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Ne pas oublier Jean Mabire, normand, éveilleur des peuples d’Europe

Jean Mabire, écrivain prolifique et journaliste passionné, est né le 8 février 1927 à Paris et décédé le 29 mars 2006 à Saint-Malo. Bien qu’il soit né dans la capitale française, il est indissociable de la Normandie et de la Bretagne, deux régions auxquelles il a consacré une grande partie de sa vie et de son œuvre. Ce défenseur acharné des identités régionales a laissé derrière lui une bibliographie impressionnante, où se mêlent histoire, récits épiques et littérature engagée. Mabire a signé la plupart de ses écrits sous son nom, mais a également utilisé les pseudonymes Didier Brument, Éric Dubecquet et Henri Landemer.

Une jeunesse marquée par l’engagement régionaliste

Issu d’une famille originaire de Bayeux et de Vire, Mabire a effectué ses études secondaires au prestigieux collège Stanislas à Paris. C’est là qu’il obtient son baccalauréat en philosophie-lettres avant d’intégrer l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art. Très tôt, il se démarque par son engagement politique et culturel en fondant la revue Viking en 1949, une publication régionaliste qui célèbre les traditions et l’identité normande. Cette passion pour les particularismes locaux le conduira à diriger également les revues Heimdal et Haro, marquant son attachement indéfectible à la Normandie.

Jean Mabire débute sa carrière de journaliste à La Presse de la Manche en 1956, et se fait rapidement un nom dans le milieu grâce à ses reportages incisifs et engagés. Il collabore également à des revues telles que Historia et L’Esprit public, et prend ensuite les rênes de la revue Europe-Action en 1965, où il se positionne en faveur d’un nationalisme européen. Pour Mabire, la défense des cultures locales va de pair avec une vision pan-européenne, un « socialisme européen » qui prône l’union des peuples d’Europe autour de leurs racines culturelles et historiques.

Son approche journalistique se distingue par sa capacité à rendre accessibles des sujets historiques complexes, mêlant rigueur documentaire et souffle épique. C’est cette passion pour l’histoire qui le conduit à publier une série de livres consacrés aux grandes figures de l’histoire militaire et aux mythes européens, notamment ceux liés aux Vikings et à la mythologie nordique.

Une œuvre foisonnante consacrée à la Normandie et aux Vikings

Jean Mabire est sans doute l’un des écrivains les plus importants à avoir redonné vie à l’histoire normande. Dans ses ouvrages, tels que Histoire de la Normandie (en collaboration avec Jean-Robert Ragache) et Les Vikings, rois des tempêtes, il célèbre les figures emblématiques des aventuriers et des marins normands, tout en explorant les racines païennes et guerrières de cette région. Il est également l’auteur de Histoire secrète de la Normandie et de Guillaume le Conquérant, où il explore la complexité et l’impact historique de la Normandie, tant en France qu’en Angleterre.

Son œuvre sur les Vikings est particulièrement marquante. En relatant leurs expéditions, il rend hommage à cet esprit d’aventure et de conquête qui a forgé l’identité normande. Ses récits, riches en détails et en références historiques, ont contribué à vulgariser une partie méconnue de l’histoire européenne, et à éveiller l’intérêt du public pour cette civilisation nordique fascinante.

Outre la Normandie, Mabire s’intéresse aussi aux mythes et aux légendes de l’Europe païenne. Avec Thulé, le soleil retrouvé des Hyperboréens, il s’immerge dans les récits anciens et mystérieux des civilisations proto-historiques, où se mêlent mythologie et spiritualité. Dans cet ouvrage, il raconte de manière romancée l’histoire de la mythique Société Thulé et offre une réflexion sur l’héritage indo-européen. Ces écrits témoignent de son intérêt pour un paganisme ancien qu’il considérait comme la véritable âme de l’Europe.

Le régionalisme normand et breton : un combat identitaire

Mabire n’a jamais caché son admiration pour les particularismes culturels et linguistiques des régions de France. En 1968, il est l’un des fondateurs de l’Union pour la région normande, qui donnera naissance au Mouvement normand en 1971. Cette organisation avait pour but de promouvoir l’identité normande et de défendre l’autonomie culturelle de la région. Mabire restera président d’honneur de ce mouvement jusqu’à sa mort.

Bien que profondément attaché à la Normandie, Jean Mabire s’installe en Bretagne, à Saint-Malo, au début des années 1980. Là encore, il retrouve un terreau fertile pour ses idées régionalistes et identitaires, et s’investit dans la valorisation du patrimoine breton. Sa résidence en Bretagne, au cœur d’une région elle aussi marquée par un fort particularisme culturel, renforce ses convictions sur l’importance de préserver les identités locales face à la mondialisation.

Un héritage littéraire et historique complexe

Jean Mabire laisse derrière lui une centaine de livres couvrant des thèmes variés, de l’histoire militaire aux récits d’aventure en passant par la mythologie nordique. Son œuvre, empreinte de passion et d’engagement, a touché plusieurs générations, notamment en Normandie et en Bretagne, où il est perçu comme un défenseur des valeurs locales et de l’autonomie culturelle.

Les écrits de Mabire, malgré leur succès populaire, sont parfois restés dans l’ombre du fait de leur caractère parfois controversés par une gauche qui ne supporte pas le débat. Cependant, ils constituent une source d’inspiration et de réflexion pour ceux qui s’intéressent aux questions d’identité régionale et à l’histoire des peuples européens. En mêlant histoire, mythologie et engagement, Jean Mabire a su donner à ses lecteurs les clés pour comprendre une part importante de l’héritage culturel européen, tout en incitant à une redécouverte des racines locales.

Bibliographie de Jean Mabire :

Paganisme

  1. Thulé, le soleil retrouvé des Hyperboréens
    • Paris : Robert Laffont, 1978 ; réédition : Trident, 1986 ; Irminsul, 1999 ; Pardès, 2002.
  2. Les Solstices. Histoire et Actualité (en collaboration avec Pierre Vial)
    • GRECE, 1975 ; réédition : Le Flambeau, 1991 ; Lore, 2007.
  3. Les Dieux maudits
    • Copernic, 1978 ; réédition sous le titre Légendes de la mythologie nordique, L’Ancre de Marine, 1999, 2010 ; Irminsul, 2004.
  4. Balades au cœur de l’Europe païenne (participation à un ouvrage collectif)
    • Les Éditions de la Forêt, 2002.

Ouvrages sur la Normandie et les Normands

  1. Histoire de la Normandie (en collaboration avec Jean-Robert Ragache)
    • Hachette, 1976 ; réédition : France-Empire, 1986, 1992.
  2. Les Vikings, rois des tempêtes (en collaboration avec Pierre Vial)
    • Versoix, 1976 ; réédition sous le titre Les Vikings à travers le monde, L’Ancre de Marine, 1992.
  3. La Saga de Godefroy Le Boiteux
    • Copernic, 1980 ; réédition sous le titre Godefroy de Harcourt, seigneur normand, Lore, 2007.
  4. Histoire secrète de la Normandie
    • Albin Michel, collection « Histoire secrète des provinces françaises », 1984.
  5. Guillaume le Conquérant
    • Art et Histoire d’Europe, 1987.
  6. Les Ducs de Normandie
    • Lavauzelle, collection « destins », 1987.
  7. Grands Marins normands
    • L’Ancre de Marine, 1993.
  8. Légendes traditionnelles de Normandie
    • L’Ancre de Marine, 1997.
  9. Jean Mabire et le Mouvement Normand
    • Éditions de l’Esnesque, 1998 (chroniques, cinq tomes parus).
  10. Vikings : cahiers de la jeunesse des pays normands
    • Veilleur, 1999 : tome I (1949-1951), tome II (1951-1955).
  11. La Varende entre nous
    • Présence de La Varende, 1999.
  12. Des poètes normands et de l’héritage nordique
    • Antée, 2003 ; réédition : Dualpha, 2005.

Histoire militaire

  1. Les Hors-la-loi
    • Paris : Robert Laffont, 1968 ; réédition sous le titre Commando de chasse, Presses de la Cité, 1976 ; Presses-Pocket, 1978 ; France-Loisirs, 1979.
  2. Les Samouraï (en collaboration avec Yves Bréhéret)
    • Paris : Balland, 1971 ; réédition : France-Loisirs, 1978 ; Presses-Pocket, 1987.
  3. Les Waffen SS (sous le pseudonyme Henri Landemer)
    • Paris : Balland, 1972.
  4. La Brigade Frankreich
    • Paris : Fayard, 1973 ; réédition : Grancher, 2005.
  5. Ungern, le Baron fou
    • Paris : Balland, 1973 ; réédition sous le titre Ungern, le dieu de la guerre, Art et Histoire d’Europe, 1987.
  6. La Division Charlemagne
    • Paris : Fayard, 1974 ; réédition : Grancher, 2005.
  7. Mourir à Berlin
    • Paris : Fayard, 1975 ; réédition : Grancher, 1995.
  8. Les Jeunes Fauves du Führer
    • Paris : Fayard, 1976 ; réédition : Grancher, 2000.
  9. L’Été rouge de Pékin
    • Paris : Fayard, 1978 ; réédition : Le Rocher, 2006.
  10. Les Panzers de la Garde Noire
    • Paris : Presse de la Cité, 1978.
  11. La Bataille de l’Yser : les fusiliers marins à Dixmude
    • Paris : Fayard, 1979.
  12. La Division « Wiking »
    • Paris : Fayard, 1980.
  13. Les Paras du matin rouge
    • Presses de la Cité, 1981.
  14. La Crète, tombeau des paras Allemands
    • Presses de la Cité, 1982.
  15. Röhm, l’homme qui inventa Hitler
    • Paris : Fayard, 1983.
  16. Chasseurs alpins. Des Vosges aux Djebels
    • Presses de la Cité, 1984.
  17. Les Diables verts de Cassino
    • Presses de la Cité, 1991.
  18. Les Paras de l’enfer blanc, Front de l’Est 1941-1945
    • Presses de la Cité, 1995.
  19. Division de choc Wallonie, Lutte à mort en Poméranie
    • Éditions Jacques Grancher, 1996.
  20. Les Guerriers de la plus grande Asie
    • Dualpha, 2004.
  21. La Nuit des Paras
    • France Loisirs, 1992.

Autres sujets

  1. Tixier-Vignancour : histoire d’un Français
    • L’Esprit Nouveau, 1965 ; réédition : Déterna, 2001.
  2. Les Grands Aventuriers de l’Histoire, les éveilleurs de peuples
    • Fayard, 1982.
  3. Découvreurs et Conquérants
    • Atlas, 1983.
  4. Patrick Pearse, une vie pour l’Irlande
    • Terre et Peuple, 1998.
  5. Du bûcher à la guillotine
    • Dualpha, 2000.
  6. La Traite des Noirs
    • L’Ancre de Marine, 2000.

Romans

  1. L’Idole a disparu (sous le pseudonyme de Didier Brument)
    • Filipacchi, 1970.
  2. Les Paras perdus
    • Presses de la Cité, 1987.
  3. La Maôve
    • Presses de la Cité, 1989.
  4. Opération Minotaure
    • Presses de la Cité, 1996.
  5. L’Aquarium aux nouvelles
    • Éditions Dutan, 2021.

Sur la mer et les marins

  1. Évasions fantastiques
    • Maritime d’Outre-Mer, 1970.
  2. Pêcheurs du Cotentin
    • Heimdal, 1975.
  3. Les Vikings rois des tempêtes
    • Versoix, 1978.
  4. Les Conquérants des mers polaires
    • Vernoy, 1980.
  5. Mor Bihan autour du monde
    • Fayard, 1980.
  6. Ils ont rêvé du Pôle
    • L’Ancre de Marine, 1994.
  7. Béring. Kamtchatka-Alaska : 1725-1741
    • Glénat, 1996.
  8. Roald Amundsen, le plus grand explorateur polaire
    • Glénat, 1998.

Série « Que lire ? : Portraits d’écrivains »

  • Que lire ? : Portraits d’écrivains (7 volumes, Dualpha, 1994-2007).
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6 réponses à “Ne pas oublier Jean Mabire, normand, éveilleur des peuples d’Europe”

  1. Guy Bourdon dit :

    Mait’Jean marchera toujours dans nos rangs. Merci aux Bretons d’évoquer l’éveilleur de peuple qu’il a été. On peux associé également Didier Patte parti rejoindre Mait’Jean sur la Lande des Païens en 2023.
    Amitiés Normandes.

  2. hentic mabire k dit :

    Effectivement nous sommes quelques uns à ne pas oublier l’éveilleur des peuples Jean Mabire , et à préserver sa mémoire . Après l’hiver vient le printemps particulièrement si on y travaille !
    Amitiés mabiriennes

  3. Raymond Neveu dit :

    J’ai toujours été bien accueilli lors de mes missions en Normandie si ce n’est à Rouen où ils voulaient chier plus haut qu’ils n’ont le cul percé et c’était aussi l’avis des Caennais!!! Et par discrétion je n’ai jamais précisé que l’un de mes grand-père était un produit local du 15e d’artillerie de Rouen. Dans la Manche j’étais chez moi et je rappelle qu’à la fin du IX e siècle les comtés d’Avranches et de Coutances étaient bretons ce sont les magouilles du clergé gallo-romain qui ont poussé les dus normands à nous pousser dehors! Et Saint Lo s’appelait Sant Lois!

  4. BARON D'AUZAT dit :

    Souvenons-nous de Jean Mabire, qui a su faire ressurgir, de sa plume merveilleuse, la Mémoire Européenne, et le nécessaire combat pour nos identités. N’oublions pas l’Eveilleur qu’il fut, pour aujourd’hui et pour demain…Baron d’Auzat –

  5. Raymond Neveu dit :

    Et les Bretons furent repoussés derrière la Sélunes mais conservèrent le Mont et Saint Hilaire du Harcouet ah le Mont lieu de pèlerinage et source d’oseille! La sainte oseille empêchait Aubert de dormir et il appela au secours le duc des Normands! Quand Pierre de Dreux qui avait reçu la tonsure dut épouser Alix la belle duchesse il les mit au pas les évêques qui finirent par avoir le dernier mot!
    Quand il pleut tu ne vois pas le Mont, quand tu vois le Mont c’est qu’il ne pleut pas encore.

  6. Erwan Berric dit :

    L’histoire de ce baron balte, Ungern von Sternberg, qui tient l’Armée Rouge en échec durant plus de 3 ans et soulève la Mongolie contre Lenine, est des plus fascinante.

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