À six mois des élections municipales et intercommunales de 2026, une enquête Ifop pour Intercommunalités de France dresse un constat implacable : les Français continuent de faire davantage confiance à leurs élus locaux qu’à l’État, tout en exprimant un profond sentiment d’abandon, notamment dans les zones rurales.
La “France des champs” se sent oubliée
Près d’un Français sur deux (37 %) estime que son territoire ne bénéficie pas de l’action des pouvoirs publics. Le chiffre grimpe à 52 % dans les communes rurales, contre seulement 20 % en région parisienne.
Cette fracture territoriale, déjà visible depuis plusieurs années, ne s’est pas atténuée malgré les promesses de « rééquilibrage ». Les habitants des campagnes jugent majoritairement que l’État s’occupe trop de Paris (53 %) et pas assez de leurs propres communes. Ce sentiment transcende les clivages politiques, même s’il atteint un sommet chez les électeurs du Rassemblement national (83 %) ou chez ceux vivant dans les petites intercommunalités.
Rejet massif de l’austérité locale
L’étude révèle également une opposition nette aux coupes budgétaires imposées par le gouvernement : 63 % des Français désapprouvent la baisse de 5,3 milliards d’euros des dotations aux collectivités locales annoncée par François Bayrou.
Cette défiance est d’autant plus forte que les services publics de proximité — notamment la santé — se dégradent.
Ainsi, 61 % des Français estiment que la médecine du quotidien s’est détériorée en dix ans, tout comme 57 % pour les urgences hospitalières.
Malgré leur attachement aux services publics, les Français expriment un dilemme croissant : 47 % préfèrent désormais une baisse des impôts locaux, quitte à réduire certaines prestations, contre 38 % seulement l’an passé. Un basculement révélateur d’une fatigue fiscale dans un pays où la pression des taxes locales reste élevée.
Les maires, dernier rempart de la confiance
Alors que la défiance envers le pouvoir central reste élevée, 68 % des Français font confiance à leur maire pour défendre la cohésion sociale et développer les services publics.
Les présidents d’intercommunalité, longtemps jugés technocratiques, gagnent du terrain avec 57 % de confiance, un bond de dix points depuis 2017. À l’inverse, seuls 22 % font confiance au gouvernement pour bien gérer les finances publiques, et 8 % pour répondre aux besoins du quotidien.
Les élus locaux apparaissent ainsi comme les véritables acteurs de la cohésion territoriale, là où l’État est perçu comme distant, centralisateur et souvent déconnecté.
Une cohésion territoriale à reconstruire
L’enquête met en lumière une vérité simple : la France des communes et intercommunalités reste le cœur battant du pays. Près de 8 Français sur 10 se disent satisfaits de la qualité de vie dans leur commune, et 85 % jugent prioritaire la maîtrise de la dépense publique… mais pas au détriment du lien social.
Face à la tentation de l’austérité et à la concentration du pouvoir à Paris, les Français rappellent leur attachement viscéral à la proximité, au bon sens et à la gestion locale. À l’heure où se profile le scrutin de 2026, la confiance ne se gagne plus dans les palais nationaux, mais sur le terrain, au plus près des réalités quotidiennes.
Étude Ifop pour Intercommunalités de France, réalisée du 10 au 12 septembre 2025 auprès de 2 000 personnes représentatives de la population française adulte
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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