Dans ce contexte de crise agricole non résolue et de révolte paysanne non encore éteinte, dans quel état se trouve l’agriculture dans les Côtes d’Armor ? Une question à laquelle a tenté de répondre Armorstat, le centre de ressources socio-économiques du département, dans une publication parue au mois d’avril 2024.
6 500 exploitations dans les Côtes d’Armor en 2024
Au cours des cinq dernières décennies, le nombre d’exploitations agricoles dans les Côtes d’Armor a chuté de façon significative, passant de 39 998 à 7 316. Cette diminution, bien que dramatique, n’a pas conduit à une désertification agricole généralisée. Néanmoins, ces chiffres reflètent une transformation importante du paysage agricole et rural, non seulement dans les Côtes d’Armor, mais aussi dans de nombreuses régions françaises.
En moyenne, 654 fermes ont cessé leurs activités chaque année au cours de cette période, soit près de deux par jour. Toutefois, le rythme de disparition s’est ralenti au fil du temps. Malgré cela, 2 156 exploitations agricoles ont fermé leurs portes entre 2010 et 2020, soit 215 par an en moyenne. Si cette tendance se maintient, le département des Côtes d’Armor devrait compter environ 6 500 exploitations en 2024. Selon les données de la MSA, le département comptait 6 719 exploitations agricoles en 2022, ce qui corrobore cette estimation basée sur le Recensement agricole.
Malheureusement, les défis importants auxquels fait face la profession agricole, ainsi que les perspectives pessimistes exprimées par de nombreux agriculteurs et leaders syndicaux concernant l’état général de l’économie agricole et la situation précaire de nombreuses exploitations, suggèrent que le rythme de leur disparition pourrait s’intensifier dans les années à venir.
Réduction notable de la surface agricole utilisée
Entre 1970 et 2020, la Surface Agricole Utilisée (SAU) dans les Côtes d’Armor a diminué de 71 680 hectares, soit une baisse moyenne annuelle de 1 434 hectares, passant de 505 018 à 433 338 hectares. Cette réduction des terres cultivées, bien que significative, s’est étalée sur une longue période et a été influencée par des facteurs tels que l’abandon des parcelles moins rentables et l’utilisation du foncier agricole à d’autres fins légitimes, comme le développement économique et les infrastructures.
Malgré la disparition de 8 exploitations sur 10, cela n’a pas conduit à la désertification agricole redoutée à certaines périodes, laissant entrevoir une adaptation du paysage agricole aux évolutions socio-économiques.
D’autre part, la superficie des terres arables continue de diminuer dans les Côtes-d’Armor, avec une réduction de 4 976 hectares sur 10 ans selon les données des deux derniers Recensements agricoles, soit une moyenne annuelle de 498 hectares. Selon les estimations du Mode d’Occupation des Sols (MOS) régional, la surface agricole est passée de 486 377 hectares en 2011 à 482 562 hectares en 2021, soit une perte totale de 3 815 hectares, avec une moyenne annuelle de 382 hectares.
Un vieillissement des chefs d’exploitation
Au cours de la décennie 2010-2020, l’agriculture dans les Côtes d’Armor a connu une baisse significative du nombre d’exploitations (-22,8%) ainsi que du nombre de chefs d’exploitation (-20,9%), avec une augmentation de l’âge moyen de ces derniers (+2,1 ans), atteignant désormais près de 50 ans.
Ces tendances sont principalement dues au non-remplacement de nombreux agriculteurs partant à la retraite, avec leurs exploitations fusionnées ou morcelées au profit d’autres, ainsi qu’au développement croissant des formes d’exploitations collectives, où de plus en plus d’agriculteurs se regroupent sur une seule et même exploitation.
En parallèle, il faut toutefois noter que la diminution de la SAU entre 2010 et 2020 a été relativement modérée (-4 976 hectares, -1,1%), ce qui équivaut à environ 84 exploitations de taille moyenne en 2020. Malgré la réduction du nombre d’exploitations, la SAU moyenne exploitée a sensiblement augmenté, passant de 46,3 à 59,2 hectares (+28%).
Bien que le montant total de la Production Brute Standard (PBS) et le nombre total d’Unités de Gros Bétail (UGB) aient diminué respectivement de -6,7% et -8,0%, leurs valeurs moyennes par exploitation ont augmenté de manière significative (+20,8% et +19,1%) dans les Côtes-d’Armor. De même, bien que le nombre total d’emplois en Équivalents Temps Plein (ETP) ait diminué (-13,3%), la moyenne par exploitation a légèrement progressé, sans toutefois atteindre 2 ETP.
Les grandes exploitations les moins menacées de disparition
Si les exploitations agricoles sont souvent catégorisées en fonction de leur superficie, elles le sont désormais préférentiellement selon leur dimension économique déterminée par leur Production brute standard (PBS). Le Recensement agricole 2020 distingue 4 catégories d’exploitations selon leur dimension économique, la première regroupant les micro-exploitations, qualifiées de non-professionnelles, et les 3 catégories suivantes qualifiées de professionnelles avant 2010 :
– les micro-exploitations sont celles dont la PBS est inférieure à 25 000 €.
– les petites sont celles dont la PBS est comprise entre 25 000 et 100 000 €.
– les moyennes sont celles dont la PBS est comprise entre 100 000 et 250 000 €.
– les grandes sont celles dont la PBS est > à 250 000 €.
Dans les Côtes-d’Armor, entre 2010 et 2020, 1 469 exploitations professionnelles ont mis fin à leurs activités (-19,2%). Cette diminution importante n’a pas eu d’impact proportionnel sur la SAU totale, qui est restée presque inchangée. En conséquence, la surface moyenne par exploitation professionnelle a sensiblement augmenté, passant de 55,3 à 67,8 hectares. Bien que le montant global de leur Production Brute Standard (PBS), ainsi que les volumes d’Unités de Gros Bétail (UGB) et d’Équivalents Temps Plein (ETP), aient logiquement diminué, leurs valeurs moyennes par exploitation professionnelle ont augmenté de manière significative. Cependant, les évolutions au sein des exploitations professionnelles varient considérablement selon les catégories.
Entre 2010 et 2020, 169 grandes exploitations agricoles ont mis fin à leurs activités (-5,5%). La SAU moyenne par exploitation a considérablement augmenté, se rapprochant progressivement de la centaine d’hectares. Contrairement aux trois autres catégories d’exploitations, tous les indicateurs concernant ces grandes exploitations sont en progression.
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2 réponses à “Agriculture. Où en est la profession dans les Côtes d’Armor ?”
Mais Valérie Hayer va tout changer !
Grâce à Hayer bientôt plus d’agriculture uniquement du tourisme et des éoliennes. Madame la marquise de Rosanbo pourrait cesser de se prendre pour une écolo attardée et cesser de transformer ses 60 ha en réserve de sangliers qui ravagent les cultures des voisins…!