Royaume-Uni. Manifestations géantes, victoire incertaine

Assis ce dimanche matin au Bar des Brisants, le ciel bas et humide ne m’invite guère à sortir. J’irai tout à l’heure au marché du Guilvinec acheter ma tranche de lard rôti chez Jackie Landouille, mais pour l’heure je contemple sur mon écran la presse britannique. Elle bruisse d’un événement singulier : la manifestation « Unite the Kingdom », convoquée par Tommy Robinson au cœur de Londres. Une foule immense, entre cent mille et peut-être un demi-million de personnes, a défilé pour marquer son refus de l’immigration de peuplement. C’est la première fois dans l’histoire moderne de l’Angleterre qu’un tel rassemblement a lieu.

Ce qui me frappe, c’est l’art consommé avec lequel les journaux d’outre-Manche ont choisi de détourner le regard du fait principal pour insister sur les marges anecdotiques. Au lieu de s’interroger sur la signification d’une telle marée humaine, ils ont préféré ne retenir que les heurts de fin de cortège, quelques bouteilles lancées, vingt-cinq arrestations à la périphérie. Deux poids, deux mesures, dirait-on en Bretagne, où le marin sait que seule la houle dit la force de la tempête, et non l’écume qui se brise aux rochers.

Tommy Robinson, honni par les progressistes, détesté par la classe médiatique, a réussi un tour de force : attirer hors des foyers une population ordinaire, des familles, des drapeaux, une nation qui se redresse. À ses côtés, Éric Zemmour venu de France et, par l’écran, Elon Musk qui fit entendre une voix d’airain. « Que vous choisissiez la violence ou non, la violence vient à vous », déclara-t-il, « il faut résister ou mourir ». Ces paroles, traduites en langage simple, disent ceci : l’histoire a cessé d’être neutre. Richard North, dans Turbulent Times, l’a relevé avec justesse, rappelant qu’à l’instant où l’espérance politique s’efface, les foules deviennent incontrôlables.

Les parallèles abondent. En Europe, les agressions se multiplient contre les populations autochtones, et l’actualité récente nous l’a rappelé avec horreur : dans un train américain, une jeune réfugiée ukrainienne a été tuée à coups de couteau par un agresseur noir, multirécidiviste. Ses derniers mots, d’une brutalité nue, résonnent comme un symbole : « j’ai buté la fille blanche ». Cette scène, d’une ignominie rare, condense le drame de tout un continent.

Aux États-Unis encore, l’assassinat de Charlie Kirk, figure de la droite conservatrice, sous les acclamations obscènes de ses ennemis, a révélé une haine désormais sans masque. La gauche ne se contente plus d’excuser la violence, elle la célèbre quand elle frappe ses adversaires. Elon Musk a trouvé la formule : « le parti du meurtre ».

Ce surgissement populaire de Londres rappelle étrangement la démonstration chartiste de 1848. Le gouvernement victorien, terrifié, fit déployer cavalerie, artillerie et milliers de constables pour bloquer les ponts de la Tamise. L’épisode s’acheva sans effusion de sang, mais il révéla à quel point les élites craignent la multitude lorsqu’elle ose franchir les ponts de l’histoire. Pourtant, l’expérience montre que les foules immenses ne suffisent pas à infléchir le cours des choses. La France en sait quelque chose : la grande marche contre la guerre en Irak en 2003, ou plus récemment la mobilisation contre la réforme des retraites, n’ont en rien infléchi les décisions du pouvoir.

Carl Schmitt l’avait vu : le politique naît toujours de la distinction ami-ennemi. Ernst Jünger ajoutait que les masses cherchent un chef pour dompter le chaos. Moeller van den Bruck annonçait une Troisième Rome qui redonnerait à l’Europe une mission. Quant à Spengler, il prévoyait l’entrée dans l’ère des Césars, où seule la force tranche le destin des civilisations. Ces intuitions convergent vers le même point : quand un peuple voit sa survie menacée, l’ordre ancien se délite et un autre, imprévu, surgit.

Pourtant, aucune marée humaine, si haute soit-elle, ne peut suffire si elle ne se traduit pas dans les urnes. Le tumulte des rues doit se muer en victoire électorale, sans quoi il ne restera qu’un écho de colère, vite dissipé. L’Europe entière, telle une falaise battue par la marée, attend le moment où le roc se brisera. Mais ce jour-là, il faudra qu’une force politique, armée d’un projet clair, saisisse l’occasion. Sans cela, la tempête retombera comme un souffle perdu.

Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées

Crédit photo : DR
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT.

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