À Carhaix, le combat pour des urgences accessibles à tous, à toute heure, se poursuit. Le 3 novembre prochain, le service d’accueil des urgences du centre hospitalier retrouvera un fonctionnement sans régulation en journée et en semaine, après plus d’un an et demi de restrictions. Une décision annoncée à l’issue d’une réunion du comité de suivi à la préfecture du Finistère, présentée comme un « premier pas » par les autorités… mais jugée encore insuffisante par les défenseurs de l’hôpital.
Une « avancée » obtenue par la mobilisation locale
Concrètement, à partir du 3 novembre, les habitants du Centre-Bretagne pourront de nouveau se rendre librement aux urgences de Carhaix du lundi au vendredi, de 8 h 30 à 17 h, sans passer par la régulation téléphonique du 15. La nuit et le week-end, la procédure d’appel préalable restera en vigueur.
Pour le comité de défense et de développement de l’hôpital, cette évolution est le fruit direct de la mobilisation des habitants, des élus et des associations locales. Ce dernier appelle à la poursuite de la lutte pour une réouverture totale, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Le comité rappelle également que cette mesure concrétise un engagement pris en juin dernier par l’ancien ministre de la Santé, Yannick Neuder. Celui-ci s’était rendu à Carhaix pour promettre une réouverture partielle à l’automne, après des mois de tensions, de fermetures nocturnes et de manifestations dans les rues de la petite cité finistérienne.
Sur le terrain, l’annonce suscite autant d’espoir que de prudence.
Pour les habitants du Centre-Bretagne, l’enjeu dépasse la simple symbolique : dans ce territoire enclavé, où le temps d’accès aux soins peut être long et les effectifs médicaux réduits, la continuité du service d’urgence est considérée comme vitale. Le dernier rapport parlementaire sur les urgences hospitalières a d’ailleurs rappelé le rôle stratégique de ces structures dans les zones rurales.
Des soignants recrutés à la hâte : un risque de fragilité
Mais derrière la communication officielle, des inquiétudes demeurent quant à la qualité réelle des soins. Pour assurer cette réouverture diurne, le CHU de Brest, dont dépend Carhaix, a dû renforcer temporairement ses effectifs. Plusieurs soignants, dont des urgentistes, ont été recrutés dans l’urgence, parfois en mission courte.
Or, dans ce type de configuration, rien ne garantit que les médecins mobilisés soient les plus expérimentés ou les mieux formés à la prise en charge d’urgences complexes. Recruter en dernière minute, souvent via des contrats d’intérim ou des remplacements précaires, expose le service à des aléas de disponibilité et à un risque de rotation rapide du personnel.
Les syndicats hospitaliers rappellent qu’un service d’urgence ne se résume pas à une porte ouverte : il repose sur une équipe stable, un encadrement solide et une cohérence médicale continue, autant d’éléments encore fragiles à Carhaix.
Le comité de suivi a également évoqué plusieurs chantiers censés redonner de l’attractivité à l’hôpital : ouverture d’une IRM fixe prévue pour septembre 2026, extension de l’Ehpad, création d’un internat territorial, et recrutement récent de sept infirmiers et huit aides-soignants.
Ces annonces traduisent une volonté de redynamiser l’offre de soins, mais elles ne masquent pas la réalité : le service d’urgence reste partiellement amputé, et le retour à une permanence complète n’est, à ce jour, ni daté ni garanti.
Pour beaucoup d’habitants, la réouverture partielle du 3 novembre marque certes une étape, mais elle ne saurait être une fin. La mobilisation qui, depuis des années, fait de Carhaix un symbole de résistance face à la désertification médicale, ne s’éteindra pas avec un demi-geste.
Car si l’accès sans régulation en journée représente un progrès concret, il ne répare pas les mois d’attente, les trajets d’urgence vers Brest ou Quimper, ni les drames évités de justesse. Et surtout, il n’efface pas la méfiance grandissante envers un système de santé où les annonces ministérielles tiennent parfois plus du calcul politique que de la planification médicale.
Alors Carhaix rouvrira ses portes en journée à partir du 3 novembre. Mais pour de nombreux habitants, cette victoire ressemble encore à une rustine sur une plaie béante. Tant que l’hôpital ne retrouvera pas un fonctionnement complet, stable et durable, le combat – comme le sentiment d’abandon – continuera.
Urgences de Carhaix : Ce que signifie — et ne signifie pas — la réouverture
Cette réouverture partielle des urgences est une bonne nouvelle, mais il est essentiel d’en comprendre les limites. « Urgences » porte bien son nom : il s’agit de situations urgentes, vitales, imprévues.
Se précipiter à Carhaix pour une gastro, une entorse bénigne, une petite coupure ou un mal de dent relève du mésusage. Ces pathologies relèvent de la médecine de ville. Les patients qui encombrent les urgences pour des motifs mineurs participent eux-mêmes à la saturation du service, à la fatigue du personnel et à la dégradation de la qualité de prise en charge pour les véritables urgences. Malheureusement, c’est aussi à cause de ces comportements que des urgences se retrouvent ensuite régulées.
Il faut également comprendre que la réouverture du service ne signifie pas qu’un arrêt cardiaque, une hémorragie grave ou un traumatisme majeur pourront y être traités sur place. Carhaix n’avait pas, n’a pas, et n’aura pas à court terme, les plateaux techniques ni les services spécialisés nécessaires (réanimation, chirurgie lourde, neurovasculaire, etc.). Dans ces cas, les patients seront systématiquement transférés vers les hôpitaux équipés — principalement Brest ou Quimper — selon les protocoles du SAMU.
Autrement dit : cette réouverture facilite l’accès initial aux soins d’urgence, mais ne transforme pas Carhaix en centre hospitalier de référence. Elle permet d’accueillir, stabiliser, orienter — pas (ou à la marge) d’opérer ou de réanimer.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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