Le paysage politique portugais vient de basculer. L’élection législative anticipée du 18 mai 2025 a vu la droite nationaliste du parti Chega réaliser une percée historique, faisant jeu égal avec le Parti socialiste et s’imposant désormais comme une force incontournable du parlement. Une droitisation profonde, jusqu’alors impensable au Portugal, est bel et bien en cours.
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— Partido CHEGA 🇵🇹 (@PartidoCHEGA) May 18, 2025
Une victoire en demi-teinte pour le Premier ministre, un raz-de-marée pour Chega
Le Premier ministre sortant, Luis Montenegro, leader de la coalition Alliance Démocratique (centre droit), est arrivé en tête du scrutin avec environ 32,7 % des voix et 89 sièges (sur 230), consolidant sa position sans toutefois atteindre la majorité absolue requise (116 sièges). Une victoire relative, rendue politiquement inconfortable par l’absence de coalition stable et la nécessité de gouverner en minorité.
Mais la véritable surprise – voire le séisme électoral – est venue de Chega (« Assez »), le parti dirigé par André Ventura, qui avec 22,6 % des voix et au moins 58 sièges, devient le troisième pilier du système politique portugais, à égalité avec les socialistes.
La Chega (droite nationale portugaise) en très forte progression, talonnant les socialistes. Le pays penche définitivement à droite. pic.twitter.com/pLSA14O2hz
— Raphaël Ayma 🇫🇷 (@raphael_ayma) May 18, 2025
Ventura a résumé la situation avec des mots lourds de sens :
« Le bipartisme au Portugal est terminé. »
Une dynamique populiste enracinée
Fondé en 2019, Chega n’avait obtenu qu’un seul siège à ses débuts. Moins de six ans plus tard, il devient le principal représentant d’un électorat conservateur, souverainiste et opposé à l’immigration de masse, surfant sur les frustrations croissantes de la population face à une inflation galopante, une crise du logement inédite, et une perception généralisée de la corruption des élites.
Si la campagne d’André Ventura a été marquée par quelques scandales internes — notamment des affaires impliquant des élus du parti —, cela n’a pas entamé la poussée électorale du mouvement, qui a su capitaliser sur le rejet croissant des partis traditionnels et sur la montée de l’inquiétude face à l’explosion de l’immigration (+300 % depuis 2017).
Le succès de Chega repose aussi sur une ligne politique claire : réduction drastique de l’immigration, lutte contre la corruption, défense des valeurs chrétiennes, et restauration d’une souveraineté portugaise face aux injonctions de Bruxelles.
Une droitisation du Portugal à l’unisson de l’Europe
Avec ces résultats, le Portugal, longtemps considéré comme un bastion de la gauche modérée, rejoint désormais le camp des nations européennes où les droites populistes, nationalistes et conservatrices sont devenues centrales. À l’image de la Pologne, de la Hongrie, de l’Italie de Giorgia Meloni ou même de la France où le RN caracole en tête des intentions de vote, la droitisation du Portugal s’inscrit dans une dynamique continentale.
Chega incarne un vote de rupture, celui des classes moyennes et populaires, rurales ou périurbaines, qui ne se reconnaissent plus dans le libéralisme mondialisé du PS ni dans la tiédeur technocratique du centre droit.
Luis Montenegro devra gouverner sans majorité claire. S’il a jusqu’à présent refusé toute alliance avec Chega, au nom d’un cordon sanitaire fragile, la pression pourrait bien monter dans son propre camp pour intégrer cette nouvelle droite au jeu parlementaire. Ventura, de son côté, a tendu la main : « Le pays a besoin de stabilité. Nous sommes prêts à dialoguer. »
Une situation qui rappelle d’autres scénarios européens récents, où les partis de gouvernement ont été contraints d’ouvrir des discussions avec leurs anciens adversaires pour éviter le blocage institutionnel.
L’effondrement du Parti socialiste (23,4 %, son pire score depuis 1987), la montée spectaculaire de Chega, l’usure des coalitions modérées… tout indique qu’un cycle politique s’achève au Portugal, cinquante ans après la Révolution des Œillets. La dynamique est claire : les électeurs portugais rejettent le statu quo. En redonnant voix à une droite affirmée, enracinée, rétive au politiquement correct, ils envoient un message qui dépasse les frontières ibériques.
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Une réponse à “Élections législatives au Portugal : la percée historique de Chega signe un tournant à droite pour le pays”
En fait, le retour de D. Trump aux USA aura pour conséquences visibles immédiates, de noter la prise de conscience des peuples, de cette dérive culturelle, politique, économique, que nous inflige la gauche (en général) depuis des décennies. Et on constate donc que progressivement, les idéologies de ces « minorités » qui nous pourrissent la vie, sont chassées petit à petit par une droite bancale, mais qui tend à reprendre le terrain.
C’est certainement ceci qui rend fou Mélenchon, qui sent bien que la partie se termine…
Ca va devenir intéressant à suivre.