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Balázs Hidvéghi (Fidesz) : « Nous disons non à l’immigration illégale, à la transformation de l’Europe et au multiculturalisme » [Interview]

Balázs Hidvéghi est député européen du Fidesz, le parti du Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Lionel Baland l’a rencontré et interrogé en français pour Breizh-info.

Breizh-info : Comment êtes-vous entré en politique et pourquoi avez-vous choisi le Fidesz ?

Balázs Hidvéghi : Déjà lorsque j’étais enfant, nous discutions au sein de ma famille de sujets politiques, même à l’époque du communisme. Et lorsque le changement politique a eu lieu en Hongrie en 1989, je suis devenu membre du Fidesz. À cette époque, le Fidesz était une fédération de jeunesse, une organisation favorable à la démocratie, à la liberté et à l’indépendance. J’ai alors rencontré Viktor Orbán et je l’ai entendu parler de la liberté et de l’indépendance. Je suis toujours membre du Fidesz et je siège en tant que député européen. Donc, il s’agissait d’un intérêt naturel pour le discours public et les sujets politiques.

Breizh-info : Les idées du Fidesz ont évolué au fil du temps. 

Balázs Hidvéghi : Bien sûr ! Nous avons désormais construit une alliance politique très forte pour la défense des valeurs traditionnelles et démocrates-chrétiennes et une Europe des nations similaire à la vision de Charles de Gaulle. Une coopération européenne fondée sur la base d’États-membres souverains qui trouvent des moyens de coopérer et des intérêts communs européens.

Breizh-info : Vous avez eu des divergences au sein du groupe du Parti populaire européen (PPE) avec des gens qui se disent démocrates-chrétiens.

Balázs Hidvéghi : Oui, car nous estimons que le PPE a abandonné les valeurs traditionnelles et les électeurs qui partagent, au sein de l’Union européenne, ces conceptions. Le PPE est allé de plus en plus dans la direction des libéraux, et même des écologistes et des socialistes. Il a abandonné les valeurs fondamentales, telles que la nation, la protection de la famille traditionnelle et du mariage, donc fondées sur un système politique reposant sur les valeurs traditionnelles européennes et chrétiennes. Cela constitue la raison qui a amené le Fidesz à quitter le PPE.

Breizh-info : Désirez-vous nous communiquer des informations sur la future appartenance du Fidesz à un groupe au sein du Parlement européen à l’issue des élections européennes de juin 2024 ? 

Balázs Hidvéghi : Nous sommes très intéressés de trouver le moyen de coopérer avec des partis et des responsables politiques avec lesquels nous partageons les mêmes valeurs, comme ceux qui siègent au sein du groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR) ou du groupe Identité et démocratie (ID), comme le Rassemblement national (RN), et même avec des personnes courageuses et fortes françaises, mêmes si elles sont toujours au sein du Parti populaire européen (PPE), comme François-Xavier Bellamy et Nadine Morano. Ce qui compte, ce sont les valeurs et leurs représentations.

Breizh-info : Le Fidesz ne sait pas encore quel groupe il rejoindra ? 

Balázs Hidvéghi : Non, nous ne le savons pas encore. Un groupe est un moyen et pas un but en soi. Un groupe au Parlement européen constitue une manière de représenter nos valeurs. Donc, cela peut passer par le fait d’appartenir à un groupe ou par une alliance entre plusieurs groupes. J’espère que nous trouverons une solution afin de représenter les valeurs traditionnelles au niveau européen.

Breizh-info : Le gouvernement hongrois est souvent attaqué par l’Union européenne. 

Balázs Hidvéghi : Oui, car nous avons le courage de dire « Non » ! Nous disons non à l’immigration illégale, à la transformation de l’Europe et au multiculturalisme diffusé par une élite bruxelloise qui se trouve de plus en plus éloignée du peuple. En conséquence, nous défendons nos frontières, le concept traditionnel de la famille et le mariage traditionnel et nous nous opposons à l’imposition de l’idéologie LGBTQA+ au sein de l’école.

Sur de nombreux points, une différence existe entre l’élite bruxelloise, d’une part, et le gouvernement hongrois, d’autre part, qui est soutenu par de nombreux électeurs magyars. Le Fidesz dispose dans le pays d’une majorité très importante. Le Fidesz a été réélu quatre fois de manière consécutive. Pour le moment, nous ne sommes pas les stars à Bruxelles.

Breizh-info : La barrière frontalière est assiégée et fait l’objet d’attaques de plus en plus graves de la part de migrants et de passeurs. 

Balázs Hidvéghi : Ces assauts sont la conséquence du fait que le problème de l’immigration illégale n’est pas résolu. Nous voyons partout en Europe, pas seulement en Hongrie, mais aussi en Méditerranée, une affluence d’immigration illégale. Nous constatons la coopération entre les réseaux fondés par George Soros et ceux, criminels, de trafiquants d’êtres humains. Le vrai problème, celui de fonds, est l’absence de volonté politique bruxelloise d’arrêter cette immigration illégale. Sinon, les frontières seraient défendues car cela est techniquement possible. Mais l’attaque, par des forces immigrationnistes et multiculturelles, visant à poursuivre cette arrivée illégale de millions de gens, l’empêche. Nous estimons que cette situation n’est pas tenable et qu’elle est contraire à l’intérêt européen. De plus, de toute façon, nous les Hongrois, nous ne désirons pas cela. Nous défendons notre pays et notre culture, même si ce n’est pas le choix le plus populaire à Bruxelles.

Breizh-info : Vous ne recevez toujours pas d’aide de l’Union européenne pour la barrière anti-migrants. 

Balázs Hidvéghi : Pas encore et c’est une absurdité, car en défendant notre frontière avec la Serbie, nous protégeons aussi la frontière extérieure de l’Union européenne et de l’espace Schengen, donc une des valeurs les plus importantes de l’Union européenne qui consiste en la liberté de mouvement à l’intérieur et qui ne peut être maintenue que si les frontières extérieures sont gardées. Donc, la Commission européen doit financer les efforts de protection des frontières extérieures. Mais nous voyons que l’agence européenne pour la protection des frontières Frontex est aussi attaquée au sein du Parlement européen.

Breizh-info : Le Fidesz désire voir des pays des Balkans entrer au sein de l’Union européenne.

Balázs Hidvéghi : Nous pensons que la stabilisation de la région des Balkans est importante et donc l’accueil de ces pays au sein de l’Union européenne. Cela signifie aussi que l’Union européenne doit accepter l’idée qu’en son sein des États membres puissent avoir des intérêts différents. L’élite bruxelloise n’acquiesce pas la diversité qui existe parmi les pays qui sont déjà dans l’Union européenne. Si un gouvernement est conservateur, démocrate-chrétien, alors il subit des attaques idéologiques. Cela affaiblit l’Europe.

Breizh-info : La position du gouvernement hongrois par rapport à la guerre en Ukraine le place en porte-à-faux par rapport à l’Union européenne. 

Balázs Hidvéghi : La Hongrie est engagée dans la plus grande action humanitaire de son histoire. Elle a déjà accueilli 1,5 million d’Ukrainiens et nous constatons que cette guerre est une agression qui émane de la Russie. Pour nous, il n’y a pas de débat à ce propos. Cependant, nous ne désirons pas contribuer à la poursuite de la guerre par des livraisons d’armes, mais nous voulons que tout soit entrepris afin de tenter de trouver un accord de paix, qui commence par un cessez-le-feu et des négociations, bien sûr, difficiles, mais, pour l’instant, personne ne parle de cela. Tout le monde ne s’exprime qu’à propos d’armements. Nous sommes avec l’Ukraine jusqu’au bout, mais ce bout n’est pas défini. Nous ne connaissons pas les buts de la guerre et nous ne savons pas jusqu’à quel point l’Europe est prête à débourser de l’argent pour assurer le fonctionnement de l’Ukraine, même en tant que pays. Nous finançons la guerre, mais aussi l’activité de l’État. Je ne pense pas que cela soit une bonne solution. De plus, les nombreuses sanctions prises contre la Russie ne sont pas bonnes car la guerre continue et elles font mal à l’économie des pays de l’Union européenne. Je ne pense pas que nous allons dans la bonne direction.

Breizh-info : La question de la minorité magyarophone en Ukraine et dans d’autres pays voisins de la Hongrie se pose.

Balázs Hidvéghi : Cette question est prégnante, mais n’est pas la seule. Si l’Ukraine désire être acceptée en tant qu’État membre de l’Union européenne, elle doit respecter les droits des minorités, ce qu’elle ne fait pas avec la minorité hongroise en Transcarpathie. Cela est important pour nous. Plus globalement, nous pensons que l’Europe doit faire plus pour obtenir un arrêt des combats et ensuite un accord de paix et pas seulement parler d’armements et de guerre.

Breizh-info : Et à propos des magyarophones de Roumanie ?

Balázs Hidvéghi : La Transylvanie, qui se trouve en Roumanie, a fait partie durant 1.000 ans de la Hongrie, donc il est naturel que les communautés hongroises qui y vivent disposent de droits linguistiques, culturels et politiques représentant leurs intérêts et puissent continuer à vivre en tant que Hongrois dans cette région.

Breizh-info : En Slovaquie, la situation est-elle la même  ? 

Hidvéghi Balázs : Oui, elle est similaire.

Breizh-info : La Hongrie est mise sous pression par l’Union européenne en matière de fonds. Pensez-vous que votre pays touchera finalement l’argent ?

Balázs Hidvéghi : Si l’Union européenne désire fonctionner correctement, elle doit respecter sa propre législation et ses traités. Ce que nous vivons pour le moment relève du chantage politique contre le gouvernement hongrois en ce qui concerne les fonds européens. L’Union européenne doit accepter que le gouvernement hongrois représente les décisions des Hongrois, même si celui-ci est conservateur alors que la mode à Bruxelles est à une politique plus libérale et de gauche.

Breizh-info : Le Fidesz peut-il se rapprocher du parti Droit et justice (PiS) qui dirige la Pologne, car, auparavant, vous étiez sur une ligne avoisinante, mais la question du positionnement par rapport à la guerre en Ukraine vous a séparés ? 

Balázs Hidvéghi : La Pologne et le gouvernement polonais commencent à comprendre que la coopération en Europe centrale, au sein des pays du groupe de Visegrád [Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Hongrie], est importante, même si des dissensions existent entre ces pays à propos de la stratégie à adopter par rapport à la guerre en Ukraine.

Propos recueillis par Lionel Baland

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Une réponse à “Balázs Hidvéghi (Fidesz) : « Nous disons non à l’immigration illégale, à la transformation de l’Europe et au multiculturalisme » [Interview]”

  1. Gaï de ROPRAZ dit :

    Beaucoup intelligence chez ce député européen.

    La phrase-clef : “”Nous avons le courage de dire « Non » !””

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