Laurent Obertone : « L’irrévérence et la satire peuvent être Charlie, mais surtout pas Furia » [Interview]

Dans un entretien sans détour accordé à Breizh-info, Laurent Obertone revient sur la décision de la CPPAP de retirer à La Furia son agrément de presse, à la suite d’un simple courrier de SOS Racisme. Une mesure qu’il qualifie de « coup d’État administratif » contre la liberté d’expression.

Pour l’auteur de La France Orange mécanique, cette affaire révèle la mainmise de l’État et des réseaux associatifs sur le paysage médiatique, où seuls les organes « conformes » ont droit de cité.
Obertone dénonce un système verrouillé : « Le pouvoir décide qui peut parler aux masses et qui doit disparaître. »

Face à cette tentative d’asphyxie, il en appelle à la résistance culturelle : à ses yeux, La Furia s’inscrit dans le même combat que Breizh-info, celui d’une reconquête intellectuelle face au monopole idéologique de la gauche.

Ce dernier assume vouloir vivre « uniquement de [ses] lecteurs », quitte à affronter la censure par les seuls abonnements. Pour lui, cette bataille dépasse sa revue : elle symbolise un choix collectif, entre soumission au nouvel ordre moral ou réarmement des esprits.

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Breizh-info.com : Comment interprétez-vous la décision de la CPPAP de retirer votre agrément de presse ?

Laurent Obertone : C’est très révélateur de l’état de la liberté de la presse en France : sans le moindre débat contradictoire, sans la moindre décision judiciaire, après un simple courrier de SOS Racisme, une commission « indépendante » (créée par l’État, nommée par l’État, financée par l’État, agréée par l’État) peut décider de tuer un titre, en le condamnant à la perte d’un grand nombre de points de ventes.
Breizh-info.com : Pensez-vous que la France soit encore un pays où la liberté d’expression existe réellement ?
La preuve vient d’être faite : l’irrévérence et la satire peuvent être Charlie, mais surtout pas Furia. Pas touche à l’ordre moral établi… Au-delà de la simple liberté d’expression (tout le monde a le droit de gueuler dans son jardin), on doit parler du contrôle de cette expression. Aujourd’hui l’État préside entièrement au spectre médiatique, c’est lui qui y régule l’expression autorisée, qui décide que certains peuvent parler aux masses et que d’autres seront bannis du paysage. C’est là le principal vecteur du conditionnement des Français, de l’asservissement de la « démocratie » par ceux qui en contrôlent les grands canaux d’expression. La demande réelle est noyée sous une offre idéologique imposée. À nous de rééquilibrer ce combat inégal, et d’incarner des offres alternatives fortes et crédibles.

Breizh-info.com : Craignez-vous un précédent qui puisse servir à d’autres médias jugés “non conformes” ?

Laurent Obertone : Nous ne sommes qu’une ligne sur la liste : la situation politique du pays est telle que les choses ne peuvent que s’accélérer en ce sens. La gauche a l’habitude de régir toute la production culturelle et médiatique du pays. La situation lui échappe, elle panique. Ces prébendiers entrent dans un combat pour leur survie, et n’en resteront pas là.

Breizh-info.com : Quelle était l’intention réelle derrière la Une « Justice, c’était mieux avant » ?

Laurent Obertone : Faire rire avec une irrévérence non conforme, donc pas de gauche. Le débat sur la peine de mort n’existe pas en France, car le pouvoir a décidé qu’il ne devait plus jamais exister. On nous condamne à du Badinter à perpétuité. Or il semble que ce ne soit pas l’avis des Français. On ouvre donc les sujets qui font mal, tout en essayant d’apporter un peu d’esprit gaulois à une actualité souvent déprimante. La Furia n’est pas le magazine du désespoir et du renoncement, au contraire.

Breizh-info.com : La Furia est souvent accusée de provocation : est-ce une stratégie ou une nécessité pour faire réagir ?

Laurent Obertone : Nous voulons détruire les totems de l’ordre moral dominant, en montrant leur absurdité. Nos lecteurs doivent comprendre que le danger est dans la transmania, la culture de l’excuse ou le « vivre ensemble » forcené, jamais dans le fait de moquer ces idéologies grotesques. Par son habituel chantage à l’extrême droite, par ses intimidations judiciaires et médiatiques, par son incroyable force de censure, l’antiracisme est largement complice du crime, du monstrueux déni qui a permis à l’explosion de « l’insécurité » et la folle immigration de quantité. Tout a été fait pour briser les défenses immunitaires de notre pays. On essaie de remettre les choses à l’endroit.

Breizh-info.com :  Que répondez-vous à ceux qui voient dans votre ligne éditoriale une forme de radicalité “d’extrême droite” ?

Laurent Obertone : J’ai plutôt l’impression que notre ligne reflète une vision très normale, celle qui a toujours eu cours avant les délires idéologiques modernes. On a fait de cette norme « l’extrême droite », mais ce fait ne vient pas de nous. Il y a radicalité dans la mesure où nous ne cherchons aucunement à complaire à la gauche, ou à nous justifier. Nul ne sera jamais assez pur à ses yeux, n’ira jamais assez loin dans le reniement de soi. Pour elle, évidemment, notre existe est inacceptable, nous sommes le mal pur, nous contaminons des dizaines de milliers de lecteurs, et il est légitime et urgent de nous éradiquer. Mais le délire sectaire qui prône notre disparition pour que tout aille mieux, c’est le leur ! Face à cela, nous ne prônons que le réarmement des esprits, et la fermeté morale qui va avec. C’est le devoir de tout homme libre et responsable.

Breizh-info.com : Plusieurs enseignes ont cessé de distribuer votre revue. Comment comptez-vous maintenir votre diffusion ?

Laurent Obertone : Le seul recours pour nous sauver est l’abonnement. On espère que des vendeurs courageux continueront à braver les pressions de la police du rire. Tout repose sur ce chantage. Si on cède, on les renforce. Ils ont exactement le pouvoir de nuisance qu’on leur concède. Donc il faut leur montrer que leurs attaques sont inopérantes, et ne feront que nous enrager.

Breizh-info.com : Avez-vous envisagé de renoncer à toute aide publique afin de garantir une indépendance totale ?

Laurent Obertone : Nous l’avons fait. La première année, notre équipe de diffusion a cru devoir solliciter des aides auxquelles nous avions droit. L’apprenant, nous avons aussitôt décidé de les refuser. Et nous le ferons chaque année. Nous ne voulions vivre que de nos ventes, sans nous vendre à personne. Avec la perte de l’agrément, nous perdons nos tarifs postaux et TVA spéciale. La presse est conçue pour dépendre de l’État – ou de milliardaires, souvent proches du pouvoir. Le problème principal est la perte des points de vente. Nous étions déjà en mode survie, nous entrons dans la phase agonie.

Breizh-info.com : Est-ce que cette polémique a paradoxalement renforcé votre lectorat ?

Laurent Obertone : L’injustice majeure de la situation, SOS Racisme et l’État court-circuitant la justice pour nous éliminer, en plein été, en espérant que personne ne pourra donc réagir, ne peut que mobiliser nos lecteurs. Ils doivent comprendre que c’est eux que la censure vise à travers nous. On veut contrôler leurs rires, leurs idées, leurs lectures. Et surtout, nos lecteurs doivent comprendre que si une telle attaque nous renforce via une pluie d’abonnements, alors ces associations de nuisance ne pourront plus rien contre nous. Peu à peu, leur existence sur le dos des Français – et à notre détriment exclusif – sera insupportable aux yeux de tous. Sans l’État, ces gens ne représentent rien et n’ont qu’une poignée d’adhérents. Donc l’agonie qu’ils nous promettaient deviendra logiquement la leur.

Breizh-info.com : Est-ce que vous considérez que La Furia participe à une reconquête culturelle face à une gauche qui contrôle les institutions médiatiques ?

Laurent Obertone : Absolument, comme Breizh Info le fait depuis des années. Chacun apporte sa pierre, et permet à notre pays désemparé d’accéder à une réelle offre alternative. Le système est menacé, mais il est extrêmement puissant, et se défendra avec force. Beaucoup de choses se joueront là, dans notre résilience, notre capacité à appuyer ce mouvement généralisé d’éveil.

Breizh-info.com : Voyez-vous un parallèle entre votre situation et celle de revues comme Charlie Hebdo dans les années 1980 ?

Laurent Obertone : Peut-être que le comparaison avec le Minute de la grande époque serait plus appropriée. Mais les époques sont très différentes, la situation d’urgence que nous connaissons est totalement inédite. Les choses évoluent très vite, les esprits doivent suivre.

Breizh-info.com : Que diriez-vous à un jeune lecteur qui découvre votre revue au moment où elle est censurée ?

Laurent Obertone : Que s’il est conscient des problèmes de ce pays, il a la responsabilité historique, comme nous tous, de ne pas rester les bras croisés, d’assumer ses opinions, d’agir, de participer à la diffusion d’une pensée libératrice. Agir ne garantit pas de vaincre, mais ne rien faire est l’assurance de continuer à perdre.

Propos recueillis par YV

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Crédit photo : DR

[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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