Le cancer n’est pas une maladie unique, mais un ensemble de plus de 200 pathologies distinctes. Néanmoins, des progrès notables ont été accomplis : depuis le début des années 1990, le taux de mortalité a diminué d’environ 33 % aux États-Unis grâce au diagnostic précoce, aux traitements ciblés et à l’essor de l’immunothérapie.
En France, on estime à 433 000 le nombre de nouveaux cas diagnostiqués en 2023 et à environ 162 000 décès annuels, selon l’Institut National du Cancer. La mortalité par cancer a baissé de 2,1 % par an chez les hommes et de 0,6 % chez les femmes entre 2011 et 2021. Mais le fardeau mondial reste croissant : on prévoit plus de 29 millions de nouveaux cas en 2040, soit une hausse de plus de 60 % par rapport à 2018, d’après l’Organisation mondiale de la santé.
Face à ces projections, quels espoirs offrent les nouvelles approches thérapeutiques à court et moyen terme ? Voici un tour d’horizon des prédictions pour 2030 et 2040, en mettant l’accent sur les innovations susceptibles de transformer la prise en charge du cancer, en France et dans le monde.
À 5 ans : vers des traitements plus personnalisés d’ici 2030
D’ici 2030, les thérapies anticancer devraient connaître une personnalisation accrue, une détection plus précoce et des traitements moins invasifs. Les experts parlent déjà d’une « ère dorée de l’immunothérapie ».
- Immunothérapie et thérapies cellulaires : Les CAR-T cells de nouvelle génération deviendront plus accessibles, avec des versions off-the-shelf prêtes à l’emploi et même produites in vivo. Elles ouvriront la voie à des traitements contre des cancers solides comme le pancréas ou le mélanome. Les CAR-NK, des cellules natural killer modifiées, émergent comme alternative prometteuse avec moins d’effets toxiques. Les conjugués anticorps-médicament (ADC), véritables missiles thérapeutiques, se multiplient et visent désormais les tumeurs solides, avec des résultats encourageants en essais cliniques.
- Vaccins personnalisés et prévention : Les vaccins à ARN messager progressent rapidement. Le candidat mRNA-4157 de Moderna et Merck, destiné au mélanome, pourrait être approuvé d’ici 2027 après des résultats très positifs en phase 2. Des essais sont également en cours pour des cancers comme le pancréas ou le glioblastome. Côté prévention, un traitement comme l’anastrozole, déjà utilisé contre le cancer du sein, permet de réduire de 50 % le risque chez les femmes à haut risque.
- Diagnostic précoce et intelligence artificielle : Des outils comme Sybil, un algorithme d’IA, peuvent prédire le risque de cancer du poumon jusqu’à six ans à l’avance. Les biopsies liquides, qui analysent l’ADN tumoral dans le sang, détectent déjà jusqu’à 18 types de cancers précoces avec une sensibilité supérieure à 90 %. Dans le même temps, certains traitements deviennent plus simples à administrer : l’atézolizumab, un anticorps utilisé contre plusieurs cancers, peut désormais être injecté en 7 minutes, contre une heure auparavant en perfusion.
- Autres innovations thérapeutiques : La médecine de précision cible désormais des mutations réputées « indruguables », comme KRAS G12D dans le cancer du pancréas. Les thérapies néoadjuvantes, administrées avant chirurgie, permettent déjà d’augmenter les chances de guérison dans des cancers agressifs.
Résultat : de plus en plus de cancers pourraient être transformés en maladies chroniques d’ici 2030. En France, près de 3,8 millions de personnes vivaient déjà en 2018 après un diagnostic de cancer, un chiffre appelé à croître fortement.
À 15 ans : technologies disruptives et cancer comme maladie chronique (horizon 2040)
À l’horizon 2040, l’intégration de technologies comme l’édition génétique, la nanomédecine et l’IA pourrait faire du cancer une maladie largement contrôlable, sinon curable, dans la majorité des cas.
- Édition génétique et thérapies avancées : L’outil CRISPR-Cas9 pourrait réparer certaines mutations responsables de cancers héréditaires comme BRCA1/2. La nanomédecine promet, elle, des nanoparticules capables de cibler et détruire directement les cellules cancéreuses. Enfin, les radiopharmaceutiques alpha pourraient traiter des métastases avancées avec une précision inédite.
- Vaccins et immunothérapie de nouvelle génération : Des vaccins préventifs contre certains cancers liés au tabac, à l’obésité ou au papillomavirus devraient devenir courants. Au Royaume-Uni, un programme de rechercheexplore un vaccin contre le cancer du poumon destiné aux gros fumeurs.
- IA et interception du cancer : L’intelligence artificielle multimodale combinera imagerie, génétique et données cliniques pour anticiper et intercepter les cancers bien avant les symptômes. Des modèles comme AlphaFoldaccélèrent déjà la découverte de nouveaux médicaments.
- Soins globaux et équité : Le cancer pourrait devenir une maladie chronique gérable pour la majorité des patients, avec des thérapies d’entretien prolongées. Le programme américain Cancer Moonshot vise d’ailleurs à réduire de 50 % la mortalité par cancer d’ici 2047, soit 4 millions de décès évités.
Vers une éradication totale du cancer ?
Une éradication complète reste peu probable, car le cancer est une maladie évolutive et adaptative. Mais les progrès en prévention (jusqu’à 50 % des cas évitables) et en traitements précoces pourraient réduire drastiquement la mortalité. En Italie, par exemple, 86 % des personnes vivant avec un cancer en 2018 avaient une espérance de vie comparable à la population générale (AIOM).
Le cancer ne disparaîtra sans doute pas, mais il perdra de sa gravité. Pour la France, les enjeux seront de diffuser ces innovations sur tout le territoire, de renforcer la prévention et d’accompagner les patients vers des vies plus longues et plus saines.
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