La monarchie britannique, jadis incarnation de la continuité historique et religieuse du royaume, reflète désormais toutes les contradictions d’une société en pleine décomposition identitaire. À Windsor comme à Buckingham, les initiatives récentes du roi Charles III en matière de « diversité » traduisent moins une force de rassemblement qu’une fuite en avant dans le syncrétisme.
Un iftar dans la salle Saint-Georges
Le rapport annuel 2025 du Royal Collection Trust, chargé de gérer les palais royaux, s’est félicité d’avoir placé « inclusion et diversité » au cœur de ses priorités. Illustration concrète : en mars dernier, pour la première fois en mille ans d’histoire, un Open Iftar (repas de rupture du jeûne du ramadan) a été organisé dans la salle Saint-Georges du château de Windsor. Plus de 350 invités ont participé à l’événement, ponctué par un appel à la prière islamique lancé depuis le balcon par des représentants de la mosquée de Maidenhead. Tout cela « avec la permission du Roi », a insisté le directeur du Trust.
Quelques semaines plus tôt, en février, le même organisme avait tenu une conférence en ligne consacrée aux « artistes et figures queer dans la collection royale », inscrite dans le cadre du mois de l’histoire LGBT. Les noms de Léonard de Vinci, Sappho, Michel-Ange ou Oscar Wilde furent convoqués pour souligner que « la diversité des amours et des identités a toujours existé ». Déjà, à l’automne dernier, la King’s Gallery de Buckingham Palace avait accueilli une exposition du même type.
Dans le sillage de ces initiatives, la monarchie s’est même associée publiquement à la cause militante LGBT : le 5 juillet, la garde royale a diffusé une interprétation d’un hymne queer lors de la London Pride, relayée officiellement par le compte de la famille royale sur X. Une première, jamais envisagée sous le règne d’Élisabeth II.
Le Roi pris au piège d’un pays post-chrétien
Mais Charles III demeure le chef de l’Église d’Angleterre. À ce titre, il affronte un dilemme vertigineux : comment concilier la fonction de souverain chrétien avec la réalité d’un pays où la pratique religieuse s’effondre, où l’islam s’impose comme force démographique (Muhammad est désormais le prénom le plus répandu outre-Manche) et où l’idéologie LGBT dicte l’agenda culturel ?
Selon la presse britannique, le souverain vivrait une véritable « nuit spirituelle » face aux projets de loi que le Parlement entend lui soumettre : dépénalisation totale de l’avortement et légalisation de l’euthanasie. Deux mesures frontalement opposées aux positions officielles de l’Église anglicane.
Cette fuite en avant ne masque pas l’inévitable affrontement entre les deux courants dominants du Royaume-Uni contemporain : l’activisme LGBT, qui impose son drapeau sur les mairies et les écoles chaque mois de juin, et la communauté musulmane, désormais solidement implantée dans de nombreuses villes (Londres, Luton, Oldham, Blackburn, Oxford). Les tensions ne manquent pas d’éclater, notamment autour des programmes scolaires LGBT rejetés par des parents musulmans. Dans ces bras de fer, les progressistes plient souvent face aux revendications communautaires.
Une monarchie dénaturée
Les symboles se succèdent et disent tout : dans la salle bâtie au XIVe siècle par Édouard III pour célébrer l’ordre de la Jarretière, on entend désormais l’appel du muezzin ; dans les galeries royales, on réécrit l’histoire au prisme queer. La couronne, jadis ciment d’une nation façonnée par le christianisme, devient le miroir des fractures actuelles.
Un récent ouvrage, God is an Englishman: Christianity and the Creation of England de Bijan Omrami, rappelle combien la monarchie anglaise et la loi du royaume furent indissociables du christianisme. En rompant avec cet héritage, Charles III semble s’aventurer dans un territoire dangereux : celui d’un roi sans peuple unifié, d’un chef religieux en contradiction avec sa foi, et d’un symbole national éclaté entre mosquées, drapeaux arc-en-ciel et lois de mort.
Le Royaume-Uni est bel et bien entré dans l’ère post-chrétienne. Mais de Windsor à Westminster, la question demeure : qu’adviendra-t-il d’une monarchie privée de sa colonne vertébrale spirituelle ?
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