Longtemps sans solution thérapeutique, la forme sèche de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) pourrait bientôt être partiellement corrigée. Un implant sous-rétinien baptisé Prima, développé en France par l’Institut de la vision (Inserm, CNRS, Sorbonne Université) en collaboration avec la start-up Pixium Vision, a permis à des patients atteints de DMLA atrophique de retrouver une vision centrale fonctionnelle. Les résultats, publiés le 21 octobre dans le New England Journal of Medicine, ouvrent la voie à une avancée majeure.
« L’idée de cet implant est née il y a près de dix ans », a expliqué au Figaro Serge Picaud, directeur de recherche à l’Inserm et directeur de l’Institut de la vision. « Le concept initial a été imaginé par Daniel Palanker, à Stanford. Nous l’avons ensuite convaincu de développer la version clinique de l’implant avec une société française, que nous avons entièrement validée dans nos laboratoires. »
L’implant se présente sous la forme d’une micropuce photovoltaïque de 2 mm de côté, comportant 378 électrodes. Placée sous la rétine, elle fonctionne grâce à une paire de lunettes intelligentes munies d’une caméra et d’un projecteur infrarouge. Les images captées sont converties en signaux lumineux dirigés vers la puce, qui stimule les neurones encore connectés au cerveau. « Contrairement aux anciens implants, celui-ci est totalement sans fil. Cela évite les risques de traction liés aux câbles et raccourcit la durée de la chirurgie », précise Serge Picaud.
Des résultats cliniques prometteurs
L’essai clinique, mené dans 17 centres européens auprès de 38 patients, a livré des résultats spectaculaires : six mois après l’intervention, 81 % des participants avaient gagné l’équivalent d’une dizaine de lettres supplémentaires lues sur les tableaux ophtalmologiques. Après un an, certains ont pu lire des mots ou de courtes phrases.
Mais cette vision artificielle demande une importante rééducation. « C’est un gros travail d’ajustement entre le patient, les orthoptistes et le dispositif. Il faut rééduquer le cerveau, régler la caméra, adapter l’implant. Cela prend du temps et demande une forte motivation », explique Jean-François Korobelnik, professeur d’ophtalmologie au CHU de Bordeaux.
Selon l’étude citée par le magazine par Sciences et Vie le 21 octobre, 27 des 32 patients ayant achevé la rééducation ont retrouvé une lecture autonome, avec une amélioration moyenne de cinq échelons d’acuité visuelle et jusqu’à douze pour l’un d’eux. « Ce n’est pas une vision naturelle, c’est une vision fonctionnelle. Il faut du temps pour s’y adapter », souligne Mahi Muqit, chirurgien au Moorfields Eye Hospital de Londres.
Le témoignage de Sheila Irvine, 75 ans, illustre ces progrès : « Avant, je ne voyais que des ombres noires. Revoir une lettre pour la première fois a été incroyable. J’ai dû réapprendre à lire, mais cela valait chaque effort ».
Un espoir concret pour des millions de patients
Les chercheurs insistent toutefois sur la prudence. « Les patients ne retrouvent pas la vision d’avant. On ne peut pas espérer récupérer ce qu’il y avait avant la DMLA. C’est un progrès, mais pas un miracle », rappelle Jean-François Korobelnik. Les effets indésirables observés (décollements de rétine, hypertension oculaire) ont été rares et transitoires, précise Serge Picaud, qui juge la tolérance « globalement bonne ».
Rachetée récemment par la société américaine Science Corporation, Pixium Vision n’a pas encore annoncé de date de commercialisation. Mais cette technologie française ouvre un nouvel horizon : « Grâce à cet implant, il est possible de restaurer une vision centrale utile chez des patients qui n’avaient plus d’alternative thérapeutique », résume le Pr Korobelnik.
Les chercheurs envisagent désormais d’adapter cette approche à d’autres pathologies, comme la maladie de Stargardt ou la rétinopathie pigmentaire, et de perfectionner la résolution de l’implant pour permettre une vision plus fine, voire en niveaux de gris.
Fruit d’une coopération entre la recherche française et la Stanford University, cette prouesse technologique marque un tournant pour des milliers de malades : elle ne rend pas la vue parfaite, mais redonne un regard.
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