Il est des événements minuscules, presque anecdotiques, qui valent comme une leçon politique. Moins par leur ampleur que par l’éclat de vérité qu’ils provoquent — quand le masque tombe, quand le vernis moral s’écaille, et que l’idéologie révèle sa substance nue. L’accueil récent de quelques dizaines de réfugiés sud-africains blancs aux États-Unis, des familles boers, en est un.
Ceux-là fuyaient l’Afrique du Sud de l’ANC, cette démocratie post-apartheid si chérie des chancelleries occidentales, où le pouvoir, au nom de la « réparation », conduit une politique de plus en plus ouvertement hostile aux descendants des colons européens : expropriations sans compensation, quotas raciaux dans les emplois, criminalité tolérée, voire instrumentalisée. Les Boers fuient non par fantasme, mais par nécessité — menacés non pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils sont. Non pas oppresseurs, mais minorité indésirable dans une nation désormais régie par la vengeance ethnique.
Welcome to America. The « Boers » (White farmers from South Africa) are escaping an all out White Genocide. With hundreds of thousands killed by Black Africans and their land stolen by the SA Black Ran Gov. pic.twitter.com/nkfF0ou5Ya #Boers #WelcomesYou #WHITEGENOCIDE2025
— U.S. & Europe Think Tank Researcher 𓃵 ▫️◽◻️◽▫️◽◽ (@SafeHavenMoney) May 12, 2025
Et pourtant, leur arrivée sur le sol américain n’a pas suscité les mêmes applaudissements que celle de cohortes de « migrants » anonymes venus du Sud global. Non, cette poignée de familles blanches, brandissant timidement le drapeau américain, a soulevé une tempête de vitupérations venues de la gauche médiatique américaine. Sur MSNBC, CNN, dans les cercles universitaires et jusqu’aux chairettes anglicanes (ou épiscopaliennes), on s’est étrangement cabré. Que les Boers soient victimes d’une persécution identitaire ? On en doute, on nie, on conteste. « Qu’ils rentrent en Allemagne », dit même une ancienne proche de l’administration Biden, feignant d’ignorer que ces familles sont africaines depuis autant de générations que les descendants des colons anglais sont américains.
L’article incisif de Gregory Hood, publié par American Renaissance, met le doigt là où cela fait mal : « Les mots d’ordre humanitaires s’effacent dès que la couleur de la victime gêne la narration. » L’asile, pourtant censé être fondé sur la crainte fondée de persécution pour des motifs identitaires, religieux ou politiques, devient suspect quand ceux qui en bénéficient sont blancs et chrétiens, attachés à leur culture. Il n’est plus question de souffrance, mais de privilège, même dans la fuite. Le fait même d’exister devient alors un reproche.
Ce renversement des valeurs n’a rien de fortuit. Il illustre ce que Guillaume Faye, dans la Colonisation de l’Europe, nommait déjà dans les années 1990 la « xénophilie punitive » : l’attitude d’une gauche occidentale qui n’aime plus son peuple et qui, sous couvert d’universalisme, pratique une préférence systématique pour l’Autre, pourvu qu’il ne ressemble pas à soi. L’Amérique n’a pas inventé ce vice moral, mais elle l’exporte avec zèle.
À cet égard, les propos du clergé épiscopalien américain sont d’une clarté sinistre. Interrogé sur la possibilité d’aider les réfugiés boers, l’un de ses évêques a répondu : « Ce n’est pas dans la ligne de notre Eglise. » Et de rappeler les liens historiques avec l’anglicanisme sud-africain et sa « mission de justice raciale ». Faut-il comprendre que secourir un blanc serait désormais contraire à l’Évangile ? Que la miséricorde a un code couleur ? Qu’il est chrétien de secourir tous les opprimés sauf ceux dont la peau offense la mémoire militante ?
Le cas des Boers n’est pas seulement celui d’un peuple sans terre, mais celui d’un révélateur. Il montre la duplicité des discours droits-de-l’hommistes, la logique de persécution inversée qui travaille les sociétés occidentales, et le refus de reconnaître que, dans certains contextes, l’homme blanc peut être, lui aussi, objet de persécution. Non pour ce qu’il aurait fait, mais pour ce qu’il est.
Gregory Hood ne s’y trompe pas : l’asile accordé par Donald Trump à 59 Afrikaners est une goutte d’eau dans un océan d’incohérences. Mais c’est une goutte éclairante. En accueillant ceux que les autres repoussent, Trump a mis au jour, sans même le dire, la nature réelle de l’idéologie progressiste. Elle n’est pas fondée sur l’universalité du droit, mais sur l’arbitraire des préférences raciales. Elle ne défend pas l’humanité, elle sélectionne les humains.
L’affaire est donc moins sud-africaine qu’occidentale. Elle interroge, en creux, le sort que nos propres sociétés réservent à ceux qu’elles jugent devenus inopportuns. Car lorsque la persécution se pare des habits du progrès, lorsque l’exclusion est proclamée au nom de l’inclusion, alors il ne reste plus de refuge pour ceux qui refusent de s’effacer.
Balbino Katz — chroniqueur des vents et des marées —
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