En 2024, la réforme de l’accès aux études de santé continue de susciter des débats. Quatre ans après sa mise en œuvre, la Cour des comptes publie un rapport détaillant les avancées et les limites de ce dispositif, qui visait à transformer en profondeur les modalités d’entrée dans les filières médicales. Retour sur une réforme ambitieuse mais controversée.
La fin du numerus clausus : un tournant majeur
Depuis la rentrée universitaire 2020, le numerus clausus, symbole de la régulation stricte des effectifs en santé, a été supprimé. Désormais, l’accès aux études médicales, maïeutiques, odontologiques et pharmaceutiques (MMOP) repose sur deux dispositifs principaux : le Parcours d’accès spécifique santé (PASS) et les Licences avec option accès santé (LAS). Ce double dispositif avait pour objectif d’accroître le nombre de professionnels de santé tout en diversifiant leurs profils académiques, sociaux et géographiques.
Le rapport souligne les difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre de cette réforme, marquée par un pilotage national insuffisant et une hétérogénéité dans les modèles appliqués par les universités. La coexistence des voies PASS et LAS, issue d’un compromis politique, a complexifié l’accès pour les étudiants. Ces derniers dénoncent un manque de clarté dans les modalités d’entrée, accentué par des approches divergentes entre les établissements.
Des résultats mitigés sur la réussite et la diversité
Si l’augmentation des effectifs admis en MMOP est tangible (+18 % en médecine et +14 % en odontologie depuis 2020), la réussite étudiante reste un défi. Selon la Cour, seulement 37 % des étudiants accèdent à MMOP après deux années d’études, un taux qui cache des disparités importantes selon les filières et les universités. De plus, la diversification des profils demeure un échec : les étudiants issus des PASS, majoritairement urbains et issus de milieux favorisés, continuent de dominer.
Le rapport pointe également un phénomène préoccupant : l’exode des étudiants français vers des pays voisins comme la Belgique et la Roumanie, où l’accès aux études de santé est plus simple. Environ 10 % des étudiants recalés dans les filières françaises poursuivent leurs études à l’étranger, un constat qui pose des questions sur l’attractivité et l’équité du système français.
Les recommandations de la Cour : vers une voie unique ?
Face aux dysfonctionnements actuels, la Cour des comptes préconise une simplification radicale du dispositif. Parmi les options envisagées figure la création d’une voie d’accès unique, mêlant les meilleures pratiques des PASS et LAS, tout en harmonisant les modalités d’évaluation et de réorientation. Ce modèle, axé sur une première année majoritairement orientée vers la santé, pourrait répondre à la demande des étudiants pour un cadre plus lisible et équitable.
Enfin, le rapport insiste sur l’importance d’adapter la formation aux besoins des territoires. L’augmentation des places en MMOP doit être mieux corrélée aux déserts médicaux. Un comité interministériel est recommandé pour piloter cette transition et garantir une répartition géographique plus équitable des professionnels formés.
Illustration : DR
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Une réponse à “Réforme des études de santé : un espoir en demi-teinte pour les futurs médecins”
L’industrie médicale ne va pas s’occuper de la santé sinon elle est au chômage … Ce n’est pas encore clair pour tout le monde ?