Se faire siliconer les miches ? Encore un coup de l’emprise ! [L’Agora]

« L’emprise« … « Le patriarcat« … pas un jour ne passe sans qu’une starlette sur le retour ne vienne nous raconter son expérience traumatique dans le show biz, ce milieu apparemment aussi scintillant que dégueulasse. Mais a-t-on jamais entendu l’une d’elles évoquer ses propres responsabilités dans le maintien d’un système malsain ?

Partir en croisade contre une industrie qui fabrique de la star à la chaîne, qui les façonne tels des produits de consommation, qui privilégie l’image au talent, c’est beau. Sauf quand cela est fait trop tard parce qu’on a goulûment mangé dans la soupe pendant des décennies. Quand on a tiré avantage de s’être couchée (ou d’avoir couché ) et qu’on se réveille des années plus tard en pointant du doigt « l’emprise » pour quelque décision que l’on regrette. « L’emprise » est ainsi devenue un terme à la mode synonyme de « choix irréfléchi ». Un bon moyen de rejeter ses propres responsabilités sur les autres, voire sur un concept abstrait. 

Je me suis faite siliconer, pour être sexy et vendre plus de disques, mais je suis sortie de cette emprise en faisant retirer mes implants mammaires…

Accuser l’emprise parce qu’on a merdé, c’est opérer une double déresponsabilisation : non seulement je refuse de prendre conscience que je suis responsable de mes choix, mais en plus, je fais comme si mon acquiescement – et mon silence ! – n’avaient permis au procédé de fonctionner et de faire d’autres victimes après moi (puisque je me pense tel). Car le fait est là, toutes celles qui ont cédé, qui ont obéi aux injonctions de ce milieu pourri, sont responsables de son maintien en l’état.

Chaque Natasha St-Pier qui consent à se faire siliconer pour satisfaire Monsieur le producteur, incite les producteurs suivants à faire de même avec les prochaines starlettes. Voilà ce que l’on n’entend jamais. Au lieu de faire part de sa propre expérience dans un but évolutif ou préventif, ces témoignages ne visent qu’à pointer du doigt, accuser l’autre que soi. Les puissants, les supérieurs, la société. Mais celles qui se sont tues ? Il n’y a aucune introspection, les mauvaises décisions ne sont jamais considérées comme des erreurs de jeunesse prises en conscience. Et aujourd’hui, elles sont surtout rentables, puisqu’elles permettent revenir sur scène : en y ajoutant un peu de vindicte, elles ouvriront illico les portes des plateaux de télé.

Enfin, si seulement ce lavage de linge sale restait confiné dans leur milieu, on pourrait encore comprendre. Mais le problème, c’est que toutes leurs histoires larmoyantes participent d’un vaste mouvement de déresponsabilisation et d’inculpation qui s’étend à toute la société.

D’ailleurs, c’est bien connu, seules les chanteuses à gros bonnets font exploser le box-office, non ?

Audrey D’Aguanno

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