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Les Français se désintéressent-ils du conflit au Proche-Orient ? [L’Agora]

Le conflit entre le Hamas et Israël a au départ entraîné une vague d’indignation à travers le monde.

En France, le gouvernement israélien a reçu tout d’abord une vague de sympathie, Selon le sondage IFOP du 30 octobre, 37% des français ont un regard positif sur l’action de l’État Hébreu. Ce chiffre a néanmoins évolué. Plus les jours passent, plus l’action du gouvernement Netanyahu est contestée, en France comme en Israël. Selon un nouveau sondage la sympathie pour l’État Hébreu perd 12 points et se retrouve à 25% (sondage IFOP 09/11/2023). La presse, d’abord sous le choc avait plus d’empathie envers Israël qu’aujourd’hui. Mais alors, que se passe-t-il ? Les Français ont-ils déjà oublié le terrible massacre du 7 octobre ?

Pour une partie des français, la riposte sanglante d’Israël dépasse en horreur le massacre d’il y a un mois. Si le Hamas doit-être détruit, ce qui fait la quasi-unanimité chez nos compatriotes (seuls 5% des français ont un regard positif sur l’action du Hamas), la réponse d’Israël semble aux yeux d’une partie de l’opinion publique occidentale de plus en plus disproportionnée. En effet, les frappes de Tsahal ne se sont pas essoufflées pendant un mois. Pendant que certains, aujourd’hui minoritaires, réclamaient vengeance à tout prix, d’autres s’horrifiaient des victimes collatérales des bombardements.

Il est difficile de connaître le nombre exact des victimes civiles à Gaza. D’après le Hamas, plus de 10 000 civils ont été tués dans les bombardements (décompte du 6 novembre) dont 4 000 enfants. Israël ne communique pas sur le sujet. Des chiffres à prendre avec des pincettes donc, mais il semblerait néanmoins que des enfants fassent bien partie des premières victimes de la riposte israélienne. Et cela passe mal très mal. Les réseaux sociaux se livrent à une infinie guerre de l’image, et la propagande bat son plein dans tous les camps, avec des photos toutes plus bouleversantes les unes que les autres (mais parfois totalement hors contexte, et pas d’actualité).

Entre propagande et réalité, personne ne peut nier les atrocités qui se passent au Moyen-Orient et les mots clefs utilisés par la presse participent également au basculement de l’opinion publique. Ainsi les termes « épuration ethnique », « crimes contre l’humanité » ou encore « déportation » deviennent monnaie courante.

Enfin, il y a les otages, qui ne sont plus que la deuxième priorité de Netanyahu après la destruction du Hamas. La violence des bombardements inquiète leurs familles en Israël. En effet, puisqu’il semblerait qu’ils soient retenus au nord de la Bande de Gaza, la stratégie du premier ministre provoque l’incompréhension chez de très nombreux israéliens, y compris les franco-israéliens (les bombardements de la nuit du 12 au 13 octobre : 13 otages sont morts. Source Europe1). Une intervention terrestre dans la bande de Gaza, pour ces familles, était la meilleure option et des manifestations anti-gouvernemental ont eu lieu jusqu’au seuil du domicile du premier ministre.

Coté français, les politiques, têtes baissées, ne prennent aucune distance et commentent le conflit à chaud. Le principe de précaution semble avoir déserté la plupart des cercles de nos représentants et la réaction remplace la réflexion. La grande marche contre l’antisémitisme du 12 novembre en est une parfaite illustration. Dans cette mise en scène, tout le monde veut sa place au sein du camp du bien, s’invectivant les uns les autres, ce qui n’est pas sans provoquer, encore une fois, des questionnements au sein de la majorité silencieuse. Qu’attendent les français de leurs hommes politiques ? Qu’ils prennent de la hauteur en matière de géopolitique internationale et qu’ils défendent les intérêts de la France dans la plus pure tradition diplomatique de celle-ci.

L’instrumentalisation des sensibilités fait aussi des ravages : dans l’affaire des tags jugés antisémites dans Paris, on a d’abord accusé l’extrême-droite, puis la Russie dans le but de déstabiliser la France, jusqu’à ce que nous apprenions qu’il s’agirait de l’œuvre d’un groupuscule du nom de « Bouclier de David » qui cherchait à exprimer son soutien à Israël. Il y a eu encore l’agression  de cette femme juive à Lyon, qui n’est toujours pas prouvée à l’heure où j’écris ces lignes. Enfin, le sort des chrétiens d’Orient qui se trouvent au cœur de ce maelstrom inquiète aussi une partie de nos compatriotes qui se demandent ce qu’ils deviennent dans ce conflit.

Les israéliens ne sont par ailleurs pas les plus malins en matière de communication : il suffit d’entendre la sortie hallucinante du ministre Amichay Eliyahu, suspendu temporairement par le premier ministre, qui n’excluait pas l’usage de la bombe atomique sur Gaza. Ou les fameuses prophéties d’Isaïe citées par Netanyahu lors de son discours ultra-religieux mettant en opposition « le peuple de lumière » (Israël) en opposition « au peuple des ténèbres » (Palestine), ce qui n’a pas manqué de faire s’interroger à l’International, notamment dans un pays laïc comme la France.

Alors que l’attentat raté contre le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas (partisan de la création d’un État Palestinien) passe un peu inaperçu, certains mettent en lumière l’étrange soutien du gouvernement Israélien au Hamas. Au lendemain des attaques du Hamas, Times of Israel écrivait : « Pendant des années, les différents gouvernements dirigés par Benjamin Netanyahu ont adopté une approche qui divisait le pouvoir entre la Bande de Gaza et la Cisjordanie, en mettant à genoux le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, tout en prenant des mesures qui renforçaient le groupe terroriste palestinien du Hamas. » puis ajoute : « Ainsi, dans le cadre de cette tentative d’affaiblir Abbas, le Hamas est passé du statut de simple groupe terroriste à celui d’organisation avec laquelle Israël menait des négociations indirectes par l’intermédiaire de l’Égypte, et qui était autorisée à recevoir des injections de fonds de l’étranger. »

Tous ces éléments contradictoires qui n’ont en apparence que le lien de l’extrême violence qu’ils déchaînent de part et d’autre, la complexité des liens qui se font et se défont selon une logique purement orientale et tribale, contribuent largement au désintéressement progressif d’une société française confrontée à ses propres difficultés et qui craint surtout l’importation du conflit sur son terrain.

Et si les politiques en France revenaient à la raison ? L’embrasement du conflit ne fera qu’importer les tensions communautaires sur notre sol et provoquer de nouvelles vagues d’immigration.

Pierre d’Herbais

Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.

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23 réponses à “Les Français se désintéressent-ils du conflit au Proche-Orient ? [L’Agora]”

  1. Jacky RÉAULT dit :

    Beau survol qui fait honneur à cette publication.
    Une leç0n de journalisme.
    Remarquable synthèse neanmoins solidaire de l’essentiel : reconnaissance de l!horrible singularité anthropologique du massacre du 7 oct. et défense existentielle d’Israel

  2. Hage dit :

    Les hommes politiques, honte de la France, veulent redorer leur blason en jouant sur un sujet où personne n’ose montrer une quelconque opposition. Ils diront après la manifestation que le peuple les suit, alors que non seulement ils confondent judaïsme et sionisme — tous les juifs ne sont pas sionistes–mais ils montrent également leur ignorance totale de l’histoire de cette région, l’histoire ancienne comme la période du XXe siècle. Leur ignorance n’a d’égale que celle dont font preuve ceux qui, comme Juppé, Valls et bien d’autres, chantent les louanges de l’islam (“religion de tolérance et de paix”) tout en reconnaissant qu’ils n’ont aucune idée du contenu du coran.
    Pour pouvoir parler à peu près en connaissance de cause, il faudrait qu’ils lisent le coran et le Talmud.

  3. Hadrien Lemur dit :

    Ce n’est pas en confiant la sous-traitance de notre diplomatie à la commission européenne que la France risque de faire entendre son avis au proche orient. On a vu avec quel mépris Netanyahu c’est comporté avec Macron (décidément il semble aimer les baffes celui-ci), imaginez-vous Golda Meir recevoir Charles De Gaule à l’époque de la même manière ? Il y a des comparaisons qui ne n’avantagent pas notre Jupiter national.

  4. louis dit :

    franchement ils nous gongflent avec des conflits qui se passent a des centaines de km , comme si tout allait pour le mieux dans ce pays dévasté économiquement autant que socialement et ce n’est pas fini alors leur guerre : qu’ils se démmerdent entre eux !

  5. bersovil44 dit :

    Si l’on en croit le Hamas, 10.000 civils ont été tués à Gaza, soit 0,45 % de sa population. Les bombardements américains sur Nantes, en 1943, ont tué près de 1.500 personnes, soit 0,75 % de la population, et en ont blessé 2.500. Un hôpital a été touché à Gaza ? L’hôpital de Nantes a été l’un des premiers bâtiments ratatinés le 16 septembre 1943. 40 morts. Si les Français s’en sont désintéressés ils auront vite fait de se désintéresser de Gaza. Mais peut-être pas d’oublier qui a pris parti pour quel camp.

  6. etienne boutonnet dit :

    En ce qui me concerne, je me fout de ce qui arrive ou peut arriver au Proche-Orient. Tout ce que je demande, c’est que le désordre reste là-bas. Il est trop facile de demander à la France d’intervenir, ne fût-ce que diplomatiquement, et ensuite lui reprocher de s’immiscer dans les affaires des autres.

  7. Mac Guffin dit :

    Une bonne réflexion globale, française, et non au service d’une communauté et d’une puissance étrangère ; ça nous change… Bravo à son auteur.

  8. Gaï de ROPRAZ dit :

    La France n’est pas concernée, et n’a rien à faire dans ce conflit. Si des Français sont prisonniers du Hamas, ce sont presque automatiquement des doubles nationaux, citoyens israéliens de confession juive. Donc parler de “prisonniers français” est partiellement faux. Quant à s’immiscer dans ce conflit comme essaye de faire Macron, c’est une connerie. Et en plus ouvrirait un peu plus les portes du pays aux invasions de tous genres, dont Arabes. Or franchement, qui en a besoin ?…

  9. andré dit :

    La voix de la France depuis pas mal de temps souffre d’une extinction de voix et reste inaudible pour le reste du monde……qui saura lui apporter une boîte de Strepsils parmi nos politiques ? Nos pharmacies semblent fermées !

  10. Franck dit :

    Cela ne nous regarde pas, faut arrêter de mettre notre nez partout sans en avoir le mandat du peuple et les moyens politiques et techniques. On a déjà assez de problèmes à résoudre en France.

  11. kaélig dit :

    Je ne sais pas comment fait Israel pour survivre dans un pays de 22145 km2 (3 départements bretons) peuplé de 10 Mhab, noyé dans un océan de pays arabes qui lui sont hostiles, en état de guerre quasi-permanent, ce pays semi-désertique que les Juifs ont fertilisé et modernisé au prix d’un travail acharné, ce pays qui ne survit que grâce à la protection américaine et de sa dispora juive vu que tous les autres comme les occidentaux européens s’en foutent voire souhaitent la disparition.
    A coté de lui voisine la Bande de Gaza à la démographie hallucinante (Population X 7 en 53 ans) survivant à 2,4 Mhab sur 365 km2 !, abreuvée d’aides internationales notamment européennes (80 Md €/an d’aides au développement au tiers-Monde).
    Cà va durer longtemps encore cette histoire ! Il n’y a pas assez de place pour les Gazaouis dans les pays Arabes, comme dans le Sinaï !
    Que fout l’ONU ! Elle sert à quoi ! Déjà qu’elle est incapable ne serait-ce qu’évoquer la surpopulation Mondiale cause première du dérèglement climatique ! On se fout de notre G…le ou quoi !

    • breizh dit :

      le problème est qu’il y a(vait) des gens sur cette terre avant l’arrivée (ou le retour) des Juifs. Les gazaouïtes sont les descendants des palestiniens chassés du Néguev par Tsahal…

      • kaélig dit :

        Quoi qu’il en soit, la terre historique et légitime des Juifs (hébreux) est bien le territoire dit “la Palestine”. Les Gazaouis sont majoritairement des Arabes arrivés vers l’An 630 dès “l’invention” d’Allah.
        L’Histoire est tétue.
        “Aucun peuple dans l’Histoire n’aura (et est encore) été chassé, discriminé, massacré depuis 4 000 ans que le peuple Juif (anciennement Hébreu), des Pharaons à l’expansion musulmane en passant par l’Empire Romain et celui Ottoman encore moins en Europe où il pensait trouver la Paix.
        Ni les Amérindiens, ni les Arméniens, ni les Kurdes n’ont subi autant de “vissicitudes” que les Juifs….”

      • Pierre d'Herbais dit :

        On a tendance à oublier que les gazaouis, sont des sémites. Qu’ils sont aussi chez eux sur cette terre.

    • marie p dit :

      Kaelig : tt a fait d accord
      Moi je me sens aussi concernee par la douleur des Israeliens.J ai horreur du mot Juif bon pour les kolabos condescendants.Ces gens la sont mes freres.Feu mon pere nous disait que c etait des bosseurs, pas comme les glandeurs d en face.J ai tellement loué avec solidarité leurs merveilleux agrumes! Mes meilleurs toubibs sont Israelites
      Mais cela fait tellement plus tendance de soutenir les 2 zelos zeles de la corruption et du trafic d humains

  12. Torr dit :

    On se demande si le peuple de souche en France (Bretons, Occitans, Corses, Bourguignons, Normands, etc) existe encore en France. On entend parler uniquement du “peuple élu”, de la Shoah et des actes antisémites, sous forme de graffitis, matin, midi et soir, sous le contrôle de leurs organismes stipendiés. Pour une communauté qui compte, au maximum, 500 000 personnes, mais archi- représentée dans les médias, le show-biz, le monde politique. Quid de nos vraies communautés bretonnes qui prospéraient jadis à Paris ou outre-atlantique et qui sentaient bon le terroir ?

  13. mouchet dit :

    La légitime défense ou le droit de se défendre. Vous êtes attaqué dans votre domicile un de vos parents est donc assassiné. Vous répliquer et vous tuer l’agresseur mais vous n’allez pas tuer toute la famille de 8 personnes de l’agresseur car cela s’appelle un crime. Le ghetto de Gaza, 6 fois le ghetto de Varsovie n’a rien à voir avec la responsabilité occidentale de la 2ème guerre mondiale

  14. Travis dit :

    On se désinteresse surtout des rapports d’experts et des journaleux plus préoccupés de faire rentrer les évènements dans leurs ornières idéologiques personnels que d’ en présenter une analyse perspicace.
    Car enfin ce conflit n’est pas un incident de frontière mais un nouvel épisode de la guerre d’anéantissement que mène une secte sanguinaire contre un représentant éminent de la civilisation. Relisez la charte du Hamas.

  15. CREOFF dit :

    La découverte de ‘l’importance de la communauté juive dans nos instances dirigeantes, qui ont défilé sans vergogne Pro Israel, sans commune mesure avec la part dans le peuple, nous a fait comprendre que la France n’était plus dirigée dans l’interet de son peuple mais de celui d’une communauté apatride. L’article ne resitue pas l’histoire et la non création de l’état Palestinien, cause de 70 ans de soulèvements. Il ne dit pas clairement qui est colonisé et qui est colonisateur. En fait, la France ses instances dirigeantes et ses médias sont également colonisés. en mode un peu plus soft mais tout aussi prédateur.

    • Pierre d'Herbais dit :

      Effectivement, le sujet de l’article n’est pas de parler de la genèse mais de porter l’attention sur le regard des français.
      La question du conflit israélo-palestinien ne se traite pas sur un papier mais dans une bibliothèque.
      J’espère néanmoins que cela vous aura apporté quelque chose.

  16. lejean dit :

    Pour moi, l’antisémitisme est une notion erronée car il n’y a certainement pas deux racismes, le répréhensible et l’intolérable. De plus ce concept est utilisé à tort et à travers pour condamner par avance toutes critiques à l’égard des juifs ou d’Israël. Ce mot ne fait donc pas partie de mon vocabulaire. J’utilise le mot racisme pour tout le monde, le cas échéant.

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