Cette année encore, sur 3 journées consécutives, la paisible petite cité de Clisson, a vu déferler près de 280 000 « métalleux », avides de concerts et consommateurs en puissance de produits dérivés liés au festival.
À cette occasion, le site du festival devient l’un des plus grands débits de boisson de France, générant un chiffre d’affaires considérable. Dans cette envolée d’activité, la bière se taille la part léonine des ventes, convoyée entre les différents bars du site par un pipeline dédié !
Un outil loin d’être disproportionné pour répondre à une consommation globale qui avoisine les 800 000 litres sur la durée du festival. En comparaison, la part du muscadet avec ses 25 000 litres, apparaît plus modeste, mais représente à l’échelle locale une belle poussée des ventes.
À savoir si tout le monde ressort gagnant de cette gigantesque orgie ? Rien n’est moins sûr… car de fortes disparités se font jour dans le ruissellement des retombées économiques du Hellfest sur la ville de Clisson.
Le désert de la ville de Clisson
Le paradoxe de ce festival réside en effet dans sa capacité à drainer un nombre extraordinaire de personnes, tout en déclenchant des forces centripètes vidant littéralement Clisson de sa population endogène, désireuse de fuir le siège de leur ville.
Dans ce jeu des forces contraires, s’opposent les fortes concentrations des festivaliers stationnées sur des aires d’accueil bien définies, à l’étrange atmosphère de désertification de la ville pendant ces 3 jours.
L’intense programmation n’a guère incité les festivaliers à s’égayer outre mesure dans la ville environnante, dans ces conditions, on peut s’interroger sur le réel impact du festival pour le commerce local ?
Il faut néanmoins tenir compte du bonus induit par les séjours post-festival, se révélant plus fructueux pour les commerçants du centre-ville de Clisson sur la durée. L’après festival, ouvre en effet une page plus touristique chez une partie des festivaliers qui n’hésitent pas à s’adonner à la visite d’une ville au charme indéniable.
Leclerc de Clisson : le lieu nodal de la consommation festivalière
Le grand gagnant de cet apport exceptionnel en visiteurs demeure toutefois l’hypermarché Leclerc, situé près du site du festival.
Pour des raisons de commodité, mais aussi de proximité, la grande surface cristallise toutes les velléités d’achat des festivaliers, enclins à faire au plus rapide pour leur ravitaillement, dans le but de ne pas perdre une miette des concerts.
D’où le zèle du magasin qui n’hésite pas à se mettre à l’heure des codes esthétiques du Hellfest aux fins de séduire cette vague inédite de consommateurs. Les chiffres parlent d’eux même, le rayon liquide qui intègre les vins, softs et bières, engrange un chiffre d’affaires de 480 000 euros en une semaine !
Afin d’absorber une telle suractivité, le Leclerc mobilise toute son armada de fournisseurs pour suppléer le travail du personnel et faire face à une croissance d’activité démesurée.
Et le muscadet dans tout ça ?
Si la bière tire son épingle du jeu par ses ventes écrasantes, le muscadet en bon outsider parvient lui aussi à tirer les dividendes de cet afflux de festivaliers. Au fond, la dimension internationale du Hellfest, lui donne une opportunité unique de se faire connaître auprès de nombreux étrangers.
S’ajoute un statut de produit de terroir local, gage d’un attrait supplémentaire auprès des festivaliers en quête de souvenir pour ce moment unique.
Bien évidemment, le domaine partenaire du festival est le grand gagnant de cette ruée commerciale. Ainsi la cuvée Hellfest de la famille Heraud, truste la grande majorité des ventes. Le Leclerc de Clisson écoule près de 3 palettes, l’équivalent de 1800 bouteilles en 3 jours. Au prix de 11 euros (prix de revente imposé par le festival), la cuvée qui affiche les simples standards de qualité d’une cuvée tradition ou domaine (autrement dit l’entrée de gamme pour le Muscadet), vendue en moyenne à 5 ou 6 euros, ne réfrène pas les acheteurs. Grimée aux couleurs méphistophéliques du festival, la cuvée Hellfest aspire les ventes par son marketing destructeur. Derrière cette vente colossale, d’autres producteurs profitent de ventes collatérales mais à une moindre échelle et ce décollement des ventes reste avant tout circonscrit aux vignerons de l’aire d’appellation de Clisson, voire de Gorges.
Reste toutefois la possibilité pour le muscadet de se faire connaître auprès de 280 000 visiteurs chaque année, ce qui est loin d’être une bagatelle pour sa notoriété.
Raphno
Crédit photo : Breizh info.com
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