l’extrême gauche.

Breizh-info.com : Finalement, le gros problème de la gauche n’est-il pas qu’elle a fait passer (par la force et par le sang très souvent) ses idées et ses utopies avant le réel…? Des idées nobles, mais finalement incompatibles avec la nature humaine, ici, européenne ?

Bernard Germain : Je pense surtout que la gauche réécrit l’histoire après coup en s’y donnant le beau rôle. Ainsi, la colonisation est présentée comme une épouvantable entreprise conduite par des gens cupides et dénués de toute morale (la droite, pour tout un chacun). Sauf que c’est la gauche qui était à l’initiative de la colonisation. La droite voulait récupérer l’Alsace et la Lorraine (perdues en 1870) avant d’aller planter le drapeau français sur d’autres continents. Et il faut entendre les justifications de l’époque pour cette colonisation (“il est normal que les peuples supérieurs aillent éduquer les peuples inférieurs pour qu’ils s’élèvent afin d’atteindre notre niveau”).

De même, s’agissant de Pétain, la gauche n’a pas de mot assez durs pour condamner ce régime. Mais qui l’a mis en place ? C’est l’Assemblée Nationale issue du Front populaire qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain. C’est donc la gauche qui a mis en place Pétain. Et tout est comme cela. Sur d’innombrables sujets.

La vérité c’est qu’à peu près sur tous les sujets, la gauche s’est trompé. Et même la plupart des avancées sociales n’ont pas été obtenues par elle. Les gigantesques mouvements sociaux (1936, mai 1968, …) n’ont pas été déclenchés par les appareils, mais par des mouvements spontanés derrière lesquels les appareils couraient.

Et c’est justement en plongeant le nez dans l’histoire que le rôle des uns et des autres apparaît. Celui de la gauche est largement enjolivé et ne correspond pas à la vérité historique. Mais comme les gens ne lisent plus et qu’on n’apprend plus rien aux enfants dans les écoles, sauf des mensonges, peu de gens réagissent et les pires bêtises passent très facilement.

Breizh-info.com : A contrario, ne plus se reconnaitre dans la gauche extrême d’aujourd’hui, est ce forcément devoir se définir de droite ? N’est-ce pas tout simplement la fin d’un échiquier politique, tout comme la fin d’une série de régimes politiques qui ne sont tout simplement plus adaptés aux maux et aux aspirations qui traversent la société actuelle ?

Bernard Germain : Le monde n’est plus binaire en terme de gauche et de droite. Cette grille de lecture de la société ne fonctionne plus. Aujourd’hui, la ligne de clivage se situe sur le problèmes de la mondialisation. Il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Y compris sa traduction pour notre continent : l’européisme.

On constate aujourd’hui le mariage de la carpe et du lapin face aux valeurs “identitaires” que nous défendons. Ainsi, des Européistes s’allient à des islamistes et des wokistes afin de mener le combat contre ce que nous défendons : notre identité, notre culture, notre nation, notre civilisation.

Même si on voit déjà des islamistes avoir des réactions agressives contre les LGBT dans plusieurs endroits, pour l’instant globalement ils poussent la roue dans le même sens. Les européistes parce qu’ils veulent un continent où les nations auraient disparu et les gens seraient réduits à un statut de consommateur, les islamistes car il veulent conquérir le continent pour en faire une terre d’islam et les wokistes parce qu’ils veulent détruire la société blanche et le patriarcat.

La gauche a totalement disparu du paysage politique. Aujourd’hui la gauche c’est l’extrême gauche et son identité politique c’est le wokisme.

Breizh-info.com : Quelles sont les solutions que les anciens syndicalistes que vous fûtes ont à proposer aujourd’hui, au service des travailleurs autochtones justement ? Et pour plus de justice sociale, cette justice qui a, quoi qu’en disent vos détracteurs, guidée une large partie de votre engagement jusqu’à aujourd’hui ? En quoi la question identitaire est-elle désormais indissociable de la question sociale pour les autochtones ?

Bernard Germain : Je crois que c’est Callac qui nous a donné la réponse. La défense de l’identité nationale, la préférence nationale sont des questions totalement liées à la justice sociale. J’ai écrit de nombreux articles sur ce sujet. Ainsi le fait que des familles ou des individus français, qui ont cotisé ou qui cotisent, se trouvent à la rue parce que la priorité est donnée pour l’attribution de logements sociaux à des gens qui viennent de l’autre bout de la terre, est-ce normal ? De même, est-il normal qu’une réforme des retraites soit imposée à la population qui n’en veut pas, pour un déficit de 15 milliards, alors qu’on dépense plus de 100 milliards par an pour l’immigration ? Enfin, les habitants de Callac ont clairement compris le problème quand ils ont vu qu’il y a avait des millions pour les immigrés venant à Callac, mais qu’il n’y avait pas un sou pour les habitants pauvres ou dans le besoin de leur localité.

A ce moment là, les gens font le lien entre défense de notre pays et de sa population avec défense de la justice sociale. Et quand la gauche dit ouvertement qu’elle préfère aider les immigrés que les français, les dernières illusions tombent et les gens comprennent que les vrais défenseurs des français et de la justice sociale, c’est nous. La gauche n’a que faire des couches “populaires” depuis son virage Terra Nova. C’en est la preuve éclatante.

Tant que ces questions sont vues à la télévision, les gens ne comprennent pas bien et se font facilement berner. Quand ils vivent les choses, les masques tombent et les gens voient bien qui les défend. Et ce n’est pas la gauche, mais les “identitaires” que nous sommes.

D’autant que chacun sait que les ONG sont les alliés des trafiquants d’êtres humains qui s’enrichissent de la misère humaine et de plus les gens commencent à voir que le droit d’asile est largement dénaturé par tous les avocats des ONG qui en font le principal moyen d’accès au territoire européen.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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2 réponses à “Bernard Germain, Pierre Cassen : « La défense de l’identité nationale, la préférence nationale sont des questions totalement liées à la justice sociale » [Interview]”

  1. Pierrick dit :

    Ils ne sont pas les seuls à être passés de l’extrême-gauche à l’extrême- droite. Les plus connus :
    Jacques Doriot. Du PC, au Parti Populaire pour finir lieutenant de la Waffen.SS.
    Morvan Marchal, fondateur du drapeau breton, fréquentait l’aile gauche du Parti Autonomiste Breton et La Ligue Fédéraliste de Bretagne avec son ami Maurice Duhamel ou il milite face au danger de la droite. Plus tard, en 1942/43, il Adhérer au Rassemblement National Populaire d’idéologie nazi. Il en fut condamné après la guerre.
    Benito Mussolini. Passa du syndicalisme révolutionnaire au titre de “Duce” du fascisme Italien.

    • ZAFRILLA dit :

      Votre propos est tout simplement naïf et le texte résume très bien l’enfermement idéologique dans lequel vous êtes. Prendre ces exemples c’est dénaturer les faits. Comprenez bien qu’en réfléchissant un tout petit peu cet interview apporte toutes les réponses aux questions que n’osent pas se poser certains. Il ne s’agit plus de gauche ou droite mais de justice sociale. Maintenant, je comprends bien qu’un confort vous est nécessaire quand il s’agit de dialoguer, fermer les yeux et les oreilles. Cependant, il vous faudra un jour faire cet effort, c’est inéluctable…

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