Manuel Ostermann, dirigeant du syndicat de police fédéral DPolG en Allemagne : « Les chiffres et les faits sur l’immigration ne mentent pas » [Interview]

Manuel Ostermann est premier vice-président fédéral du syndicat de police fédéral DPolG en Allemagne. Il est également porte-parole pour la politique intérieure de la Junge Union, l’organisation de jeunesse de l’alliance CDU/CSU au pouvoir dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, et expert en matière de sécurité intérieure et de maintien de l’ordre. Notre confrère Zoltán Kottász de The European Conservative s’est entretenu avec lui la semaine dernière à Szeged, en Hongrie, en marge d’une conférence sur le 10e anniversaire de la crise migratoire européenne organisée par le Mathias Corvinus Collegium (MCC) et le Migration Research Institute (MRI).

Traduction par nos soins.

La crise migratoire européenne a commencé avec la Willkommenskultur d’Angela Merkel et sa célèbre phrase Wir schaffen das (« Nous y arriverons »). Dix ans plus tard, qu’a appris l’Allemagne ?

Manuel Ostermann : Tout d’abord, nous savons aujourd’hui – et nous le savions déjà en décembre 2015 – que cette phrase historique n’avait pas grand-chose à voir avec la réalité quotidienne. L’Allemagne se dirigeait vers des défis imprévus. Avec le recul, il faut dire que la chancelière n’a rendu aucun service à la sécurité intérieure ni à la population allemande avec cette décision. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des infrastructures délabrées, des systèmes sociaux surchargés, des charges financières, une criminalité en hausse et une menace islamiste clairement liée à la migration.

Les syndicats de police allemands comptent parmi les détracteurs les plus virulents de l’immigration. Est-ce parce que les agents sont confrontés quotidiennement à ces problèmes ?

Manuel Ostermann : Oui. En tant que syndicat de police, notre principale mission est de protéger le bien-être des agents, et nous voyons ce à quoi ils sont confrontés quotidiennement. En Allemagne, un policier est victime d’un crime toutes les cinq minutes. La violence à l’encontre des agents est monnaie courante. Les crimes violents en général, les agressions sexuelles et les atteintes à la liberté individuelle sont en augmentation. Chaque jour, les agents sortent pour assurer la sécurité des citoyens et, si nécessaire, risquent leur vie pour des inconnus. Ce n’est pas une exagération, c’est la réalité actuelle en Allemagne. C’est pourquoi nous ne pouvons pas rester silencieux. Notre responsabilité est de nous exprimer, car il s’agit en fin de compte de protéger la vie de nos forces de police. En tant que syndicat, nous considérons qu’il est de notre devoir de nous exprimer et de faire preuve de résilience en leur nom.

Dans votre discours, vous avez déclaré qu’il était particulièrement difficile de traiter les délinquants issus de l’immigration. Que montrent les chiffres ?

Manuel Ostermann : Les statistiques sont claires. Selon le rapport fédéral sur la criminalité de 2023, les hommes originaires des principaux pays d’origine des demandeurs d’asile, qui représentent moins de 1 % de la population allemande, ont commis 8 800 infractions sexuelles. Cela représente 24 infractions par jour. Avant 2015, des chiffres de cette ampleur n’existaient tout simplement pas. Nous le constatons également dans la criminalité juvénile et les infractions liées aux armes blanches : les suspects issus de ces milieux représentent près de la moitié de tous les cas. Ignorer ces faits ne fait qu’aggraver les problèmes : division, extrémisme et érosion des libertés collectives. Il est déjà statistiquement prouvé que cette vague migratoire a alimenté la criminalité. Le nier serait irresponsable.

Les politiciens prennent-ils les syndicats de policiers plus au sérieux aujourd’hui qu’il y a dix ans ?

Manuel Ostermann : En 2015 et 2016, personne ne nous écoutait. Nous étions rejetés, ignorés, qualifiés de radicaux de droite. Aujourd’hui, la situation est différente. Notre voix a désormais un réel poids, y compris dans la sphère publique. Nous avons maintenant un ministre fédéral de l’Intérieur qui fait un excellent travail, et nous voyons les choses commencer à bouger, tant dans la politique que dans la société. L’essentiel est désormais de rester sérieux mais clairs dans nos revendications. En fin de compte, il s’agit de l’infrastructure sécuritaire de l’Allemagne, et il ne peut y avoir aucun compromis. Le politiquement correct, qui nous a mis dans cette situation difficile, doit cesser. Les chiffres et les faits ne mentent pas, ils doivent guider l’action.

Pourtant, certains rapports suggèrent que les migrants obtiennent encore trop facilement la nationalité allemande. N’est-ce pas préoccupant ?

Manuel Ostermann : Sous l’ancien gouvernement, nous avions ce qu’on appelait la « naturalisation turbo » : les migrants pouvaient demander un passeport allemand après seulement trois ans. Heureusement, cela a désormais été modifié par la loi, même si celle-ci n’est pas encore en vigueur. Le gouvernement précédent était de gauche et a semé le chaos, pour être honnête, un véritable champ de ruines. Le gouvernement actuel n’est en place que depuis peu, nous devons donc lui laisser un peu de temps, mais au moins, des signes de changement sont visibles. L’un des problèmes de l’Allemagne est sa bureaucratie : jusqu’à cinq autorités différentes peuvent être responsables d’un seul migrant. Ce n’est pas simple. Nous devons de toute urgence rationaliser les procédures. Je suis optimiste quant au fait que nous allons dans la bonne direction, mais si le gouvernement ne tient pas ses promesses, il sera jugé sur ses actions.

Dans quelle mesure les sociaux-démocrates, partenaires minoritaires de la coalition, constituent-ils un obstacle à ces mesures anti-immigration ?

vLe fait que les sociaux-démocrates de gauche tentent sans cesse de bloquer une politique d’asile cohérente et réaliste n’aide certainement pas. Je reste néanmoins convaincu que le ministre de l’Intérieur a la force nécessaire pour riposter. Si le gouvernement ne traite pas cette question de manière décisive, les électeurs se tourneront vers d’autres options, ce qui ne pourra que conduire à la radicalisation et à la division. C’est pourquoi il faut dire clairement aux sociaux-démocrates qu’il n’y a plus de temps à perdre en négociations interminables. Soit nous agissons maintenant dans le respect de l’État de droit, soit les forces radicales prendront le pouvoir. Et personne ne souhaite cela.

La coopération entre la CDU et l’AfD est donc hors de question ?

Manuel Ostermann : Ce n’est pas à moi d’en décider, je ne suis pas un homme politique. Ce que je peux dire, c’est que je ne crois pas à la rhétorique du pare-feu. Je suis un démocrate convaincu. Je n’ai pas besoin d’aimer un parti ou d’être d’accord avec son programme, mais je dois respecter le fait que tout parti démocratiquement élu au parlement a le droit de participer au débat politique. Le nier ne fait que renforcer les extrêmes. La démocratie ne peut pas signifier parler à certains et exclure les autres. En fin de compte, ce sont les électeurs, le peuple, qui décident qui gouverne. Si les partis établis continuent à exclure les autres, cela ne conduira pas à moins de radicalisation, mais à plus. C’est pourquoi j’en appelle à la responsabilité démocratique de chacun.

Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine..

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Une réponse à “Manuel Ostermann, dirigeant du syndicat de police fédéral DPolG en Allemagne : « Les chiffres et les faits sur l’immigration ne mentent pas » [Interview]”

  1. Marie-Pierre Desmarchelier dit :

    Attendez, vous n’avez encore rien vu ! Imaginez l’Allemagne dans 5 ans, dans 10 ans, dans 20 ans …. « Quel sera le sort réservé aux autochtones de souche chrétienne quand ils deviendront minoritaires sur les terres de leurs ancêtres ?  » suivant récit romantique à souhaits mais si troublant « les corps indécents » . Cela concerne aussi la France et tous les pays d’Europe. « Il faudra changer nos bonnes vieilles habitudes pour être acceptés par les nouveaux venus et leur très nombreuse progéniture….ou quitter le pays » Ce récit réaliste l’explique très bien.

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