Docteur en histoire et politologue, Charles Onana s’impose depuis trente ans comme l’un des plus fins connaisseurs des arcanes franco-africaines. Après Holocauste au Congo (L’Artilleur, 2023), il publie, toujours aux éditions l’Artilleur, Quand l’Afrique bascule, une enquête explosive nourrie d’archives classées secret-défense, de témoignages militaires et de documents de l’OTAN. L’auteur y démonte le récit officiel d’un prétendu « sentiment anti-français » en Afrique, qu’il juge instrumentalisé pour masquer des ingérences politiques, des réseaux d’affaires et des erreurs diplomatiques françaises. De la Côte d’Ivoire au Sahel, en passant par le Niger ou la Centrafrique, Onana retrace les dessous d’une politique africaine française à bout de souffle, minée par la corruption, la manipulation médiatique et le cynisme des élites. Un ouvrage qui met en lumière la bascule d’un continent vers la souveraineté… et le naufrage d’une influence française mal assumée.
Breizh-info.com : Votre livre s’ouvre sur une critique du “discours officiel” sur l’Afrique, notamment celui d’un prétendu “sentiment anti-français”. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire Quand l’Afrique bascule ?
Charles Onana : J’ai simplement constaté qu’on mentait allègrement aux Français en leur donnant l’impression que les Africains sont contre eux, qu’ils détestaient la France, qu’ils seraient ingrats, etc. Je fais naturellement allusion ici aux propos tenus publiquement par le président Emmanuel Macron. L’on a aussi entendu certains éditorialistes et hauts responsables politiques prétendre que le président Vladimir Poutine, très détesté dans l’establishment français, était responsable du départ de l’armée française des pays africains, principalement du Mali, de la République Centrafricaine, du Burkina Faso et du Niger. Ce discours complètement erroné a fait prospérer l’idée qu’il n’y aurait en Afrique que des gens qui sont contre la France. Et lorsque le président Macron parle de sentiment anti-français en Afrique, il exprime là une opinion totalement contraire à la réalité. Les Africains, dans une grande partie des pays francophones ne sont pas anti-français, ils ont soutenu le général de Gaulle face aux Nazis de 1940 à 1945 et participé à la libération de la France. Ils ne sont pas non plus contre le peuple français avec qui ils entretiennent des relations d’amitié profonde mais ils sont de plus en plus contre la politique des dirigeants français et du président Macron en particulier. C’est cela la vérité qu’il faut dire aux Français. Il n’est pas juste non plus d’imputer aux Russes le discrédit de la France en Afrique tout comme le départ de l’armée française de ce continent. On peut parfaitement être en désaccord politique avec Vladimir Poutine sans pour autant le rendre responsable de toutes les déconvenues de la France dans le continent africain. Ce livre tente un peu de répondre à ces mensonges tout en incitant les dirigeants français et africains à assumer les uns et les autres leurs responsabilités dans la situation actuelle.
 
charles onana
Breizh-info.com : Pensez-vous que ce mythe du rejet de la France en Afrique a été fabriqué pour masquer des fautes diplomatiques ou des intérêts privés ?
Charles Onana : Incontestablement ! Et ceux qui insistent sur la notion du sentiment anti-français savent bien qu’ils mentent aux Français. Prenons le cas de la Côte d’Ivoire. Ce pays, depuis l’époque du général de Gaulle était considéré comme la vitrine de la réussite française en Afrique. Le premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny fut ministre sous la IVe République et était considéré à gauche mais aussi à droite comme un grand ami de la France. Les Français n’ont jamais eu le moindre problème en Côte d’Ivoire. Qui a brisé l’amitié entre les deux pays et cette fameuse vitrine ? C’est le président Nicolas Sarkozy lorsqu’il a décidé en 2011 d’installer, par la force, son ami personnel Alassane Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire, lequel ami avait perdu l’élection présidentielle face à son adversaire socialiste Laurent Gbagbo. Nicolas Sarkozy, mécontent de l’échec de son ami Ouattara, va utiliser l’armée française pour renverser le vainqueur Laurent Gbagbo en faisant bombarder sa résidence. Il va même s’en réjouir en confiant à des journalistes : « quand je vois le soin que j’ai mis à intervenir en Côte d’Ivoire… On a sorti Laurent Gbagbo, on a installé Alassane Ouattara, sans aucune polémique, sans rien ». Cette satisfaction d’avoir agi en violation de la constitution ivoirienne et de la souveraineté de la Côte d’Ivoire explique le rejet de la politique française en Afrique. Monsieur Sarkozy s’est mêlé d’une affaire qui était exclusivement du ressort des institutions ivoiriennes et s’est par la même occasion opposé frontalement à la volonté et au choix du peuple ivoirien. Cette ingérence grossière dans les affaires intérieures d’un Etat étranger a contribué à donner une image négative de l’armée française en Côte d’Ivoire et a beaucoup discrédité la France dans ce pays où, il faut le souligner, les Français avaient toujours été appréciés et respectés. Le soutien personnel de monsieur Sarkozy à son ami Ouattara n’avait rien d’une quelconque défense des intérêts de la France qui, au demeurant, n’étaient nullement menacés. Cet exemple illustre bien que certains dirigeants français ont pris la défense d’intérêts personnels, bien différents de l’intérêt général des Français. Il est anormal qu’un chef d’Etat recourt ainsi aux moyens de défense de la nation, en l’occurence à l’armée, pour installer son ami au pouvoir dans un pays étranger. Sarkozy aurait dû rendre des comptes à l’Assemblée nationale c’est-à-dire au peuple français mais l’ensemble de la classe politique française s’est couchée devant cet acte indigne à l’exception de Jean-Marie Le Pen et du député de droite Didier Julia. Monsieur Le Pen avait, en son temps, considéré qu’un tel acte déshonorait la France. Il était bien seul à le dire…
Breizh-info.com : Vous citez dans votre ouvrage des notes classées “secret défense” de l’Élysée sous Jacques Chirac, ainsi que des rapports diplomatiques et documents de l’OTAN. Comment avez-vous eu accès à ces archives, et qu’apportent-elles de nouveau à la compréhension des ruptures récentes ?
Charles Onana : Cela fait des années que je travaille presque toujours avec des sources de première main pour éviter des approximations et des analyses fragiles ou superficielles. J’essaye aussi de recourir à des archives déclassifiées ainsi qu’à des archives privées pour approfondir mes réflexions. J’avais eu entre 2006 et 2009 plusieurs confidences et témoignages d’officiers supérieurs de l’armée française ayant pris part à la mission de Côte d’Ivoire. J’ai continué mes recherches jusqu’à obtenir des notes et rapports confidentiels de l’Elysée. J’ai ainsi pu découvrir que le chef d’état-major particulier du président Chirac, le général Georgelin savait que monsieur Ouattara envisageait de renverser le président Laurent Gbagbo avant l’élection présidentielle de 2011. Manifestement, l’Elysée n’a pas cherché à faire obstacle à ce coup de force qui était une menace claire contre les institutions de la Côte d’Ivoire. Je me suis surtout rendu compte que la mort de 9 militaires français en 2004 suite à un bombardement de l’aviation ivoirienne se heurtait encore au mur du silence à Partis. La justice française peine d’ailleurs à obtenir la déclassification de certains documents confidentiels sur la mort de ces militaires et les dirigeants politiques français n’aident pas la justice à faire la lumière sur cette sale affaire qui a également empoisonné les relations entre la Côte d’Ivoire et la France. Ce qui est très grave dans ce dossier est que malgré les promesses du président Chirac, les familles des victimes ne savent toujours pas qui a donné l’ordre de tuer les militaires français en 2004 en Côte d’Ivoire. L’avocat des militaires français, maître Balan a tout fait. Rien ! La loi du silence persiste, la souffrance des familles aussi. Cette affaire et les documents que j’expose éclairent sous un jour nouveau une partie des zones d’ombre qui entourent les relations franco-africaines ainsi que la vision qu’ont les responsables de l’OTAN dans leurs interventions militaires en Afrique.
Breizh-info.com : Certains de ces dossiers concernent des relations financières entre des médias français et des gouvernements africains, notamment Jeune Afrique et la présidence camerounaise. Que montrent exactement ces échanges ?
Charles Onana : J’ai effectivement découvert au cours de mes investigations sur le Cameroun que le régime du président Paul Biya, âgé aujourd’hui de 92 ans et vainqueur de l’élection présidentielle en ce mois d’octobre, dépense beaucoup d’argent pour diffuser une image positive sur son action. Et c’est le magazine Jeune Afrique dont le siège est situé dans le 16e arrondissement de Paris qui, sous prétexte de faire de l’information, sert plutôt d’organe de propagande au régime du président Biya. Pour cela, Jeune Afrique a reçu avant l’élection de 2011 plus de 2 millions d’euros pour propager de fausses nouvelles sur les prétendus progrès du Cameroun alors que de nombreux Camerounais et divers rapports internationaux disent l’exact contraire. En 1982, la CIA avait rédigé un rapport expliquant que le Cameroun était un pays prometteur en Afrique Centrale. Plus de quatre décennies plus tard, il ne semble pas avoir décollé. En découvrant donc ces documents confidentiels sur cette opération financière entre l’ancien secrétaire général de la présidence, Laurent Esso, actuel ministre camerounais de la justice, et les dirigeants de Jeune Afrique, j’ai pu mesurer à quel point l’Afrique était devenue pour certains en France un distributeur de billets de banque. Recevoir autant d’argent pour diffuser des fausses nouvelles en France est non seulement en contradiction totale avec la pratique et l’éthique du journalisme (surtout pour un magazine dit d’informations) mais c’est aussi un soutien non dissimulé au maintien et à la promotion de régimes corrompus et autocratiques en Afrique.
Breizh-info.com : La France se présente comme un acteur de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Vous montrez au contraire que les opérations militaires ont parfois servi d’écran à des logiques économiques ou d’influence. Pouvez-vous détailler un exemple concret ?
Charles Onana : Il y a une vraie lutte pour la conquête et le contrôle des ressources naturelles au Sahel entre la France, les Etats-Unis et la Chine. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Ce que l’on cache aux Français est que le Mali et le Burkina Faso disposent d’importantes réserves d’or, de manganèse, de bauxite ou de minerai de fer et que les plus grandes multinationales anglo-américaines se battent dans ces pays pour y conclure des contrats miniers. Le Niger est, de son côté, un important réservoir d’uranium qui contribue depuis 1967 et surtout après la crise pétrolière de 1973 à la puissance énergétique de la France. Lorsque l’on dit que l’on va lutter contre le terrorisme au Sahel, à aucun moment, on ne fait la moindre allusion ni à l’or ni à l’uranium. On évite aussi de dire que le terrorisme a pris des proportions effrayantes dans cette région à cause du bombardement de la Libye mené par l’OTAN et Nicolas Sarkozy en 2011. En déployant donc des troupes au Mali ou au Niger, c’est aussi une façon de s’assurer que ces ressources minières et énergétiques ne passeront pas dans le camp d’un concurrent ou de l’ennemi, c’est-à-dire de la Chine ou de la Russie. Le Niger est l’exemple le plus frappant puisqu’il est engagé dans la lutte contre le terrorisme à travers le G5 depuis 2014 avec la France et les Etats-Unis, qu’il a bénéficié du soutien logistique de ces deux pays ainsi que l’appui de leurs services de renseignements. Curieusement, le résultat de cette lutte contre le terrorisme s’est révélée inefficace d’après les autorités du Niger.
Après le coup d’Etat survenu au Niger en 2023, le président Macron n’a eu de cesse de critiquer le nouveau régime militaire de ce pays et de demander le retour au pouvoir du président déchu Mohamed Bazoum, dont il se sentait proche. Il a formulé les mêmes critiques à l’égard des régimes militaires du mali et du Burkina Faso dénonçant avec véhémence les coups d’état survenus dans ces pays. Par ces prises de position jugées intempestives, il a mis à mal le G5 Sahel. Exaspéré par ses déclarations, le nouveau chef de l’Etat du Niger, Abdourahamane Tchiani a non seulement exigé le départ de l’armée française de son pays mais son gouvernement a carrément nationalisé l’entreprise minière Somair, filiale de l’entreprise française Areva devenue Orano au Niger. Elle assurait l’exportation de l’uranium en France depuis des décennies. Le 25 septembre 2025, le contentieux économique et minier franco-nigérien, longtemps tabou, éclate au grand jour. Le Premier ministre nigérien Mahaman Lamine Zeine déclare à la tribune de l’ONU qu’en « un demi siècle d’exploitation, l’uranium n’a apporté aux Nigériens que misère, pollution, rébellion, corruption, désolation et aux Français, prospérité et puissance ». On découvre en réalité que derrière la lutte contre le terrorisme, il y a surtout une vraie bataille autour de l’uranium entre la Chine, le Canada, les Etats-Unis et la France dans ce pays. Personne n’avait jusque-là mis cette donnée en avant car parler du terrorisme djihadiste semblait être prioritaire et probablement plus attractif sur le plan médiatique. La course vers l’uranium et d’autres minerais est donc aujourd’hui l’enjeu principal. Et c’est cela que j’ai voulu montrer dans mon livre.
Breizh-info.com : En quoi la politique d’Emmanuel Macron marque-t-elle une rupture ou une continuité avec ses prédécesseurs (Chirac, Sarkozy, Hollande) dans la gestion du Sahel ?
Charles Onana : Emmanuel Macron a plutôt été considéré comme agressif, insolent et irrespectueux, par les nouveaux dirigeants des Etats du Sahel, prenant position dans les affaires intérieures du Mali, du Burkina Faso et du Niger. En qualifiant les dirigeants de ces pays de junte parce qu’ils sont arrivés au pouvoir à la suite de coups d’Etat et en les menaçant de sanctions, le président Macron a manifestement manqué de retenue. C’est une différence essentielle avec certains de ses prédécesseurs et une rupture fondamentale avec Chirac, Mitterrand ou Hollande, qui évitaient de s’exprimer publiquement de façon discourtoise envers leurs homologues africains. Ces derniers ont fini par considérer que le président Emmanuel Macron allait trop loin et qu’en conséquence, il n’y avait plus de raison, dans ces conditions, de poursuivre leurs relations avec la France. Cela n’a été le fait ni de la Russie ni de la Chine. C’est le chef de l’Etat français lui-même qui a mis la France en mauvaise posture par ses déclarations incendiaires et sa politique d’affrontements au Sahel. La réalité est qu’il n’arrive plus à éteindre l’incendie qu’il a déclenché dans ces pays.
Breizh-info.com : Vous affirmez que ni la Russie ni la Chine ne sont à l’origine du rejet de la France, contrairement à ce qu’affirment nombre de diplomates et journalistes. Que révèle cette insistance à désigner Moscou ou Pékin comme boucs émissaires ?
Charles Onana : C’est un choix délibéré pour la facilité. Le bouc-émissaire empêche l’autocritique. C’est aussi la tentation du déni. En travaillant depuis 30 ans sur les archives personnelles de l’ex-empereur de Centrafrique Jean Bedel Bokassa, j’ai découvert que son pays était très riche en diamants et en uranium et qu’à l’époque, le président français Valéry Giscard d’Estaing allait régulièrement faire de la chasse en Centrafrique où il récupérait des défenses d’éléphants après avoir abattu l’animal. Bokassa avait révélé qu’il donnait souvent des diamants de très grande valeur au président français. Ceci m’a été confirmé par plusieurs conseillers de Bokassa et par des documents consultés dans ses archives personnelles. Lorsque Bokassa a été renversé par Giscard d’Estaing en 1979, le président centrafricain dira aux médias français que, sous la présidence de Giscard d’Esataing, des cargos entier d’uranium centrafricain partaient en France sans payer un franc au trésor centrafricain.
En 2007, lorsque Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, il s’est aussi mêlé de la question de l’uranium centrafricain alors qu’un bras de fer opposait déjà le gouvernement centrafricain à l’entreprise française AREVA. Lorsque la crise et les rébellions ont éclaté dans ce pays, personne n’a voulu parler ni des diamants ni de l’uranium. Le seul discours des médias et des politiques était qu’il y avait des affrontements entre chrétiens et musulmans en Centrafrique et que l’armée française devait intervenir pour arrêter l’escalade. A chaque fois, les responsables politiques mettent l’armée française en difficulté sans jamais répondre des conséquences de leurs décisions. Dans le même temps, la Chine, déjà présente dans ce pays, prenait pied dans plusieurs gisements miniers de Centrafrique.
Lorsque François Hollande a décidé du retrait des troupes françaises de Centrafrique, la Russie n’a pas hésité à s’y installer et à apporter au régime centrafricain l’aide nécessaire pour lutter contre l’insécurité dans le pays. Dire donc que c’est la Chine ou la Russie qui ont causé le départ de la France de la République centrafricaine est une contre-vérité.

Breizh-info.com : Peut-on parler d’une “bascule historique” de l’Afrique vers une souveraineté politique assumée, ou d’un simple réajustement pragmatique des alliances ?
Il y a un peu les deux. D’un côté, certains Etats africains tentent de recouvrer une souveraineté pleine et entière. De l’autre, l’urgence sécuritaire les oblige à saisir toutes les opportunités qui s’offrent à eux pour diversifier leurs partenariats et ne pas vivre continuellement avec l’épée de Damoclès de l’instabilité politique et institutionnelle qui peut prendre des allures d’ingérences étrangères.
Breizh-info.com : Vous revenez longuement sur la prise de pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011 et sur le témoignage inédit de Simone Gbagbo. Que vous a révélé cette enquête sur l’implication française dans la chute du président Laurent Gbagbo ?
Charles Onana : Simone Ehivet-Gbagbo a été très affectée par les menaces proférées à l’époque par le président Sarkozy et la suite donnée à ces menaces. Sarkozy leur avait donné, elle et son mari Laurent Gbagbo, 48h pour quitter le pouvoir. Pour Simone Gbagbo, ce délai n’était pas une injonction en vue de négocier mais un compte à rebours cynique avant l’assaut contre la présidence ivoirienne. Pour elle, la Côte d’ivoire a été sacrifiée sur l’autel des intérêts financiers et personnels. Et cela était, selon elle, inacceptable. Elle et son mari vont ainsi choisir de résister, pour la dignité des Ivoiriens et le respect de la souveraineté de leur pays, jusqu’à l’assaut final. Au cours de mon enquête, je suis naturellement tombé sur une note de renseignements que détenaient les militaires de l’état-major français à Paris depuis 2004. On y apprend que monsieur Ouattara était soutenu à cette période par des réseaux politico-financiers franco-américains très influents. S’y trouvent les noms des personnalités comme Berrestford Susan, patronne de la City Bank américaine et de la compagnie Pepsi Cola, Jeter Howard, confident du couple Clinton, Vernon Jordan, avocat et banquier proche de Bill et Hillary Clinton, Robinson Léonard, secrétaire d’Etat adjoint des Etats-Unis chargé de l’Afrique, Jean Claude Trichet, gouverneur de la Banque de France, Jacques de Larosière, ancien directeur de la Banque de France, Nicolas Sarkozy, ministre de l’économie et des finances, Dominique Strauss, ancien ministre de l’économie et des finances de François Mitterrand, Laurent Fabius ancien ministre socialiste de l’économie et des finances et Jacques attali, ancien conseiller de François Mitterrand et banquier. Tous ces individus soutenaient manifestement la prise de pouvoir de monsieur Ouattara en Côte d’Ivoire. En observant le déploiement de ce réseau franco-étatsunien derrière Ouattara, on peut dire sans risque d’erreur qu’il y avait en France comme aux Etats-Unis une réelle volonté d’installer monsieur Ouattara au pouvoir par tous les moyens, y compris les plus discutables. C’est exactement ce qui a été fait par Nicolas Sarkozy mais personne ne veut assumer cette réalité car la Côte d’Ivoire ne parvient toujours ni à se ressouder ni à se stabiliser. Les liens tissés entre Emmanuel Macron et monsieur Ouattara ont permis à ce dernier de briguer ces jours-ci un 4e mandat controversé à l’élection présidentielle à l’âge de 83 ans.
Breizh-info.com : Vous avez vous-même été souvent marginalisé ou censuré dans les grands médias français. Est-ce une conséquence directe de vos enquêtes ?
Charles Onana : Je ne sais pas mais on peut le penser très fortement. Il est incontestable que je mets parfois la lumière là où l’on dissimule quelques affaires d’intérêt général et que je démonte aussi des mensonges souvent bien ficelés. Ceux qui tirent profit de ces mensonges et qui ne veulent pas être démasqués manoeuvrent beaucoup contre moi dans les médias publics et dans certains médias privés. Mes découvertes ne font pas leurs affaires et je le sais. La vraie question est donc de savoir ce qu’il faut faire des preuves et des témoignages parfois exceptionnels que j’obtiens au cours d’une enquête. Dois-je renoncer à les rendre public pour éviter d’être censuré et m’inscrire dans le consensus mou ou les publier au risque d’être mal vu, d’être censuré et dénigré ? Je m’efforce de les publier car je ne m’intéresse qu’aux affaires publiques. En outres, je n’ai jamais de conflit d’intérêt dans mes recherches et j’essaye toujours de dire les choses de la façon la plus honnête et la plus juste possible. Je sais naturellement que l’honnêteté dans la recherche est parfois moins bien récompensée que la falsification des faits ou le mensonge. Ce n’est pas un problème pour moi. Le plus important est que les citoyens sachent et comprennent ce qui se joue quelque fois en leur nom mais qui sert davantage des intérêts personnels qu’ils ignorent.
Avec Quand l’Afrique bascule, quel message souhaitez-vous adresser aux lecteurs français mais aussi aux Africains francophones ? Tout simplement un message de vigilance face à tout ce qu’on leur dit en politique étrangère au sujet de l’Afrique. Il est incontestable que les dirigeants français dissimulent beaucoup de choses sur l’Afrique à leurs concitoyens et que les dirigeants africains font exactement la même chose dans leur pays. C’est bien pour cela qu’ils sont de plus en plus rejetés tant en France que dans plusieurs pays d’Afrique francophone. Les dirigeants africains francophones, qui sont à la tête des pays ayant les plus importantes ressources naturelles (minières et pétrolières) sont rejetés par leurs concitoyens du fait de la corruption, de la gabegie et de la mal gouvernance qui gangrènent leur régime. En clair, l’alliance des affairistes franco-africains au pouvoir s’est faite et continue de se faire sur le dos du peuple français et contre les peuples d’Afrique. C’est ce que je tente de démontrer, preuves à l’appui. Le discours récurrent des dirigeants sur le sentiment anti-français vise donc à masquer cette réalité. La politique est, semble-t-il, un service, pas nécessairement un métier. Ceux qui en font un métier semblent davantage servir leurs intérêts personnels que l’intérêt général tant en France qu’en Afrique. Ce jeu de dupes entraîne plusieurs pays, la France comme les pays africains, à la dérive et brise inutilement des vies humaines. Le délabrement croissant de la France et des Etats francophones d’Afrique n’est donc pas le fait du hasard.
Propos recueillis par YV
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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Une réponse à “Charles Onana : « Le rejet de la France en Afrique n’a rien à voir avec la Russie ni avec la Chine » [Interview]”
Remarquable article et personnage intéressant!
Bravo BI pour cet interview!