Jeudi 30 octobre : « Par 185 voix contre 184, les députés ont adopté le projet de résolution visant la dénonciation de l’accord franco-algérien de 1968, inscrite à l’ordre du jour du RN dans le cadre de sa niche parlementaire. Juridiquement, ce scrutin n’est pas contraignant : Emmanuel Macron peut balayer la demande de l’Assemblée nationale instituant un régime dérogatoire au droit commun des étrangers. » (Le Monde, samedi 1er-dimanche 2-lundi 3 novembre 2025)
Pour obtenir cette majorité, le RN a bénéficié du renfort d’un nombre important de députés Les Républicains (Laurent Wauquiez) et Horizons (Edouard Philippe). Mais également de l’abstention de cinq députés macronistes. Parmi eux Didier Le Gac (Renaissance), député de Brest-Plabennec. Hurlement de Pierre-Yves Cadalen (LFI), député de Brest : « Ce texte xénophobe vise évidemment les Algériens et souhaite raviver les plaies de la guerre d’Algérie. Il est important de préciser que ce vote intervenait après un discours du RN dénonçant tous ceux qui s’opposaient à ce texte comme le parti de l’étranger. Cette expression renvoie clairement à Charles Maurras, et au fascisme des années 1930, Ne pas s’opposer à un tel texte est déjà un problème politique majeur. Après un discours pareil, c’est tout simplement une honte totale. » Rien d’original dans les propos de l’insoumis ; comme son patron Jean-Luc Mélenchon, Cadalen flatte l’électorat immigré. Au fait, combien de Brestois savent qui est Charles Maurras ?
Une piqûre de rappel
Mais il y a plus amusant. En effet Cadalen rappelle dans quelles conditions Le Gac a été réélu en 2024. Le « Front républicain » a bien fonctionné ; il fallait faire « barrage » au Rassemblement national et Le Gac a obtenu de ce fait un score royal. Ce dernier « a bénéficié en 2024 d’un désistement républicain de la part du candidat du Nouveau Front populaire Pierre Smolarz contre le Rassemblement national », souligne Cadalen. « Il ne s’en souvient manifestement pas », regrette Cadalen (Le Télégramme, Brest, vendredi 31 octobre 2025). Effectivement, au premier tour des législatives de 2024, le député sortant Didier Le Gac (Renaissance) arrive en tête avec 38,92 % des exprimés (26 139 voix), mais il est suivi par Martine Donval (RN) avec 27,74 % (18 627 voix) et par Pierre Smolarz (Nouveau Front populaire) avec 26,91 % (18 074 voix). Et là, tout s’arrange pour Le Gac puisque Smolarz annonce tout de suite qu’il se retire pour faire barrage au Rassemblement national : « Je suis la consigne de vote : pas une voix pour le RN, déclare Pierre Smolarz, ému aux larmes. C’est complètement dingue, j’ai 600 voix de moins que Martine Donval qui n’a pas fait campagne. C’est très dur. Mais face à l’urgence, on n’a pas le choix. » (Ouest-France, Finistère, lundi 1er juillet 2024). Au second tour, Didier le Gac est donc réélu facilement : 69,13 % (44 449 voix) contre 30,87 % (19 848 voix) pour Martine Donval. La consigne a été respectée et les électeurs de gauche se sont reportés en masse sur Le Gac : il a progressé de 18 000 suffrages – les électeurs du NFP-, tandis que le RN ne récupérait que 1 000 électeurs supplémentaires. Plein de bons sentiments, Le Gac se dit prêt à collaborer avec tous ceux qui estiment que « le progrès social va de pair avec le progrès économique » (Ouest-France, Finistère, lundi 8 juillet 2024) En réalité, dans les deux cas, les chiffres montrent que la réélection de Didier Le Gac était assurée. Si Smolarz (LFI) s’était maintenu, on avait affaire à une triangulaire et Martine Donval était battue. Si Smolarz (LFI) se retire et appelle à voter pour Le Gac, un duel est obligatoire et Martine Donval est écrabouillée. La messe est dite…
Le patronat (industrie) avait besoin de main-d’œuvre
Le coup de gueule de Pierre-Yves Cadalen nous encourage à aborder une question qui, pourtant, n’a rien à voir avec la Bretagne : l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, signé par deux ministres des Affaires étrangères (Michel Debré et Abdelaziz Bouteflika). Il se trouve que deux députés macronistes (Ensemble pour la République) Charles Rodwell (Yvelines) et Mathieu Lefèvre (Val-de-Marne) ont présenté le 15 octobre un rapport sur le coût de l’accord en question. « Charles, ton rapport est à la fois excellent et effarant », s’est exclamé Emmanuel Macron à l’intention de Charles Rodwell (L’Express, 30 octobre 2025) « “Excellent“, sans doute, puisque, pour la première fois, deux députés ont exploré pendant des mois les moindres détails de cet accord qui offre aux ressortissants algériens des avantages “en cascade“ en matière de circulation, de séjour et d’emploi. “ Effarant “, en prime, puisque ce document d’une centaine de pages nous tend un miroir de nos propres faiblesses et nous renvoie à cette conclusion : rien ne justifie aujourd’hui une telle exception, qui offre aux ressortissants algériens un véritable juridique dérogatoire, et coûte, selon leur estimation [Rodwell et Lefèvre], au moins deux milliards d’euros à la France par an. » (L’Express, 30 octobre 2025). Nous laisserons Charles Rodwell dénoncer « l’aveuglement systémique [d’un] Etat désarmé pour évaluer la portée de ce type d’accord pour nos finances publiques notamment en matière de dépenses sociales » (L’Express, 30 octobre 2025)
Pierre-Yves Cadalen gagnerait à s’interroger sur le pourquoi et le comment de l’immigration algérienne ; on sait que les ressortissants algériens sont 800 000 en France et possèdent une vingtaine de consulats… Est-ce une « honte totale » de rappeler ces deux chiffres ?
Bernard Morvan
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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