Cork (Irlande) : démonstrations massives contre l’immigration dans un climat de colère populaire

Deux manifestations massives ont eu lieu dans le centre-ville de Cork ce samedi après-midi, révélant un pays fracturé entre colère identitaire et engagement internationaliste/gauchiste. D’un côté, quelques milliers personnes réunies sous la bannière du soutien à la cause palestinienne ; de l’autre, pas loin de 10 000 manifestants réunis autour d’un message clair : « Cork dit non » à l’immigration de masse.

Une mobilisation exceptionnelle face à un ras-le-bol grandissant

Le point de ralliement des protestataires hostiles à la politique migratoire du gouvernement irlandais était du côté de Grand Parade, d’où le cortège s’est dirigé vers l’Hôtel de ville. L’appel à la mobilisation faisait suite à une série de faits divers tragiques ayant marqué l’opinion : une attaque au couteau ciblée contre des Irlandais dans le quartier de Stoneybatter, une rixe meurtrière entre migrants africains à Dublin, une tentative d’enlèvement d’un enfant par un ressortissant étranger… Le tout en une semaine seulement.

À cela s’ajoutent plusieurs procès très médiatisés impliquant des étrangers dans des meurtres, notamment celui d’un touriste canadien agressé gratuitement à Dublin, et une affaire de règlement de comptes impliquant des ressortissants africains et roumains.

Pour les organisateurs du rassemblement anti-immigration, ces drames illustrent une crise migratoire devenue incontrôlable et le refus du gouvernement de protéger les citoyens. Drapeaux irlandais et pancartes aux slogans nationalistes en main, les manifestants ont dénoncé le chaos social et l’importation massive de populations non intégrées, perçue comme une menace directe pour la sécurité, l’identité et la cohésion nationale.

Des figures de la droite identitaire en première ligne

Le rassemblement a vu la participation de figures notoires du nationalisme irlandais, telles que Derek Blighe, ancien leader du mouvement Ireland First, ou encore Hermann Kelly du Irish Freedom Party. Les discours ont pointé du doigt un État obsédé par le « climat, la diversité et les étrangers » plutôt que par l’intérêt des citoyens irlandais.

Un participant a été interpellé après avoir franchi la barrière de sécurité séparant les deux rassemblements, incident rapidement maîtrisé par la Garda Public Order Unit.

À quelques dizaines de mètres de là en effet sur cette même Grand Parade, une autre foule composée d’antifas et de militants palestiniens brandissait des drapeaux palestiniens, appelant à la fin du soutien irlandais à Israël et à l’adoption du Occupied Territories Bill. Parmi les intervenants, des artistes et militants engagés contre les bombardements à Gaza ont dénoncé les horreurs vécues dans l’enclave, décrivant une réalité de mort omniprésente et d’enfants mourant de faim.

Un face-à-face sous haute surveillance

La Garda, la police irlandaise a mobilisé plus de 100 agents, soutenus par des unités montées, des équipes cynophiles, des policiers en civil et un hélicoptère pour prévenir toute escalade. Des barrières ont été installées pour empêcher les deux groupes de se confronter directement. Malgré des échanges verbaux vifs et des slogans concurrents, la journée s’est déroulée sans heurts majeurs.

Le chef de la police locale, le Chief Superintendent Thomas Myers, a salué « le comportement pacifique des participants » et a remercié les services de transport public pour leur coopération, alors que 21 lignes de bus ont dû être déviées.

Ce rassemblement contre l’immigration fait suite à d’autres ces dernières années, inédits en Irlande. Entre l’explosion de la criminalité liée à l’immigration et une crise du logement sans précédent, l’Irlande semble prise en étau. La manifestation « nationale pour l’Irlande » de ce samedi n’est sans doute qu’un avant-goût d’une mobilisation plus large (une nouvelle manifestation se déroulera le 22 juin, à Dublin). La rue gronde, les Irlandais ne sont pas décidés à se laisser coloniser sans réagir, et les autorités feraient bien de ne pas continuer à l’ignorer.

Crédit photo : DR
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