La 11e étape de la Vuelta, attendue comme un sommet de spectacle au cœur du Pays basque, s’est conclue sans vainqueur ni podium. La raison : des manifestations pro-palestiniennes trop virulentes à l’arrivée de Bilbao, certains cherchant à s’en prendre à des coureurs de l’équipe Israël Premier Tech comme lors du contre la montre par équipes, qui ont conduit les organisateurs à neutraliser la course trois kilomètres avant la ligne. Jonas Vingegaard conserve son maillot rouge, mais le cyclisme sort ébranlé de cet épisode.
Une étape tronquée par la politique
Sportivement, Tom Pidcock et Jonas Vingegaard s’étaient détachés dans la côte de Pike, avant que la direction de course ne décide de geler les temps et d’éviter toute arrivée au milieu de manifestants massés sur la chaussée. Les drapeaux palestiniens flottaient par dizaines et une banderole a même failli provoquer une chute dans le peloton. Dans ce climat, la prudence a prévalu.
Mais le symbole est lourd : la Vuelta a plié face à la rue. Les manifestants réclament le retrait de la formation Israel-Premier Tech, déjà ciblée sur plusieurs étapes depuis le départ. E les organisateurs de la Vuelta, d’une lâcheté sans nom (alors que la course est pourtant pilotée par ASO) suggèrent la même chose.
La situation pose une question embarrassante : pourquoi viser uniquement l’équipe israélienne ?
- Si le critère est moral, pourquoi ne pas exiger aussi l’exclusion de TotalEnergies, dont l’implication au Yémen s’accompagne d’un silence sur les massacres en cours ?
- Pourquoi pas les Émirats, dont les atteintes aux droits humains sont bien documentées ?
- Pourquoi pas Astana, financée par un régime autoritaire ?
En vérité, les trois quarts des sponsors du peloton pourraient être contestés sous un angle politique ou éthique. Or, seule Israel-Premier Tech subit cette pression. Une incohérence qui affaiblit la crédibilité des organisateurs et révèle un militantisme sélectif.
Ce sont pourtant de jeunes cyclistes, la plupart âgés d’à peine 20 ou 25 ans, qui se retrouvent en première ligne. Eux ne portent pas la politique de leurs sponsors, ils font simplement leur métier. Les menacer sur les routes, brandir des banderoles en plein peloton ou provoquer des chutes ne relève pas du courage militant : ceux qui veulent « se battre » savent très bien où se trouve Gaza. Il suffit de prendre son courage à demain, de mettre sa peau au bout de ses idées, et d’embarquer sur les flotilles.
Sur les réseaux sociaux, la fracture est nette. Certains saluent le coup de projecteur donné à la cause palestinienne ; d’autres dénoncent une instrumentalisation dangereuse du sport. Quoi qu’il en soit, les manifestants ont déjà gagné : ils ont imposé leur sujet à la Une des journaux. Mais cela ne changera rien, concrètement, à la guerre à Gaza.
La 12e étape : un retour au sport ?
Ce jeudi, le peloton doit s’élancer de Laredo pour rejoindre Los Corrales de Buelna après 144,9 km. Le menu s’annonce corsé avec le Puerto de Alisas et surtout la Collada de Brenes, dernière difficulté à 23 km de l’arrivée. Trop dur pour les sprinteurs, pas assez sélectif pour les cadors du général : le terrain semble idéal pour une échappée de baroudeurs.
Reste à savoir si la course pourra, enfin, se jouer sur le vélo plutôt que dans la rue.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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