L’Organisation mondiale de la santé (OMS-Europe) et la Société européenne de pneumologie (ERS) tirent la sonnette d’alarme : plus de 80 millions d’Européens souffrent aujourd’hui de maladies respiratoires chroniques, comme l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), et des millions d’autres sont encore non diagnostiqués.
Un nouveau rapport conjoint, le premier de ce type à l’échelle régionale, dénonce la sous-estimation dramatique de ces pathologies pourtant évitables, ainsi que l’abandon politique et le manque de moyens qui leur sont consacrés.
Une bombe à retardement sanitaire
Ces maladies représentent déjà la sixième cause de mortalité dans la région européenne de l’OMS. Elles sont souvent la cause sous-jacente de cancers, de maladies cardiovasculaires ou de complications graves, notamment chez les populations âgées ou précaires.
Selon l’OMS, l’absence d’outils de diagnostic comme la spirométrie, la formation insuffisante des professionnels de santé, les erreurs de diagnostic, les délais d’orientation vers les spécialistes, ainsi que la mauvaise qualité des données de santé, contribuent à masquer l’ampleur réelle du fléau.
Le coût économique est également colossal : on estime à 21 milliards de dollars par an les pertes de productivité et les dépenses de santé dues aux maladies respiratoires chroniques.
Tabac, pollution, précarité : les causes sont connues
Le rapport identifie les principales causes évitables de l’épidémie : le tabagisme, actif ou passif, et la pollution de l’air, intérieur comme extérieur.
Plus de 25 % des adultes fument encore en Europe, un taux supérieur à la moyenne mondiale (20,9 %). Chez les jeunes, la progression de la consommation de cigarettes électroniques et de tabac chauffé fait craindre une génération aux poumons déjà fragilisés.
En parallèle, plus de 90 % des Européens respirent un air contenant des niveaux de particules fines supérieurs aux seuils de sécurité recommandés par l’OMS.
Une urgence ignorée
La présidente de l’ERS, la professeure Silke Ryan, déplore que les maladies respiratoires demeurent un parent pauvre de la santé publique mondiale : « Nous respirons 22 000 fois par jour, mais la santé respiratoire reste l’un des domaines les plus négligés. Il est temps de faire de la santé respiratoire une priorité. »
Les auteurs du rapport pointent également le désinvestissement massif dans la recherche ces dernières années, sous prétexte que la mortalité avait légèrement baissé par le passé.
La BPCO est responsable à elle seule de 80 % des décès liés aux maladies respiratoires chroniques. Le nombre de cas devrait augmenter de 23 % d’ici 2050, surtout chez les femmes et dans les pays à revenus intermédiaires.
Un appel à l’action avant le sommet de l’ONU de septembre
En prévision de la Réunion de haut niveau des Nations unies sur les maladies non transmissibles et la santé mentale, prévue en septembre 2025, l’OMS-Europe appelle les gouvernements à intégrer la lutte contre les maladies respiratoires chroniques dans les stratégies de santé publique.
Le Dr Gauden Galea, conseiller stratégique à l’OMS, plaide pour des mesures concrètes : prévention du tabagisme, réduction de la pollution, amélioration de l’accès aux traitements, investissements dans la recherche, mais aussi développement de soins palliatifs et de réhabilitation respiratoire.
« Ce rapport donne aux États les outils nécessaires pour agir maintenant, avec des résultats mesurables à cinq ans », conclut-il. « C’est une opportunité historique d’éviter des millions de morts évitables. »
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2 réponses à “Maladies respiratoires chroniques : une crise de santé publique ignorée, alerte l’OMS”
je propose de renommer Breizh-info, journal d’aide à la recherche médicale, les dons sont possibles.
Demat ; respirons profondément ; évitons tabac et autres drogues et mangeons sainement pour éviter au maximum ces maladies respiratoires…Et faisons du vélo, marche, canicross et canivtt…et ce, en ramassant les clopes et autres déchets polluants. Kenavo