Une enquête Ymanci révèle que, si la transmission de patrimoine alimente le débat public, celle de la culture financière reste un héritage discret mais décisif. Entre prudence héritée, tabou de l’argent et influence des réseaux sociaux, le rapport des Français à l’argent se transforme lentement.
Alors que la France débat de l’héritage matériel et fiscal, une autre forme de transmission, plus silencieuse, façonne les comportements économiques : celle de la culture financière.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’épargne du 31 octobre, le courtier Ymanci publie les résultats de son observatoire du pouvoir d’achat et de l’endettement des ménages, réalisé avec l’institut FLASHS auprès de 2 006 Français.
Un constat s’impose : la prudence domine, mais le tabou de l’argent demeure.
La culture financière, un héritage familial avant tout
Près de sept Français sur dix (69 %) estiment avoir reçu une éducation financière suffisante pour bien gérer leur argent à l’âge adulte.
Mais cette transmission reste avant tout intuitive et familiale : la majorité explique avoir appris en observant leurs parents, plutôt qu’à travers l’école ou des cours dédiés.
Et pour cause : dans l’Hexagone, parler d’argent reste souvent un sujet tabou.
Selon l’étude, 63 % des Français ignoraient le montant des revenus de leurs parents lorsqu’ils étaient enfants. Seuls 37 % grandissaient dans des foyers où l’on abordait librement ces questions — et près d’un quart ne connaissent toujours pas ce chiffre aujourd’hui.
Le culte de la propriété, un réflexe toujours bien ancré
S’il y a bien une valeur qui se transmet, c’est celle de la propriété immobilière.
Près d’un Français sur deux (46 %) affirme que ses parents lui ont inculqué l’idée qu’il fallait devenir propriétaire le plus tôt possible pour sécuriser son avenir.
Un héritage cohérent avec la culture nationale : la France compte 58 % de propriétaires selon le ministère de la Transition écologique, et la pierre demeure le placement préféré des ménages.
Mais cette valeur patrimoniale ne s’accompagne pas toujours d’une véritable pédagogie financière. Pour beaucoup, l’accès à la propriété reste perçu comme un symbole de réussite plus que comme un choix réfléchi d’investissement.
L’argent, un sujet encore genré
Si la majorité des sondés (62 %) estiment que l’argent était abordé de manière équivalente entre hommes et femmes dans leur famille, un déséquilibre persiste :
- 17 % des répondants affirment que les questions d’argent étaient considérées comme un domaine masculin ;
- seuls 7 % estiment qu’elles relevaient plutôt des femmes.
Paradoxalement, les jeunes femmes ont intégré davantage que leurs mères la nécessité d’être autonomes : 68 % déclarent avoir reçu le message de l’indépendance financière, mais 23 % reconnaissent ne jamais y avoir été sensibilisées.
Autrement dit, le discours d’émancipation existe, mais la pratique éducative reste inégale.
La prudence, trait dominant de l’éducation financière française
La moitié des Français (50 %) se décrivent comme prudents dans leur rapport à l’argent, privilégiant la sécurité et l’épargne.
Près de trois sur dix (28 %) se disent sereins, tandis que seuls 6 % se reconnaissent imprudents.
Cependant, 13 % voient l’argent comme une source d’inquiétude, un chiffre qui grimpe à 19 % chez les foyers modestes (revenus inférieurs à 1 300 €).
Les femmes apparaissent légèrement plus concernées par ce stress financier (15 %, contre 10 % des hommes).
Cette anxiété, corrélée au niveau de vie, montre que la stabilité financière reste perçue comme un privilège, non comme une évidence.
Une reproduction des habitudes parentales
Les comportements financiers se transmettent largement de génération en génération :
67 % des Français estiment que leur manière de gérer leur budget ressemble à celle de leurs parents, dont 19 % « complètement ».
Et cette continuité semble bénéfique : 59 % jugent cet héritage positif, évoquant une influence marquée par la prudence et l’épargne régulière.
Seuls 8 % estiment avoir hérité de mauvaises habitudes, comme l’endettement ou les dépenses excessives.
L’étude révèle même une amélioration : la proportion de ménages endettés est divisée par deux entre les générations (15 % chez les parents, 8 % chez les enfants).
L’argent à l’heure des “finfluenceurs”
Les jeunes générations apprennent de moins en moins par imitation familiale, et de plus en plus en ligne.
42 % des Français déclarent avoir consulté des contenus financiers sur Internet — vidéos, podcasts, influenceurs ou blogs.
Chez les 18-34 ans, cette proportion bondit à plus de 70 %, et près d’un jeune sur deux dit avoir déjà pris une décision financière après un contenu en ligne.
Cependant, les conseillers bancaires et courtiers conservent la confiance des générations plus âgées :
- 40 % des 50-64 ans préfèrent consulter un professionnel ;
- 55 % des seniors se fient à leur propre expérience plutôt qu’à Internet.
Ce clivage générationnel illustre une transition culturelle : la finance n’est plus seulement transmise à la table familiale, elle s’apprend désormais sur écran.
Au final, le portrait dressé par Ymanci est celui d’un pays économe, prudent, mais peu formé.
La culture financière française repose davantage sur la reproduction de modèles familiaux que sur une véritable éducation économique.
Et dans un contexte de hausse du coût de la vie et de fiscalité patrimoniale élevée, cette approche intuitive atteint ses limites.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
 
 
 
 
															 
 
															 
 
 
