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Le nationalisme corse au 21ème siècle et son actualité

La Corse,  île de la Méditerranée, est connue pour ses paysages, ses montagnes et bien évidemment ses plages. Elle est aussi célèbre pour Pasquale Paoli, le père de la Nation corse, ayant joué un rôle crucial dans l’indépendance de la Corse et la création de la première république moderne, une source d’inspiration majeure pour George Washington lors de la fondation des États-Unis. Paoli peut-être comparé au grand-père fondateur des États-Unis.

Elle est également célèbre pour Napoléon Bonaparte. Génie européen, il déclarait sur l’île de Sainte-Hélène à son ami, Las Cases, « L’Europe n’eût bientôt fait de la sorte, véritablement, qu’un même peuple et chacun, en voyageant partout se fût toujours trouvé dans la patrie commune. » Dans le même ouvrage, nous pouvons trouver : « Une de mes plus grandes pensées avait été l’agglomération, la concentration des mêmes peuples géographiques qu’ont dissous, morcelé les révolutions et la politique. […] J’eusse voulu faire de chacun de ces peuples un seul et même corps de nation. C’est avec un tel cortège qu ‘il eût été beau de s’avancer dans la postérité et la bénédiction des siècles. Je me sentais digne de cette gloire ! ».

Petit tour d’horizon du nationalisme Corse.

A Muvra

La corse est aussi connue pour le « nationalisme corse » et à travers sa lutte identitaire. Brièvement, il y a eu un nationalisme corse d’avant-guerre, conservateur, catholique, de droite, représentée notamment par le mouvement A Muvra. Son chef de file, Petru Rocca est officier de la Légion d’honneur pour ses exploits héroïque lors de la Première Guerre mondiale. En 1945, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, il a été condamné, et déchu de ses titres, pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Cela condamna le mouvement.

CEDIC et manifeste de l’autonomie interne.

La quête identitaire est peu à peu revenue à partir des années 60, sous une configuration politique différente. D’abord avec les personnalités d’Yves Le Bomin, un Breton, et Paul-Marc Seta, et Max Simeoni. L’orientation était fédéraliste avec une démarche de lobbying. En effet, le CEDIC ne constituait pas un parti à proprement parler, son but était de convaincre la gauche et la droite corse sur différents thèmes : l’autonomie administrative et fiscale, le refus du centralisme, la critique de l’immigration qui affaiblissait l’ethnie corse.

CEDIC : Comité d’études et de défense des intérêts de la Corse.

L’ARC, le FLNC et les tragiques 90s.

Face à l’échec de cette méthode, la démarche a changé. En effet, avec l’ARC le discours est devenu plus politique, le fonds est resté globalement le même, mais la démarche a changé car il était nécessaire d’organiser politiquement un mouvement national. La réponse de l’Etat restant répressive et méprisante, la lutte identitaire s’est radicalisée, il y a eu la création du FLNC. L’orientation est plutôt complexe. La base militante est restée conservatrice, néanmoins, il y avait un fort courant tiers-mondisme et gauchiste, incarnée par la publication du livre vert d’inspiration marxiste-léniniste. L’étiquette politique du FLNC est difficile, car il se côtoyait à l’intérieur des gens de l’extrême gauche, fort minoritaire, mais bruyant, jusqu’à des gens de droite radicale. Malgré les bons résultats électoraux du mouvement national, environ 25% en 1992, incarné par différents mouvements, la décennie 90 est le tragique spectacle d’une guerre fratricide entre le canal historique et le canal habituel, issue de la division du FLNC au début des années 90. Il s’en suit une période de stérilité politique.

ARC : Azzione per a rinascita di a Corsica.

FLNC : Front de Libération Nationale Corse.

2015, la victoire nationaliste

En 2015, c’est la victoire des nationalistes aux élections territoriales. Une coalition menée par Gilles Simeoni, autonomiste, et Jean-Guy Talamoni propulse les nationalistes au pouvoir. La base de la coalition, c’est un statut d’autonomie, un statut de résident sur l’île, la co-officialité de la langue corse, le rapprochement des prisonniers « politiques » et l’inscription de la Corse dans la Constitution française. S’en suit les victoires des territoriales et des législatives suivantes. En 2021, aux dernières élections territoriales, toutes les listes nationalistes font près de 75% des voix, les indépendantistes font environ 20% et les autonomistes environ 55%.

Le nationalisme palatinien

Cependant, malgré les victoires depuis 2015, le bilan politique est faible. De plus, il faut noter que la base militante nationaliste penche plutôt à droite, comme les Corses en général, alors que nos élites nationalistes, soit par cynisme politique, soit par conviction sincère, penchent plutôt à gauche, surtout sur les thèmes de l’immigration, de la politique fiscale, du rapport à l’islam, du wokisme, des LGBT, toutes les questions auxquelles les Européens font face dans leur nation.

Ainsi, depuis quelque temps, il y a l’émergence de ce qu’on appelle le « nationalisme palatinien ». Qu’est-ce que c’est ? Comme nous l’avons dit plus haut, la base nationaliste est plus à droite que sa tête, cela préfigurait donc le succès du palatinisme. Le palatinisme, c’est plus précisément l’union naturelle entre les nationalistes et la droite bonapartiste et autonomiste.

D’abord, c’est une association, « Palatinu ». À l’image du Vorfeld allemand, de la métapolitique, elle travaille à la fois à l’élaboration d’idées, par son journal numérique, et à l’organisation d’événement communautaire. L’association entend défendre l’identité corse et la famille. Elle est un espace de vie et de partage organisé autour de la culture corse, mais aussi européenne, avec une sensibilité pour Aristote, Pascal, Tolkien et d’autres génies Européen.

À partir de mars 2024, le nationalisme palatinien prend une nouvelle forme à travers la création du parti politique “Mossa Palatina”. En effet, c’est lors d’un rassemblement au palais des congrès, devant 500 corses, que Nicolas Battini, président de l’association palatinu, a officiellement lancé ce nouveau parti. Mossa Palatina s’inscrit dans le mouvement du nationalisme corse en portant les idéaux de l’association Palatinu. Son projet vise à défendre l’existence, la reconnaissance et l’autonomie du peuple corse au sein de la Constitution française. Il cherche également à promouvoir les libertés locales, renforcer la démocratie, préserver l’identité corse et rejeter l’islamisme. En outre, il s’oppose au wokisme et à l’idéologie LGBT, tout en soutenant la défense de la liberté d’entreprendre et en rejetant la surfiscalité. Mossa Palatina souhaite tisser des liens avec les forces de droite en Europe ; sur la base du sauvegarde des identités européennes. Il y cette volonté d’organiser une internationale des identités en Europe afin de fédérer les mouvements régionalistes, autonomistes et indépendantistes qui partage la protection de l’identité ethnoculturelle.

Conclusion

Ainsi, Mossa Palatina, est un parti conservateur et identitaire avec un volet économique orienté vers le libéralisme, en plus de se poser dans le contexte politique français comme partisan d’une décentralisation. De cette manière, le mouvement palatinien entend réformer le nationalisme corse et combattre le tiers-mondisme des années 70, otage de la pensée de gauche, au profit d’un logiciel identitaire nouveau, le palatinisme, qui converge avec la vision sociétale et économique des droites en Europe.

Matisse Royer

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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