À partir d’octobre 2025, une expérimentation sera menée en France pour tester la dématérialisation des notices de médicaments. Lancée à l’initiative de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), elle soulève d’importantes inquiétudes, notamment pour les personnes âgées ou éloignées du numérique.
Un projet expérimental porté par l’ANSM
En pratique, certains médicaments porteront un QR Code ou un code-barres permettant d’accéder à une notice numérique, hébergée sur la base publique des médicaments. Ce test concernera 93 médicaments en ville, avec pour objectif « d’améliorer l’ergonomie et la lisibilité de l’information », selon Céline Mounier, directrice adjointe des opérations à l’ANSM citée dans un article publié le 17 juin par le magazine 60 Millions de Consommateurs.
À l’hôpital, la réforme ira plus loin : pour 468 spécialités, la notice papier sera tout simplement supprimée, sans même être remplacée par un QR Code. Une décision rendue possible grâce à l’accord préalable de la Commission européenne, la présence de la notice étant en principe exigée par la réglementation.
L’ANSM précise que cette phase pilote ne remet pas encore en cause la notice papier pour les médicaments délivrés en ville. « Nous comprenons les craintes et les réticences », a déclaré Céline Mounier, qui promet une concertation à mi-parcours de l’expérimentation. À terme, cependant, la perspective d’une généralisation est bel et bien évoquée dans les projets européens de révision du code pharmaceutique.
Les plus vulnérables en première ligne
Ce changement de paradigme ne fait pas l’unanimité. Une lettre ouverte signée le 11 avril dernier par plusieurs associations de consommateurs, dont l’UFC-Que Choisir, CLCV et Familles rurales, alerte sur les risques d’exclusion. « Pour de nombreuses personnes – en particulier les personnes âgées, en situation de précarité numérique ou vivant dans des zones mal desservies –, ce document constitue un support indispensable, à la fois simple et fiable », rappellent-elles.
Les avantages du numérique (mise à jour en temps réel, caractères agrandis, vidéos explicatives) sont bien réels, mais ne sauraient justifier, selon ces associations, une suppression unilatérale de l’imprimé. « Le numérique doit rester un outil additionnel, complémentaire et jamais un substitut imposé », écrivent-elles dans leur courrier adressé au ministre de la Santé.
Du côté des industriels, le soutien est marqué. Plusieurs fédérations européennes estiment que la notice électronique permettra de « rationaliser les processus », de « diminuer les déchets » et de faciliter les redistributions entre pays grâce à des emballages multilingues. Une logique économique et écologique qui, pour les défenseurs du maintien du papier, ne doit pas primer sur l’accès égalitaire à l’information médicale.
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