Il fallait oser. Et Johanna Rolland, maire socialiste de Nantes, l’a fait. Cet été 2025, la statue de Louis XVI, l’une des quatre encore visibles en France, a été volontairement dissimulée par une installation contemporaine aussi clinquante que provocatrice, dans le cadre du désormais célèbre (et très controversé) Voyage à Nantes. Le roi martyr a été effacé de l’espace public, remplacé – symboliquement – par une figure grotesque de bronze de près de deux mètres et de 200 kg, perchée au sommet de la colonne, les pieds à l’envers, baptisée Antipodos.
L’initiative revient à l’artiste colombien Iván Argote, choisi par la mairie pour « interroger la présence des symboles monarchiques dans l’espace public ». Derrière ce vernis poétique, c’est bien une volonté politique de déconstructionqui s’affiche : celle d’une municipalité qui préfère les provocations esthético-idéologiques aux hommages historiques. La statue de Louis XVI, restaurée en 2012, n’est pas détruite mais encagée derrière un jeu de miroirs censé refléter le ciel et « faire disparaître » le monarque. Un effacement bien réel, dans un contexte où l’on déboulonne à tour de bras tout ce qui évoque l’Histoire classique, chrétienne, monarchique ou nationale.
“Ce n’est pas l’Histoire qu’on veut changer, mais des histoires qu’on veut raconter” affirme la directrice du Voyage à Nantes, Sophie Lévy. À chacun sa vérité, donc. L’objectivité historique peut attendre.
Derrière l’homme aux pieds retournés, on devine une posture politique assumée, où l’art contemporain devient l’instrument d’un discours relativiste, déconnecté des racines françaises. Pourquoi confier à un artiste étranger – qui avoue lui-même ignorer tout de la culture française – une réinterprétation d’un symbole royal local ? Quelle légitimité à évincer Louis XVI au profit d’un acrobate absurde ?
L’œuvre se veut « poétique ». En réalité, elle illustre l’absurdité culturelle d’une mairie de gauche qui navigue entre cancel culture, art conceptuel et rejet assumé de l’héritage national. Même Louis de Bourbon, descendant direct du roi décapité, s’en est ému publiquement, déplorant que la mémoire de ses aïeux soit ainsi effacée au nom de la « modernité artistique ».
Rappelons que la colonne Louis XVI, érigée en 1790 et finalement coiffée de la statue royale en 1823, avait été pensée comme un hommage des Nantais au roi bienfaiteur. Elle n’est même pas classée monument historique – alors que d’autres édifices bien plus récents le sont. Ce flou administratif permet aujourd’hui de manipuler à loisir les symboles, sans procédure, sans débat démocratique, sans scrupules.
Le « Voyage à Nantes », coûteux et subventionné, se veut un évènement culturel grand public. Il devient, cette année encore, le théâtre d’une réécriture de l’Histoire au profit d’une idéologie post-nationale, où les figures du passé sont tournées en dérision pour satisfaire l’air du temps.
Le message est clair : le pouvoir local préfère l’iconoclasme à la transmission, la rupture au respect, l’oubli à la mémoire. Nantes, ville chargée d’Histoire, semble désormais dirigée par des élus qui marchent à reculons – et pensent à rebours.
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